Algérie

Brûlures de l'âme 11eme partie


Brûlures de l'âme 11eme partie
Résumé : Nazim se réveillait d'un profond sommeil, lorsqu'il surprit une conversation qui lui glaça les os. Ses s'urs se lamentaient. Nadia, l'aînée, n'en revenait pas. Son frère était si beau. Désormais, il n'avait plus de visage. Le jeune homme reste de marbre et attendit le départ de sa famille avant de méditer sur son sort.
Nazim avait tout entendu' Il avait suivi la conversation les yeux fermés, et tout ce beau monde l'avait cru endormi. Maintenant il connaissait toute la vérité sur son état. En dehors de ses fractures et de ses blessures, il n'avait plus de visage. Plus jamais il ne retrouvera ses traits d'avant' Il deviendra comme ce lépreux de Guy Des Cars, ce lépreux qui devait camoufler son visage sous un sac en jute, car la maladie avait eu raison de lui et il n'avait plus rien à montrer.
Curieusement, il n'avait pas bronché à ces révélations. Il semblait insensible à tout ce qui l'entourait. Parfois on appréhende la vérité, mais dès qu'elle est là, on l'accepte telle une amie du destin. Nazim ressentait plutôt de l'amertume à la pensée de ne plus jamais revoir Feriel. Oh ! il n'aurait jamais accepté qu'elle se sacrifia pour lui. Sa vie n'en valait plus la peine, mais un petit geste de sa part n'aurait pas été de trop.
La reverra-t-il un jour '
Il en doutait. Il avait tout de suite saisi l'ampleur de sa détresse et l'occasion qu'attendaient ses parents pour la détourner de lui. Il savait que même dans le cas où Feriel revenait vers lui, la poigne ferme de sa mère l'en dissuaderait. Il ne lui en voulait pas' Oh ! non, pas du tout. Mais dans l'état où il était, il avait tant besoin d'un réconfort moral. N'entendant aucun bruit dans la chambre, il ouvrit ses yeux et constate que la pièce était plongée dans une pénombre bienfaisante. Le docteur Nabil s'était vraisemblablement retiré dans son bureau. Il reviendra prendre de ses nouvelles dans la journée et Nazim était décidé cette fois-ci à lui faire comprendre qu'il était prêt à accepter son sort et à panser ses blessures.
Telle sera sa vie désormais, il savait que seul le courage, la volonté, et l'abnégation l'aideront à retrouver la voie de la persévérance.
Il porte la main à sa tête. Une migraine le taraudait' Il était exténué par tous les évènements de ces derniers temps.
Il referme les yeux et, paradoxalement, replonge dans un profond sommeil.
Quelques jours passent. Nazim peut enfin s'asseoir, parler et même manger. Il avait longuement discuté de son état avec le docteur Nabil, et ce dernier reconnaît que non seulement son patient était un homme de bon sens, mais aussi doté d'une force de caractère inébranlable.
Lorsque le jeune homme lui avait avoué qu'il avait suivi sa conversation avec ses s'urs de bout en bout et qu'il savait que son visage avait subi des dommages irréversibles, le médecin était demeuré perplexe un bon moment.
Alors qu'il se demandait comment aborder ce sujet avec lui, Nazim l'avait devancé. C'était, certes, une bonne chose pour tous les deux. Car si l'un était condamné à vivre toute sa vie avec un visage mutilé, l'autre appréhendait le moment de vérité. Le moment où il devait retirer les pansements et dévoiler l'entière et triste réalité à son patient.
Nabil regarde son patient et ébauche un sourire :
- Tu me surprends Nazim. Tu me surprends et tu mets fin à mes multiples hésitations et à mes appréhensions.
- Pourquoi docteur ' Qu'appréhendez-vous '
- Eh bien, franchement, je me demandais comment'
- M'avouer la réalité' n'est ce pas '
- Oui. Je me demandais surtout comment tu allais réagir. Je tentais de faire reculer ce moment le plus tard possible, mais le glas a sonné et je dois enlever tes pansements dès demain'. Je ne savais plus quoi faire, ni comment t'y préparer.
- C'est fait docteur. Je suis prêt à accepter ce nouveau visage' enfin, si on peut appeler ces lambeaux de chair qui restent collés à mes os, un visage.
(À suivre)
Y. H.
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