Algérie

Bribes automnales de Leila Bennini (Editions La pensée, 2023)



Bribes automnales de Leila Bennini (Editions La pensée, 2023)

Bribes automnales de Leila Bennini est un recueil de poèmes majoritairement en français (38 textes), en kabyle (04 textes) et en arabe (textes). Edité par les Editions La Pensée, ce recueil est agréablement présenté par Djamel Laceb. Dans ce recueil, la voix change de langue mais sa douleur, sa profondeur et son cri restent eux-mêmes. Le même « je » soupirant invite à ne pas déranger la tristesse de la symphonie qui s’opère dans les poèmes par des mots simples tout au long des cent six pages.
Cent six pages, rassemblant des fragments poétiques joliment réunis sous le titre de Bribes automnales, invitent le lecteur à entendre l’écho d’une voix trilingue, qui chante les douleurs profondes et pudiques en trois langues. La main ayant figuré ces Brides Automnales sur ces pages est celle d’une doctoresse en chimie : Leila Bennini est son nom.
Des Bribes érigées en haut lieu d’un « je » qui cherche, qui questionne, qui chuchote, qui dit sa pudeur gagnée par la douleur de l’âme et la tristesse des mots. Des mots qui se veulent dialogue entre la fille qui cherche et les pigeons qui survolent le départ d’une mère. Des mots simples, très pudiques disant le cri qui cherche à faire accepter la vie d’une étouffée. Cri qui s’élève contre la servitude et l’habitude. Parole d’une voix belle et rebelle, qui dit « non » aux sollicitations égoïstes. Parole rythmée au départ par la vie rêvée, subitement brisée par un acte horrible faisant d’une gazelle un doute et une question sans réponse. Parole d’un « je » suspendu par le hasard du destin et le silence complice. Leila Bennini a su, remarquablement, dire cette parole simple et superbe en deux temps… pardon, je veux dire, en deux tons. L’un joyeux, mis au mode inaccessible, l’autre triste rapidement devenu espace pour un souvenir à vivre comme une condamnation d’une âme sans visage (oui… car le corps de la Gazelle est voulue offrande de l’indicible). Par ces Bribes… le lecteur apercevra cette voix venue des profondeurs de la douleur et qui dit :
Serai-je encore moi ?
Gazelle Ryma ?
Je veux vivre…
La folie du désir a sa fin. La révolte aussi. Semble dire la poétesse par des mots rythmés par les douleurs multilingues de ce « je » sentant l’arrivée de l’automne. Car l’automne attend les choses qui finissent. Car la servitude change de couleur mais pas d’odeur… L’appel de ce « je » sera-t-il entendu ? Car ce « je » souhaite se relever… tenir cette main qui arriverait d’un instant incertain pour empêcher l’effacement et les chants des sirènes de s’accomplir… la falaise est toute proche, certes, mais la beauté et la poésie nourrissent l’espoir. Les métaphores sont plus fortes. La poétesse a raison. Leila Bennini a raison. Elle dit cette beauté par la simplicité de ses mots et le sourire qu’ils provoquent à la lecture de ses vers.
Si toi, lecteur de mes mots, tu ne me crois pas, me considérant exagérer mon propos, lis ces mots, ceux de la Poétesse, ceux de Leila Bennini :
Je m’adoucirai…
Pour être celle dans ton regard,
Que rien ne peut atteindre,
Pour que mon âme imbue de toi
Ne cherche que beauté !
Je cèderai mon armure
Le temps de t’aimer…
(…)
Je reprendrai au destin
Qui m’a fait avatar
Soldat guerrière,
Le droit d’être fée
Dans ton monde animé de couleur.
Et si le temps s’y prêtait,
De mes mains décidées
Je retournerais le sablier infernal.
Dors bien… à la prochaine parenthèse !
Toi, Cher lecteur, je me permets de t’inviter à lire ces Bribes automnales. Tu y verras le poème prendre feu des mots simples. Tu y trouveras les souhaits attendus malgré les deuils renouvelés. Tu y entendras les silences prendre la parole pour se dire en trois langues et dire la profondeur de l’âme.
Je me permets de t’inviter à lire les poèmes de cette Leila qui « attend son Majnun », car ils sont tout simplement beaux… car ils ne sont pas maquillés, ils sont eux-mêmes… car le sublime ne se farde pas. Djamel Laceb a simplement vu juste. Djamel Laceb as tout à fait raison (Tu sais mon cher Djamel, bonne est ma lecture de ce recueil en ce jour du 26 mai 2023 ; j’ose croire qu’elle ressemble à la tienne qui t’a fait écrire cette superbe préface un certain 19 février 2023).
Mohand Akli Salhi
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