Algérie

Brève histoire du temps et du Novelty



Brève histoire du temps et du Novelty
Le Novelty est situé en plein centre d'AlgerAbandonné durant des années, livré à la solitude et aux rongeurs, le Novelty ne tire aucun privilège de sa situation géographique ni de son glorieux passé de prestigieuse enseigne de la ville, la Blanche.Plantée dans le coeur palpitant de la capitale, juste en face de l'APC, la Brasserie sort de son coma avec une timide vocation fast-food. C'est toujours ça de gagné. Même avec un relookage kitch et des odeurs d'huile brûlée. Mais rechute inattendue; l'établissement replonge dans un triste sommeil à rideau fermé. Son mobilier aluminium style pizzeria chich-kebab git sous une couche de poussière.Une petite affiche signée «La Direction» annonce un litige et présente des excuses aux clients. Que sommes-nous loin de l'époque où les stars du cinéma et de la chanson se bousculaient à l'entrée du Novelty vitrine du monde et tremplin au succès.Eddy Constantine et DalidaLa voix rocailleuse de Eddy Constantine avec son accent américain un peu forcé, entouré d'amis et harcelé de journalistes à cette terrasse du «2 Place d'Isly» (aujourd'hui, place Emir-Abdelkader). Chez tous les disquaires de la ville, on s'arrache le 45 tours du chanteur «Cigarette et whisky et p'tites pépées». L'événement est de taille. L'acteur américain qui avait fui les USA pour cause de persécutions par Mac Carthy présentait à Alger son dernier film «Cet homme est dangereux». Nous sommes en 1953.Dans la fraicheur du soir, Eddy Constantine appréciait le rosé de Médéa pour l'accompagnement de son plat de poissons. Radio Alger fait le clin d'oeil à l'acteur en diffusant en boucle le repertoire du chanteur.A l'époque de l'ancien propriétaire, M.Porteilla, dans les années trente, le Novelty était l'enseigne des artistes peintres qui exposaient dans l'arrière-salle et attiraient une foule de consommateurs amateurs d'art. Une affiche datée de novembre 1904 annonce l'expo «dans les salons de la Brasserie Novelty les dernières oeuvres de Etienne Comte».Le Novelty était le centre de gravitation de tous les peintres orientalistes, mais aussi des impressionnistes comme Renoir venu refaire une santé chez son cousin, le maire de La Chiffa dans la banlieue de Blida. Les années cinquante c'était le faste pour le Novelty.La jeune Dalida, vêtue d'une robe noire moulante, légèrement échancrée, se prélassait sur son confortable fauteuil en terrasse. La douceur du soleil printanier d'Alger lui rappelait le climat du Caire.Coccinelle au NoveltyL'offensive des stars mondiales continue par l'arrivée de Coccinelle. Cette blonde explosive fait fantasmer le tout-Paris.La star se fera connaître par le scandale d'une opération chirurgicale à Casablanca pour changer de sexe. Elle devient femme sous l'identité de Charlotte Dufresnoy et prend pour époux un sportif connu.A partir de 1953, elle commence une carrière d'actrice et de travesti au cabaret «Chez Madame Arthur» à Paris. Quand Coccinelle prend place à la Brasserie le Novelty, c'est le délire. Les photos de la vedette à scandale font le tour du monde. Pour Bob Azzam ou Salim el Hlali, le lieu de rendez-vous c'est le Novelty. La salle du fond attire tous les grands noms du haouzi., Soltana Daoud (Reinette l'Oranaise), Iguerbouchene, le pianiste Skandrani.Que du beau monde. En final, la question est de savoir de quel droit un si prestigieux établissement est-il condamné à la fermeture' Le Novelty peut participer à l'embellissement de notre capitale. Il peut offrir des emplois. Il peut se rendre utile pour une meilleure qualité de la vie. Au lieu de ça, il tombe en ruine sous le regard impassible des Algérois, des visiteurs et des élus.


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