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Boualem Titiche
Le 1er décembre 1989, la ghaïta du grand maître de la zorna, Boualem Titiche, avait cessé de faire la joie des fêtes de l'Algérois et de toute l'Algérie. Le zornadji reste à ce jour inégalable.Ving-six ans après sa disparition, on garde toujours l'image de Boualem Titiche soufflant fort sur le bec de cette ghaita héritée de son père Hadj Ahmed (1867-l932) qui l'a, lui-même, initié à cette musique. Il est à rappeler que Hadj Ahmed était déjà classé parmi les meilleurs zornadji de l'époque aux côtés d'El Hadj Ouali, Bouchakchak et Saâdani, mort à Chicago en 1933. Vingt-six ans après, on garde toujours l'image de cet artiste à la chechia stamboul, serwal testifa (plissé) et bediîya (gilet). Le musicien, qui n'avait pas de rival, portait tout le temps, et pas seulement sur la scène, cette belle tenue du véritable Algérois.On l'avait vu devant son ancienne boutique à la place Emir Abdelkader portant cette tenue exceptionnelle. Dès l'âge de 13 ans, le petit Boualem avait réussi à trouver une place dans l'orchestre de son père en tant que joueur de tbiblette (tambourin). Après avoir acquis une bonne maîtrise de tous les instruments à percussion, il apprendra à jouer de la ghaita en rêvant de devenir chef d'orchestre, c'est à dire un vrai zornadji, comme son père. Au début des années 1930, il fréquentera l'association El Mossilia, dirigée par les frères Fekhardji Mohamed et Abderrezak. Cela lui permettra de parfaire ses connaissances en musique andalouse et le distinguera de tous les orchestres. Il faut rappeler que la zorna est l'instrument à vent joué par le chef d'orchestre.Cette musique introduite en Algérie par les Turcs était jouée par les militaires lors des défilés (fanfare). D'origine persane, cet instrument et ce genre de musique qui diffère un peu d'un pays à un autre, se retrouvent dans plusieurs régions d'Europe de l'Est, telles que l'Azerbaïdjan, la Turquie et l'Iran et dans certains pays comme la Syrie. On retrouve aussi cette musique chez les Tsiganes de Roumanie et de Hongrie mais aussi en Grèce, en Chine et en Inde.Aujourd' hui, comme autrefois, la tradition continue et on retrouve des zornadjia à Alger, Blida, Koléa, Medéa et Bejaïa. Dans cette dernière ville, l'orchestre le plus connu est celui de Seddouk. Durant toute sa longue carrière artistique, Boualem Titiche, de son vrai nom Boualem Mansouri, né le 27 Avril 1908 à El Biar, a pu introduire des nouveautés au niveau des rythmes et des mélodies. Le maître avait réussi à populariser cette musique (toujours sans paroles) en introduisant les plus beaux morceaux d'andalou et de chaâbi. Aujourd' hui, les familles d'Alger, de Blida, Miliana et de toute la Mitidja, qui tiennent à la tradition, exigent encore que le cortège de la mariée soit accompagné de zornadjia.


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