BD entre actu, humour et décalage

Alors on vote! C'est par ce slogan lié incontestablement au mois d'avril qu'a décidé la revue Bendir, n°1 de la bande dessinée et du manga en Algérie, de commencer son édito.Le n° 9 qui couvre les deux mois de mars et d'avril est disponible sur les étals de vos marchands de journaux et libraires. Ce qui frappe d'emblée dans la couverture, c'est le changement de mise en page. La page une met en lumière le héros fennecMan, une BD consacrée au super héros algérien et signée par Al Andaloussi. L'épisode 2 de cette histoire (dessin et scénario) en tout cas n'est visible qu'à la fin de la revue. Aussi, l'on découvre une nouvelle rubrique exclusivement consacrée aux adaptations de BD/manga au cinéma, mais aussi une flopée de news liées aux événements manga et BD.Exemple: le président de l'édition 2015 du Festival de la bande dessinée d'Angoulême sera finalement Bill Waterson. Aussi, la sortie en France d'une version «moderne» et «fantastique» du conte La Belle et la bête ou encore la sortie du premier tome Didier Drogba, une BD consacrée à la vie et au parcours du footballeur ivoirien. Aussi, vous pourrez faire connaissance avec des personnalités à travers des portraits singuliers, des reportages inédits dans BD'voyage et en sus, de nombreuses planches de bandes dessinées et de mangas déclinées en langue arabe, notamment Ammi sebti we' jrad.Pour ce nouveau numéro, Bendir vous offre l'interview d'une femme politique pas comme les autres. Il s'agit de Leïla Aslaoui qui possède la double casquette d'ecrivaine qui nous parlera de sa vision des choses et de ses coups de coeur en BD algérienne.Aussi, la revue est accompagnée d'un poster/ cadeau signé par le caricaturiste et néanmoins bédeiste HIC. Ce dernier résume à sa façon, pleine de subtilité, l'après-élection du 17 avril par d'intéressants dessins baptisés The day after. On le retrouve aussi à nouveau dans Journaliste story faisant référence à la liberté de ton de l'homme primitif qui était tout aussi intuitif et observateur...et contre toute attente, le HIC surgit à la fin de la revue avec Mythologiquement vôtre. Mouloud Lab dans un article ayant trait justement à l'élection présidentielle, qualifie avec une pointe de cynisme acéré la plupart de ceux qui se sont présentés pour briguer le poste de prochain premier homme du pays de «candidats caricatures» et ce, en raison de leurs discours ronflants et populistes. Un autre article nous renseigne sur la participation de l'Algérie (édition Daliman, l'éditrice de Bendir, Ndlr) à la 41e édition du Festival international de la bande dessinée qui s'est déroulée du 30 janvier au 2 février à Angoulême. L'humour est fort présent dans cette revue pas comme les autres. Aussi décalé est l'horoscope de Natsu qui a su avec une pointe de dérision et une manière fine et détournée de revoir les astres et de réinventer de nouveaux noms en insufflant même des textes assez rigolos et sympas. L'on s'y croirait presque.Dans la rubrique info, nous apprenons que trois artistes bédeistes algériens aux côtés de six autres de Turquie et du Royaume-Uni ont fait l'objet d'une expo du 5 au 9 février dernier à l'Esplanade de Riadh El Feth dans le cadre de «Reframe», une expo collective soutenue par le Festival international de la bande dessinée d'Alger. Une expo qui s'était déjà déplacée à Londres en octobre 2013. Cet article nous permet de mieux faire connaissance avec ces jeunes bédeistes en herbe. Pour ce numéro, la revue Bendir s'est penchée aussi sur Myazaki et son dernier film d'animation Le vent se lève (nominé aux oscars) tout en revenant sur le carte complexe qui définit ce film... Une surprise celle-là! Ahmed Mimoun qui vient de publier son recueil Les allumés contribue aussi avec ses dessins ici dans Bendir, tout en étant fidèle à son humour déjantée. Aussi, outre un portrait consacré à Ali Farzat, l'homme de Kaci, la revue se termine par une BD appelée Funny Fennek dans Dirty South et signée Amir Cheriti. Des planches, de la couleur, de la vivacité, du rire, de l'actu et bien d'autres choses de quoi faire passer le temps en s'instruisant. Au prix de 180 DA, moi je dis oui.