Algérie

Bachir Messaitfa : «La crise pétrolière durerait jusqu'à 2015»



Bachir Messaitfa : «La crise pétrolière durerait jusqu'à 2015»
La chute des prix du pétrole affecte « fortement » les finances de l'Algérie. La situation impose des mesures d'austérité dans la prochaine loi de finances, déclare l'économiste Bachir Messaitfa à Maghreb Emergent. Il serait question, entre autres mesures, de gel de dépenses «inutiles» et de certains transferts sociaux, mais aussi de réaménagements fiscaux.
Une baisse d'un dollar sur le prix du baril signifie une perte de 450 mille dollars pour l'Algérie, note Bachir Messaitfa, professeur d'économie à l'université d'Alger. Selon lui, les choses vont s'améliorer dans quelques mois grâce à «la demande sur le fioul de chauffage» à l'approche de l'hiver. Mais cette période de reprise sera d'une «courte durée». Les prix vont replonger une fois les «stocks reconstitués».
Selon lui, la «crise pétrolière», devrait perdurer jusqu'à 2015, soit «l'échéance prévue» pour la relance de l'activité industrielle dans les grands pôles économiques. D'ici là, les politiques d'austérités en Europe et le repli des exportations de la Chine et du Japon, sont loin de présager une hausse de la demande sur l'énergie.
Face à des perspectives aussi incertaines, Bachir Messaitfa s'attend à ce que le gouvernement algérien mette en 'uvre une série de «mesures d'austérité», dans la loi de Finances de 2013. Il sera question surtout du gel des «dépenses inutiles» et de «certains transferts sociaux». Il est attendu aussi que l'Exécutif procède à des «aménagements» au niveau du système fiscal, de sorte à faire payer plus d'impôts aux «grands revenus».
TRANSFORMER LES RESERVES DE CHANGE EN ACTIFS REELS
L'économiste suggère, en outre, au gouvernement de «revoir à la baisse» le prix de référence de pétrole dans la prochaine loi de Finances pour réduire les dépenses, notamment celle inhérentes au budget de fonctionnement, soutenues jusqu'ici par la hausse des prix du pétrole, en 2011 et en début de l'année en cours (une moyenne de 120 dollars le baril).
De janvier à juin derniers, les recettes d'exportation des hydrocarbures ont atteint les 37,7 milliards de dollars, rappelle Messitfa, soulignant que cette ressource, qui «prend en otage les équilibres financiers» du pays, est en voie d'épuisement. Selon ses prévisions, la durée de vie «virtuelle» des gisements de pétrole découverts en Algérie est estimée à moins de 30 années.
Pour s'affranchir de la dépendance au pétrole l'Algérie, il estime que l'Algérie devra commencer par la création d'un fonds souverain d'investissement, dont la mission essentielle consiste à «transformer une parties des réserves de changes en des actifs réels à l'intérieur et à l'extérieur du pays». A moyen terme, l'économiste propose de lancer un «grand» plan d'investissement dans les entreprises de production jugées «compétitives».
La baisse des prix du pétrole constatée ces derniers mois a eu pour effet de sortir les institutions en charge de la gestion des affaires économiques du pays de leur mutisme. La Banque centrale a ainsi estimé que les dépenses actuelles de l'Etat sont insoutenables avec un baril à moins de 110 dollars. Le ministre des Finances, karimDjoudi, tout en s'efforçant d'être rassurant, a reconnu que l'économie algérienne est en mauvaise posture. La chute des prix des hydrocarbures ne permet pas à l'Etat de poursuivre sa politique budgétaire «active» qui constitue «le moteur» de l'économie algérienne, a-t-il dit récemment.


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