Algérie

Aurès : touche pas à mon patrimoine



Aurès : touche pas à mon patrimoine
Vestiges romains presque oubliés. Sites archéologiques délaissés ou mal entretenus. A Batna, alors que le patrimoine tombe en ruine, des habitants ont décidé de s'impliquer dans le plus bel héritage que leur a légué l'histoire. L'association les Amis de Medghassen a organisé les 6 et 7 mai un semi-marathon, le Trail des Aurès entre Tkout et le Ghoufi, et une exposition photos d'enfants «Ton regard sur le patrimoine». Des photos que vous pourrez retrouver à Alger* à partir de samedi.
«Un pays qui gère mal son patrimoine comme il le fait n'est pas un pays. Regardez les vestiges uniques dont nous disposons ici dans les Aurès. Ils ne sont malheureusement pas suffisamment mis en valeur, constate Anissa, étudiante à Batna, et originaire d'Arris, à une soixantaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. Nous avons bien une direction du patrimoine, mais elle semble loin des besoins des citoyens et des éventuels et rares touristes étrangers qui visitent notre région.» Le week-end dernier, lors de l'exposition photo organisée par l'association les Amis de Medghassen, des jeunes rencontrés à Timgad confient leur déception : «Malgré le magnifique site dont nous disposons, la ville actuelle de Timgad ne possède qu'un hôtel et une auberge de jeunesse.
N'essayez même pas de rencontrer un responsable du Musée archéologique, il est aux abonnés absents.» Hamid et Soraya, un couple de jeunes mariés originaires d'Oran, rencontrés sur le site de l'antique Thamugadi, restent admiratifs des vestiges laissés par l'Empire romain. «Ici, c'est toute une ville qui nous a été léguée et qui a traversé des siècles et des siècles. Mais il y a peu d'informations concernant son histoire, se désole Hamid. Nous avons peu de guides formés comme chez nos voisins marocains et tunisiens. Beaucoup reste à faire.»
Point de transit
Son épouse Soraya reste surprise de constater qu'en guise de restaurant, à proximité du musée, se trouve une simple gargote. Mais les réactions les plus violentes, quant à la mauvaise gestion du patrimoine aurésien, viennent des Chaouis eux-mêmes. Mohamed, enseignant à la retraite, domicilié à Ichmoul, à une vingtaine de kilomètres d'Arris, et à proximité du mont Chélia, le point culminant de l'Algérie du Nord, est lui, aussi, comme beaucoup d'habitants de la région, très en colère contre les autorités. «Regardez le site du tombeau du Medghassen. Il n'est pas suffisamment mis en valeur.
Il devrait susciter l'intérêt de tous ceux qui viennent séjourner ici à Batna ! A croire que notre wilaya n'est qu'un point de transit avant d'accéder à l'immensité saharienne, par Biskra et les Zibans. J'en veux personnellement à ce gouvernement qui ne cesse de promouvoir la culture islamique à tout vent. Au lieu de chercher à construire une mosquée à Alger qui coûte des milliards, pourquoi n'investit-il pas dans le tourisme une bonne fois pour toutes afin que nous puissions combler notre retard sur le Maroc et la Tunisie ' A croire que c'est à nous autres Chaouis de nous prendre en main pour prendre en charge la richesse de notre patrimoine ancestral.»
Message fort
Pour Hassina, habitante d'Arris, «notre région et riche, mais elle n'est pas mise en valeur. Tout est centré sur Alger et les environs, voire la région Ouest. Nous sommes les enfants pauvres de l'Algérie. Alors que c'est ici même qu'a commencé notre glorieuse révolution de Novembre». Azeddine Guerfi, à travers son association Les Amis de Medghassen, est plus que jamais motivé pour lui redonner de l'éclat : «Nous nous devons de le promouvoir nous-mêmes auprès de tous et déjà auprès de nous-mêmes. Notre association a pris l'initiative de mettre en place des panneaux indiquant à tout automobiliste un site antique, un village avec sa spécialité. Ces panneaux sont visibles sur l'axe Tkout (ou Thkouth) Ghoufi. A travers cela, c'est un message fort que nous adressons aux autorités de notre pays, à commencer par le ministère de la Culture'»


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