Algérie - Revue de Presse

Au lendemain de quatre sondages «déprimants»: Sarkozy cherche à se relancer sur le dos des Algériens



Le clan Sarkozy en campagne était dans le doute, quatre sondages publiés jeudi donnaient la même tendance : le président en titre est en baisse que ce soit pour le premier tour ou le second face au concurrent socialiste, François Hollande.

Le petit «mouvement» en faveur de Sarkozy, observé durant la dernière semaine - effet de l'affaire Merah ? -, s'est arrêté et la tendance au recul est réenclenchée. Le président français qui a outrageusement plagié la candidate du Front national, Marine Le Pen, ne subira probablement pas l'affront d'être distancé par elle, mais il affrontera de très sérieuses difficultés au second tour où les sondages l'ont constamment donné battu.

Dans le clan Sarkozy, la question est de savoir sur quel mode engager la campagne du second tour : poursuivre une campagne sur un mode quasi identique à l'extrême-droite avec son triptyque éprouvé : immigration, sécurité, islamophobie ou mettre le cap vers le centre ? A l'évidence, c'est le choix de continuer à naviguer à l'extrême-droite qui a été fait. Vendredi, au lendemain de ces sondages déprimants, le président français a annoncé qu'une fois réélu, la renégociation des accords passés avec des «pays amis ou voisins», dont l'Algérie, sur l'immigration afin de diviser par deux le nombre d'étrangers autorisés à entrer chaque année en France. «Il faudra (...) sans doute renégocier un certain nombre d'accords avec des pays amis ou voisins, je pense notamment à l'Algérie», a-t-il déclaré.

UN ACCORD CONSTAMMENT NEGOCIE

«Nous imposerons à tous ceux qui veulent venir au titre du regroupement familial ou du mariage avec un Français l'obligation : un, d'avoir un logement, deux, d'avoir un revenu, trois, d'apprendre le français et les valeurs de la République avant d'entrer sur le territoire national». Il y a bien sûr un effet d'annonce. L'accord algéro-français du 27 décembre 1968 relatif aux conditions d'entrée et de séjour des Algériens en France fait l'objet régulièrement de discussions et de négociations entre l'Algérie et la France. Plusieurs avenants y ont été introduits en 1985, en 1994 et en 2001. Cet accord, né dans la foulée des accords d'Evian, place les ressortissants algériens dans une situation plus favorable par rapport aux autres étrangers. Des discussions ont été menées, récemment, mais sans résultat car l'Algérie, en toute logique, ne veut pas d'une remise en cause des droits acquis par les Algériens légalement installés en France. Or, la démarche française n'est pas de réformer l'accord mais de le vider de sa substance. La partie algérienne - qui peut le lui reprocher ? - refuse donc de jouer le jeu en permettant à la partie française de rendre l'accord caduc sans avoir à le dénoncer unilatéralement. Il est évident qu'une telle dénonciation unilatérale est un acte politique qui ne peut qu'avoir un impact négatif sur les relations franco-algériennes.

CINQUANTE ANS APRES…

 Sarkozy veut complaire à un électorat d'extrême-droite dont le « plein » ralliement n'est pas certain au second tour. Il ajoute à cette demande de renégociation une dose anti-algérienne sur le mode connu de «cinquante ans après l'indépendance qu'est-ce qu'ils veulent encore !». Le président français le reprend sur un mode censé être plus «correct» mais le message y est : «Cinquante ans après la décolonisation, il est temps de mettre les choses à plat et de voir comment on peut mieux travailler ensemble et renégocier des accords», a déclaré le président-candidat… Il faut rappeler cependant que l'Algérie a décidé de suspendre l'émigration en 1973 à la suite d'une série d'attentats racistes visant notamment les foyers des travailleurs immigrés. Sur le fond, et apparence, quoi de plus «raisonnable» que de vouloir conclure un accord hors de toute référence à l'histoire… alors que cette immigration est justement le produit de l'histoire. Les « avantages » dont disposent les Algériens en vertu de cet accord n'ont rien d'exorbitant. Et il serait illogique qu'un Etat discute de l'abandon de ces garanties accordées à ses citoyens dans le cadre d'un accord bilatéral… sous le seul prétexte que le temps aurait passé et que cinquante ans après, on pouvait oublier…

Après tout - et cela est aisément démontrable - le statut durable de la France comme premier fournisseur de l'Algérie est, lui aussi, lié à l'histoire. Et contrôler le quart, au moins, du commerce extérieur d'un pays n'est pas loin de ressembler pour certains économistes à une situation dominante de type néocolonial. D'autant que cette domination léonine ne s'accompagne d'aucun investissement substantiel dans quelque secteur d'activités que ce soit. Il serait malvenu - et difficilement compréhensible - que les responsables algériens acceptent de concéder des révisions qui sont dans le droit fil d'une détestable politique anti-immigré. Les quelques droits spécifiques des Algériens en France font partie, eux aussi, d'une histoire qui profite énormément à l'économie française. S'il faut « mettre à plat » des relations très marquées par l'Histoire cinquante ans après l'indépendance, cela ne doit pas se limiter à la remise en cause de droits qui n'ont rien d'abusif et qui touchent au quotidien le plus humain des relations bilatérales.


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