Algérie

«Au Cameroun, chacun veut sa part du gâteau»


«Au Cameroun, chacun veut sa part du gâteau»
Emmanuel (journaliste camerounais) : «Le problème n'est pas les 1 500 euros. Les joueurs ont des comptes en banque gonflés»
«Ils voulaient éviter le scénario de Malabo», affirme un confrère camerounais
Honte à vous Lions du Cameroun ! Honte à ces Lions affamés et insatiables qui ont oublié qu'en Afrique, quand on donne sa parole, on ne revient pas dessus pour 1 500 euros' On aurait pu démarrer cet article de la sorte, en fustigeant les Lions Indomptables à l'envi, sans avoir à justifier notre colère, tellement elle nous semble légitime, tellement on nous a frustrés par cette nouvelle. Car côté algérien, c'est uniquement cela qu'on retiendra de cette défection inattendue des Camerounais. Mais la raison doit l'emporter sur la déception, aussi profonde soit-elle, pour tenter de comprendre les vraies raisons de ce forfait.
Emmanuel (journaliste camerounais) : «Le problème n'est pas les 1 500 euros. Les joueurs ont des comptes en banque gonflés»
En fait, ce sont nos confrères et amis camerounais qui nous ont éclairés quelque peu sur cette histoire abracadabrantesque. Mais eux aussi ne veulent pas tous se mouiller, craignant sans doute la réaction des responsables de la fédération et surtout celle des stars qui composent leur sélection nationale. «Le problème est d'ordre relationnel, nous a dit Emmanuel qui ne veut pas donner son vrai nom, ni celui de l'organe qui l'emploie, par précaution. Il y a une nette cassure entre les joueurs et la fédération, personne ne fait confiance à l'autre, car tout un chacun sait que l'équipe du Cameroun génère beaucoup d'argent et tout le monde veut une part du gâteau toujours plus grande. Ce n'est pas les 1 500 euros évoqués qui allaient les rendre plus riches. Ils ont tous des comptes en banque gonflés», estime notre interlocuteur.
«Ils voulaient éviter le scénario de Malabo», affirme un confrère camerounais
Autre journaliste. Celui-là ne cache pas son identité. Il s'appelle Steeve et travaille, entre autres, pour le site Camfoot.com. Voici la version qu'il donne : «A vrai dire, la relation entre les joueurs et la Fecafoot a refroidi depuis l'élimination de la CAN. Ils avaient joué contre le Congo (3-2) et après le match, la fédération leur a demandé de rejouer le 11 à Malabo, contre la Guinée Equatoriale. Les stars de l'équipe avaient refusé d'enchaîner, à l'instar d'Eto'o. Il y a eu beaucoup d'absents parmi les titulaires. Le match a été joué malgré tout et c'est à partir de là que le problème a éclaté. C'est ce scénario qu'ils voulaient éviter en jouant un troisième match en Algérie.»
Les joueurs savaient depuis longtemps qu'ils avaient trois matchs à jouer
Il est vrai que ce n'est pas aisé de jouer trois matchs amicaux en l'espace de cinq jours, dont le dernier est, de surcroît, dans un pays voisin. Mais ce qu'on n'arrive pas à cerner en Algérie, c'est comment se fait-il que les joueurs camerounais n'aient pas annoncé cela juste en apprenant la programmation du match d'Alger ' Car il n'y a aucun doute que les joueurs aient été mis au courant depuis la signature du contrat entre les deux fédérations et l'organisateur du match. Une question qui restera sans réponse, puisque les dirigeants de la Fecafoot ne voulaient pas se prononcer en dehors du cadre officiel. Prudence, prudence'
«Soyez pros et respectez-nous, on ne peut pas jouer trois matchs en cinq jours !»
L'affaire des primes était en fait la goutte qui a fait déborder le vase. C'est l'avis de Raphaël Nkoa, célèbre animateur radio et télé, aux côtés de Roger Milla. «Les joueurs ont demandé juste du respect. Ils ont dit aux responsables de la fédération : 'Soyez pros et respectez-nous ! Nous ne sommes pas des machines pour jouer trois matchs en cinq jours'. Ils veulent surtout être consultés avant de les engager dans autant de matchs, en si peu de temps. Ils demandent surtout du respect et on peut comprendre qu'ils soient fatigués avec un programme aussi chargé. Ils n'avaient plus l'envie de rejouer un troisième match, c'est clair», tranche Nkoa.
Le problème des primes remonte à 1994, au temps de «Mandela»
Ce problème de prime est en fait «traditionnel» chez les Lions indomptables. Ils l'ont vécu depuis l'époque de Joseph Antoine Bell, qu'on surnommait lors du Mondial de 1994 aux USA, «Mandela» pour ses prises de position rigides lors des négociations. C'est lui qui servait de lien entre les joueurs et la Fecafoot. Après, cela s'est poursuivi avec les générations qui avaient suivi, devenant une vraie solution pour arracher leurs droits.
«Le vrai pouvoir est du côté des stars comme Eto'o
et Song»
A Marrakech, lorsque les joueurs ont été payés, ils sont remontés aussitôt dans leurs chambres faire leurs valises pour rejoindre leurs clubs respectifs. Par principe, dit-on du côté camerounais, les joueurs ne voulaient pas jouer le troisième match. «Non seulement ils n'avaient plus envie, mais en plus, ils voulaient montrer à la fédération que c'est eux qui décideront désormais des matchs à jouer. La Fecafoot va sans doute céder, car le vrai pouvoir est du côté des joueurs. Ce sont eux les acteurs. Surtout avec des stars de la trempe de Samuel Eto'o et Alexandre Song. Une chose est sûre, ça va se compliquer encore plus à l'avenir», assure notre confrère camerounais. Mais pour le moment, c'est le programme d'Halilhodzic qu'ils ont chamboulé.
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