Algérie

Arrivée massive des familles algériennes établies à l’étranger, L’été des retrouvailles




Port d’Alger. Mercredi. Il est 10h30. La rue de la Concorde, jouxtant la sortie principale du port, grouille de monde. Enfants, femmes, hommes, voitures et bagages.

Les agents de police s’affairaient à régler la circulation et dégager au plus vite la sortie. Cette scène est devenue coutumière pour les habitués du boulevard Zighout Youcef surplombant l’infrastructure portuaire de la capitale. Chaque jour ou presque, et ce depuis le début de l’été, des centaines de passagers sortent de l’enceinte portuaire pour écumer le trottoir adjacent, le temps de trouver un moyen de transport. C’est les vacances. Les Algériens vivant notamment en France rentrent au bled pour y passer quelques jours de détente avec leurs proches. A ces derniers s’ajoutent les touristes et les « besenassia » (commerçants) qui partent s’approvisionner en marchandises à Marseille. « Cette année, il y a plus de monde. Nous sommes trop fatigués. Nous travaillons d’arrache-pied depuis des semaines », a déclaré un officier de police. Suant à grosses gouttes, ce dernier ordonne à son collègue d’arrêter la circulation pour permettre aux véhicules sortant du port de quitter l’endroit. Selon notre interlocuteur, deux à trois navires accostent quotidiennement au port d’Alger transportant des centaines de passagers, dont une grande partie sont des immigrés. Aujourd’hui, le premier bateau arrivé est « La Corse » de la compagnie française SNCM. Il a rejoint le quai à 7h30. A 11h00, il y a encore des passagers qui sortent du port. Il s’agit notamment des personnes véhiculées. Dehors, une cinquantaine de personnes sont toujours là. Elles attendent qui un proche, qui un ami qui viendra les récupérer. Assis sur un cabas, Rachid, 26 ans, attend en compagnie de son père l’arrivée de son oncle devant venir les chercher. « Je suis venu pour passer quelques jours de vacances avec ma famille. Cela fait quinze ans que je ne suis pas venu. J’ai hâte de revoir mes proches », dira-t-il avant d’être interrompu pas un chauffeur de taxi qui lui demande s’il avait besoin de transport. « Non ! Merci », lui a répondu Rachid gentiment. Il faut dire que la période estivale constitue une aubaine à ne pas rater pour les « taxieurs ». Les immigrés constituent pour eux des clients privilégiés et une éventuelle source de la devise.

Retrouver la chaleur familiale

Il y a même certains chauffeurs de taxi qui exigent d’être payés en euro. Même les mendiants se sont mis de la partie. Ils ne ratent pas ce genre d’occasions. Au moment où nous continuons notre conversation avec Rachid, une fillette d’à peine 10 ans, une mendiante ayant flairé l’odeur de la devise, essaye de décrocher un à deux euros auprès du père de notre interlocuteur. Les familles algériennes établies en France préfèrent passer leur congé en famille. Rentrer au bled pendant l’été est doublement bénéfique pour elles. « Oui, cela me fait plaisir de rentrer au pays. Cela me permet de rencontrer à nouveau les membres de ma famille. Mes enfants auront également l’occasion de visiter leur propre pays. Ils auront la chance de découvrir et de s’attacher aux coutumes ancestrales », a souligné Kheira, une quadragénaire que nous avons rencontrée en compagnie de son mari, ses deux filles et ses trois garçons. Bagages à la main, la famille attend l’arrivée d’un proche qui les emmènera chez eux à Médéa. « Les enfants ont insisté pour que nous rentrions au bled cette année. Nous n’y sommes pas venus depuis 6 ans », enchaîne le père, Miloud. Ce dernier a voulu parler des lenteurs dans l’accomplissement des formalités au niveau du port. « Nous avons été retardé à l’intérieur. Pour remplir les formalités et faire sortir nos bagages, il nous a fallu deux heures. C’est trop ! », a-t-il lancé. Pour la direction du port, cette doléance est réelle mais le service s’est nettement amélioré. Selon M. Mansouri, chargé de communication au niveau de la direction de l’Entreprise portuaire d’Alger (EPAL), la gare maritime a été rénovée mais elle demeure insuffisante pour accueillir tous les passagers, dont le nombre se multiplie chaque année. « Il nous faut absolument créer une deuxième gare maritime », a précisé M. Mansouri. Il y a, a-t-il ajouté, un projet dans ce sens. « Nous avons pensé à la création de cette deuxième gare depuis que nous avons constaté la surcharge de la première », a-t-il affirmé. Le nombre de passagers, a-t-il indiqué, a augmenté de 214% en 2005 par rapport à 1996 (100%). Que ce soit pour les entrées ou pour les sorties, les services de l’EPAL ont enregistré une nette progression durant les trois dernières années. Les chiffres, selon lui, vont certainement augmenter à la fin de l’année en cours.

 


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