Arbi Kada

Le poète de la passion vertueuse Le destin d’un poète s’illumine d’un verbe pas toujours lisible. Il se construit pour un sens commun où celui qui écoute ouvre son cœur à l’émotion de la «nachoua» de l’âme. Arbi Kada descendant des Ajurado, manieur de mots incisifs, vertueux ou métaphoriques se reconnaît ainsi barde du discours amoureux rappelant la gestuelle hillalienne jusqu’à Nezzar Kebbani. Témouchentois d’origine adopté par la cité verte des Beni Ameur, il grandit entre le Fikh et le melhoun. Son entourage se rend compte que son être bouillonne de versifications. Il sillonne les groupes, participe à des clubs littéraires, déclame. Passant du vers chaâbi à la rime classique, selon l’humeur, selon la muse, la saison de les mawakif. Il nous fait vibrer par des diwans en vrac qui s’étalent et demeurent inédits. Voici quelques extraits, juste pour goûter le nectar. D’abord le Gharnati: «Moi l’andalou en fureur/ fulmine comme le feu/ qui es-tu?/ La patrie ou l’Exil.» Un autre passage melhoun: «En toi, je déclame le sens/ d’abord la beauté arabe puis les louanges mérités/ mon cœur m’est hostile/Sa douceur m’épuise.» Dans «Ma nuit», il poursuit: «La nuit m’atteint et entame mon regard sur toi/m’égaye et dans tes yeux je me baigne/ton océan est profond/ La passion infinie m’engloutit» ... Et enfin «l’Aube» où il poétise ainsi: «Je veille ma nuit à tes côtés/ Sans tristesse/ A l’aube tu te dissipes et ton image, ma bien-aimée, ne me quitte plus/ Mon élan est à son zénith/ Je le rends tout mon saoul/ Nos retrouvailles m’illuminent/Ton absence m’endeuille.» Arbi Kada, derrière son allure d’homme de lettres, montre bien également que le quotidien est une épreuve de l’arc. Il nous dira dans un entretien à propos de la place de la poésie populaire dans la société: «Elle est le phare par lequel se repèrent les joies et les tourments, la vérité ou le mensonge, la vertu ou le vice pour qu’il reste fidèle à sa faiblesse humaine et c’est ce qui la rend plus forte». Actuellement Arbi Kada pense à un récital en élaboration qui rassemblerait l’ensemble de son œuvre pour la joie des mélomanes et des émules du beau vers.