Algérie

Après les événements de samedi à Ouargla


Calme précaire et mobilisation Malgré l?important dispositif sécuritaire déployé à travers les quartiers de Ouargla et sa banlieue et la libération de sept mineurs arrêtés la veille par la police, un climat d?insécurité règne sur la ville où les commerces ont fermé plus tôt que d?habitude et les gens sont rentrés directement chez eux après le travail suite à des agressions contre des voitures à Saïd Otba et dans les artères principales de la ville. C?est le maintien des personnes arrêtées la veille en garde à vue, dont quatre participants au sit-in des chômeurs et signataires de la lettre de revendication adressée aux autorités, ainsi que la poursuite tardive des pourparlers entamés par les notables de Saïd Otba avec la police qui ont continué à nourrir ces agissements violents. Le quartier La Silice qui a été saccagé l?avant-veille par une trentaine de jeunes revient peu à peu au calme. Avec la menace d?une nouvelle descente la veille, les patrouilles de police étaient plus fréquentes dimanche soir et les jeunes du quartier se sont mobilisés gourdins à la main pour dissuader d?éventuels agresseurs tandis que les commerces ont décidé de baisser rideau dès le crépuscule. Durant la même soirée, les mineurs détenus par la police ont été libérés après convocation de leurs parents et l?engagement de ces derniers à surveiller leur progéniture qui a participé dimanche matin au blocage de la route longeant le quartier Saïd Otba suite à l?arrestation de Khoukhi Abderrahmane, organisateur du sit-in des chômeurs de Saïd Otba en début de semaine. Nous apprenons à ce propos que le mandat d?amener lancé contre ce dernier datait du 7 novembre et n?a été exécuté qu?au lendemain des événements de La Silice. La journée du lundi a eu son lot de rebondissements. Le procès de deux jeunes du quartier La Silice qui ont frappé, huit mois plus tôt, deux jeunes de Saïd Otba a ressuscité cette querelle de mariage oubliée. Vu l?absence des plaignants, le juge a reporté le procès à mardi prochain. La salle d?audience du nouveau tribunal était bondée de jeunes de La Silice venus soutenir leur amis détenus depuis huit mois, tandis que les représentants de Saïd Otba étaient absents. La police a, quant à elle, présenté treize jeunes devant le parquet. Au même moment se tenait au siège de la wilaya une réunion extraordinaire de la commission de suivi du dossier de l?emploi présidée par le wali qui a profité de la présence de représentants de la direction générale de l?Agence nationale de l?emploi (ANEM) pour, a-t-il expliqué, crever l?abcès et en finir avec les rassemblements de chômeurs qui font tache d?huile à travers les communes de la wilaya. Le wali n?a pas manqué de lire le rapport de la chef de daïra de Hassi Messaoud expliquant que les chômeurs de cette daïra tiennent des sit-in récurrents pour exprimer leur protestation contre les agissements jugés illégaux des représentants de l?ANEM à Hassi Messaoud, à savoir MM. Khobzi, Amara et Dida auxquels ils reprochent particulièrement de signer des bons d?emploi extra muros au moment où il exprimait à sa tutelle que son cachet rond était perdu et faisait l?objet d?une plainte. Le débat se focalisera ensuite sur la principale revendication des différentes associations locales de chômeurs, à savoir le départ de M. Messaoudi, directeur régional de l?ANEM. Cette réunion a fait ressortir la stigmatisation de ce responsable qui avait divulgué à la veille de la visite présidentielle de 2004 des informations concernant le refus d?une certaine frange de jeunes de regagner les postes qui leur étaient proposés par le bureau de main-d??uvre. Ces informations arrivées à la présidence ont provoqué l?ire des jeunes et ont participé à l?embrasement général à la veille de la visite du président et bien après son départ. Trois ans après, M. Messaoudi, qui était jusqu?à il y a un mois directeur de wilaya de l?ANEM, et promu entre-temps directeur régional de la même institution, est tout simplement persona non grata dans la wilaya de Ouargla. Les représentants des associations de jeunes présents à la réunion ont tenu à exprimer au wali et aux émissaires de la direction générale de l?ANEM « que la rue gagnerait en agitation dans les jours à venir et renouerait avec les émeutes si cette revendication tardait à être satisfaite ». Devant les négociations qui furent longues, la persistance des représentants de l?ANEM à demander des preuves palpables de mauvaise gestion, de pots-de-vin, d?abus de pouvoir, le directeur régional assurant sa volonté de ne pas céder à la pression de la rue, et le wali qui après moult explications s?est dit détenteur de deux braises entre les mains, a fini par cracher que s?il avait le choix entre la sécurité de la wilaya et M. Messaoudi, c?est la première qu?il choisirait clôturant ainsi une réunion de quatre heures.


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