Algérie

Après l’exécution de Saddam Hussein


Des députés demandent la rupture des relations avec l’Irak L’exécution de Saddam Hussein un jour de l’Aïd, censé être celui du pardon, a provoqué une vague d’émotion et de réprobation dans le monde arabo-musulman et dans notre pays. Cette exécution horrible continue de produire des effets chez nous... La dernière réaction, et non des moindres, vient de l’Assemblée nationale où des députés, se disant «profondément outrés et indignés», ont rendu public hier un communiqué dans lequel ils ne demandent ni plus ni moins que la rupture des relations diplomatiques avec le Gouvernement du duo Talabani-Maliki. Les signataires du communiqué, une dizaine, ont commencé par revenir sur la menace de Maliki de rompre les relations diplomatiques avec tous les pays qui ont critiqué la pendaison de Saddam Hussein. «Quand El Maliki menace de rompre les relations diplomatiques (...), il ne fait qu’élargir le fossé que cherchent à créer les Américains et les Israéliens entre les pays arabes et les pays musulmans, et à leur tête l’Iran qui a applaudi l’exécution de Saddam dans une attitude empreinte de revanche communautaire», lit-on dans le document. Cela, ajoutent les signataires, arrive au moment où, dans le monde, «l’heure est au dialogue entre les religions et les civilisations». Pour les députés, la pendaison de Saddam, qu’ils qualifient de «honteuse», porte le sceau du communautarisme étroit et «nous replonge dans les sombres heures de notre histoire ancienne». Et d’en appeler par ailleurs à la responsabilité des sages de la communauté chiite «en ces heures déterminantes pour prendre des initiatives qui vont dans le bon sens, avant d’arriver à l’irréparable». Dans ce cadre, les députés signataires du communiqué demandent aux responsables chiites d’intervenir en urgence auprès du Gouvernement Maliki pour lui demander de surseoir à l’exécution de Barzan Al Tikriti et Bandar Ahmad Aouad, les deux autres condamnés à mort, dans le procès Saddam. Une telle initiative, à savoir la non exécution des deux coaccusés de l’ex-président irakien, est, selon les députés, «de nature à calmer les esprits, à dissiper les doutes». Et si une telle demande n’est pas prise en considération, «pour mettre un terme au processus de purification communautaire dont sont victimes les sunnites d’Irak, nous, signataires du communiqué, demandons au gouvernement algérien de rompre les relations diplomatiques avec le gouvernement Talabani qui n’a pas pu assurer une protection à nos représentants diplomatiques en Irak», y est-il encore écrit. Quand bien même cette initiative reste au niveau du symbolique, au vu du nombre de ses signataires, elle n’en témoigne pas moins de cette vague profonde de dégoût et de réprobation provoquée dans notre pays, tant au niveau de la société que de la classe politique, par l’exécution ignominieuse de l’ancien président Irakien. En fait, la réaction des députés fait suite à celle du gouvernement algérien, aujourd’hui interpellé, qui avait qualifié de «crime politique» la mise à mort de Saddam Hussein. Ont suivi, dans un deuxième temps, les réactions des partis politiques dont le FLN, le MSP, le RND, le RCD, El Islah. Puis le tour de l’UGTA qui a ouvert, samedi, un registre de condoléances à son siège d’Alger et au niveau de toutes les wilayas. Des personnalités, à l’image de Abdelhamid Mehri, Larbi Zoubéiri et Ahmed Ben Naâmane, proches des thèses de la Qawmia, dont Saddam était un défenseur, ont organisé une cérémonie de condoléances à la mémoire de l’ancien maître de Baghdad. Reste à savoir si une telle initiative peut vraiment aboutir à cette rupture. Une chose est néanmoins sûre: cette exécution barbare, transcende les crimes de Saddam et lui confère désormais un statut de martyr qui lui permet de trôner au Panthéon des grands de la nation arabe.


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