Algérie

Après l’assassinat d’un juge


Les magistrats inquiets pour leur sécurité Pourquoi a-t-il fallu que ce soit précisément le président Bouteflika qui réponde aux graves accusations de corruption proférées par le président du MSP, Aboudjerra Soltani? Le président Bouteflika était-il dans son rôle quand il a pris sur lui la responsabilité de saisir la justice pour instruire cette affaire? Et pourquoi la justice ou le parquet ne se sont pas automatiquement saisis de cette affaire? Toutes ces questions demeureront sans réponse tant que l’opacité continue de régner en maître-mot sur les affaires de l’Etat. La seule institution étatique capable de s’autosaisir est l’Observatoire sur la corruption qui n’a pas pour l’instant une existence juridique légale. L’annonce de sa création par le président Bouteflika n’a pas été suivie par la publication au JO d’un décret exécutif. Aussi, et en vertu des prérogatives constitutionnelles qui lui sont dévolues, c’est le chef de l’Etat, qui est aussi le Premier magistrat du pays, et fort habilité à saisir le parquet sur toute infraction ou tout délit mettant en danger la sécurité de l’Etat, qui a sonné la charge et donné le tempo. Or, si les déclarations tonitruantes du leader du MSP ne sont pas de nature à mettre en danger la sécurité du pays ou à ébranler les institutions de l’Etat, que s’est-il donc réellement passé pour que la «dérive verbale» du numéro 1 du MSP atteigne les sommets de l’Etat? Le président Bouteflika avait lui-même annoncé au début de sa mandature détenir une liste de 15 généraux qui détenaient le monopole de la corruption sans pour autant égaler ou dépasser le battage médiatico-politique que cette sortie de Aboudjerra Soltani a créé. Le contexte politique et l’approche des élections législatives ne sont pas les seules raisons de cette «fièvre» qui touche particulièrement certains hommes politiques, réputés pourtant comme étant des «froids calculateurs». Apparemment, il y a, comme dirait l’autre, une anguille sous roche. L’attaque terroriste qui a ciblé spécialement les travailleurs américains de BRC et l’assassinat d’un juge à Annaba, qui était en charge d’enquêter sur une affaire de corruption, ne sont pas des actes isolés. En effet, la simultanéité de ces deux actions prouve si besoin est que la sortie de Aboudjerra Soltani a atteint son but. Il fallait qu’il allume juste la mèche pour qu’elle explose immédiatement quelque part. Pour preuve, le SG du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aïdouni, fait part immédiatement de la menace qui plane sur les magistrats chargés d’instruire les dossiers liés à la corruption. Le juge Bouterfa Mourad, a été le premier à tomber sous les balles assassines de cette mafia politico-financière. On a retrouvé tout près de son corps, complètement mutilé, des documents éparpillés près de la voiture. La victime avait pour mission de traiter des dossiers ayant trait à la corruption et à la dilapidation de deniers publics. En Italie, par exemple, ce pays qui est fortement secoué par des affaires de corruption, les juges chargés de combattre la corruption sont tous dotés de gardes corps payés par les contribuables et dotés de tous les pouvoirs pour enquêter ou chercher la vérité. Ce n’est pas, hélas, le cas en Algérie où le juge est constamment sur un siège éjectable et privé de tous les moyens nécessaires en mesure de faire éclater la vérité. Coïncidence ou hasard du calendrier, trois décrets présidentiels importants visant à moraliser la vie publique et à prémunir les commis de l’Etat et agents publics contre la corruptibilité et toute autre forme d’enrichissement illégal, viennent d’être publiés au Journal officiel. Un des trois décrets fixe la composition, l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC). Cet organe, présenté comme «une autorité administrative indépendante jouissant de la personnalité morale et de l’autonomie financière», est placé sous l’autorité du président de la République. Cet organe, en plus d’un Conseil de veille, est doté d’une direction des analyses et des investigations et est chargé de recueillir périodiquement les déclarations de patrimoine des agents de l’Etat. Ces deux structures ont toute latitude pour faire appel à toutes les compétences, de proposer des actions de prévention contre la corruption et de proposer la modification de textes de loi qui favorisent la corruption. Le Conseil de veille est, quant à lui, chargé de transmettre des dossiers comportant des faits susceptibles de constituer une infraction pénale au ministre de la Justice.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)