Algérie

Anna et ses s?urs au CCF d?Alger


La pièce de théâtre Anna et ses s?urs a été présentée lundi au Centre culturel français d?Alger et le sera encore ce soir. La pièce nous en met plein la figure : tout ce qui s?y déroule rappelle un passé qui ne passe toujours pas et ce présent pesant. Dès l?abord, le metteur en scène, Géraldine Benichou, en fera la genèse. Elle utilisera à dessein les témoignages de sa grand-mère, Anna, juive de Tlemcen, qu?elle « contraindra » à parler. Anna s?est toujours tue sur « son existence algérienne ». L?ayant fait, elle parlera de ses rapports avec les Arabes, pas toujours paisibles, et de cette haine intercommunautaire qui s?est installée à cause de la guerre d?Algérie. Tour à tour, l?actrice, Madeleine Assas, fera sien le destin d?Anna et des femmes qui se sont retrouvées en France pour des raisons différentes. La voix de Gaoua Salah s?est superposée à celle d?Anna avant de finir par s?y confondre. L?acteur qui s?est trouvé sur un fauteuil à bascule, parlera de « ses » douleurs et « ses » pensées. A ces témoignages d?une pied-noie loquace, s?est ajouté celui de beaucoup de « s?urs » avec qui elle partage un destin : celui du départ et des questionnements sur cette terre de France. Ces femmes choisissent le départ souvent sous la contrainte. L?existence les y oblige. Mais la réalité hexagonale est tout autre, on y est confronté, selon elles, à la bureaucratie et aux préjugés. Deux questions sont mises en évidence par l?actrice qui ne se fait pas violence en « s?appropriant » les souffrances des « s?urs » : comment naît-on Français et comment le devient-on ? L?identité est d?être au centre de cette pièce qui pose plus de problèmes qu?elle ne peut en résoudre. Mais est-ce son rôle ? Toutes les s?urs parlent l?histoire personnelle qui se confond avec celle des nations, africaine, asiatique, ou encore celle des anciennes républiques populaires de l?Europe de l?Est. A tous ces témoignages qui « ressassent » souvent des clichés sur le fait migratoire, une complainte essayera d?apporter l?apaisement sans trop y parvenir. Les textes de Idir chantés par Gaoua sont, par moments, « en décalage » avec la « trame » de la pièce. Un aller-retour vers Anna « court » tout au long de la pièce. La fin nous rappelle que cette réalité relatée est très franco-française, mais nous sommes affrontés à elle parce que beaucoup des nôtres veulent être de ce côté-là de la mer sans y parvenir.



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