Algérie

Alors qu’on évoque sa dissolution pure et simple



Le scandale BRC continue La société mixte algéro-américaine, BRC, n’en finit pas de faire parler d’elle après le dernier scandale financier qui a ébranlé sérieusement cette entreprise... Des sources proches du dossier ont affirmé, sous le couvert de l’anonymat, que «l’ensemble des marchés qui la liaient à l’Armée nationale populaire ont été gelés». Des changements ont été opérés récemment à la tête de l’entreprise, puisque Sonatrach, avec l’appui du Centre de recherche nucléaire de Draria (CNRD), y a installé un nouveau P-DG, en la personne de Karim Djebbour, un cadre de Sonatrach, en remplacement de Ould Kaddour, à l’issue de la session ordinaire de son conseil d’administration, tenue à la fin de la semaine écoulée. Cette entreprise, dans laquelle la partie algérienne détient une part de 51% des actions, a également vu le remplacement de deux administrateurs, membres de son conseil, en l’occurrence Benkessirat par Rezaïguia et Ould Kaddour par Hadj Hammou. Le portefeuille de l’actionnariat de BRC est détenu par Sonatrach à hauteur de 40%, de 11% pour le CNRD (Centre de recherche nucléaire de Draria) et de 49% pour KBR. Comme les ennuis ne s’arrêtent pas à un simple limogeage, l’ancien P-DG de la société BRC, Abdelmoumen Ould Kaddour, s’est vu empêcher de quitter, la semaine dernière, le territoire national, au moment de l’embarquement des passagers sur le vol Alger-Rome. L’ancien P-DG aurait été interpellé par les services compétents qui lui ont signifié qu’il ne pouvait pas voyager à l’étranger. Cette entreprise de droit algérien, aujourd’hui au creux de la vague, fait l’objet d’enquêtes de la part de l’inspection générale des Finances (IGF) pour «passation irrégulière de marchés et surfacturations aux ministères de la Défense et de l’Energie». Des contrats ont même été résiliés par certains clients qui attendent le dénouement de cette affaire devant la justice. Car, selon ces mêmes sources, l’affaire BRC devrait atterrir incessamment devant la Justice. L’idée d’une dissolution pure et simple de la compagnie a fait le tour des rédactions alors que d’autres font état du probable lâchage par Sonatrach, principal actionnaire de cette société. Cependant, il est estimé que la position sérieuse et impartiale des décisions de la justice a poussé la compagnie à revoir sa première décision, ses représentants ont été entendus seulement comme «témoins» dans le cadre de l’affaire concernant des projets de Brown & Root Condor en Algérie. Le rapport interne adressé aux différentes autorités concernées indique que la compagnie, leader dans le domaine de la réalisation d’infrastructures, a été victime d’»intimidations», constatées après des visites effectuées par des commissions sur le terrain, soulignant que la compagnie a été ciblée de différentes manières sans toutefois préciser lesquelles. La justice, qui a diligenté des enquêtes au sujet des affaires relatives aux «transactions et contrats décrochés» par le groupe américain, a aussi entendu les représentants de la compagnie mais en tant que témoins. Le responsable du contentieux de la compagnie, lui, a été entendu au sujet de projets réalisés par la compagnie américaine. Plusieurs organismes publics ont pris part à l’élaboration d’un rapport établi sur ces affaires, comme les services des douanes, l’inspection générale des Finances, les services du renseignement, les impôts et enfin l’inspection du Travail. Conséquences de cette mauvaise passe que traverse actuellement cette compagnie: elle est en proie à une cascade de démissions de cadres supérieurs. Ces derniers ont rejoint d’autres compagnies étrangères. Les cadres en question faisaient partie du noyau dur qui a participé à la création de la compagnie, Brown & Root Condor, entre le Centre national des recherches nucléaires, Sonatrach et Kellogg Brown & Root en 1993. Pour rappel, Sonatrach avait confié 27 projets à la société mixte Brown and Root Condor (BRC) pour un montant global de 73 milliards de dinars. Pour l’ensemble de ces projets, le gré à gré a été érigé en règle, en violation du décret présidentiel n°02/250 relatif à la réglementation des marchés publics. Le client principal de BRC a, en effet, signé des contrats clés en main, confiant à la société l’étude du projet, l’acquisition des fournitures, la supervision et la réalisation jusqu’à la réception définitive, sans passer par un avis d’appel d’offres national ou international. Ce sont le plus souvent des sociétés turques qui ont bénéficié de ces marchés en sous-traitance. Il faut dire que la société BRC a souvent eu recours à la sous-traitance en l’absence de qualifications requises. Son rôle se limitait donc à n’être, en fait, que l’intermédiaire avec la société choisie. Pour certains projets, elle s’est octroyé des marges bénéficiaires atteignant les 65% du coût global et les prix multipliés par 20. La piscine olympique, le parachèvement des deux tours du club pétrolier de Zéralda, le réaménagement des villas d’hôtes d’Oran et du Club de tennis ont été ainsi réalisés grâce à ce «subterfuge». Pour la réalisation de la piscine olympique, le contrat est libellé, en partie, en monnaie nationale d’un montant de 62 millions de dinars et une autre partie en dollars. BRC a adressé, le 13 mars 2005, une facture portant le numéro 03/05/PO/02 relative à la fourniture de la structure métallique de la piscine qui se trouve près du siège de SH, d’un montant de 272 millions de dinars. Or, la déclaration d’importation montre que la valeur de ces fournitures ne dépasse pas 50.864.169 DA. L’écart est estimé à 436%. Pour la main-d’œuvre, la surfacturation est de 379%. BRC a justifié ces hausses par la réalisation d’une cafétéria et d’un réservoir à eau. Des justifications qui n’ont pas été du goût des inspecteurs de l’IGF. Si BRC a assuré la formation du personnel d’une unité de déshydratation de gaz, elle s’est octroyée, en revanche, une marge de 368%. Pour la réalisation d’un parking–restaurant au profit de SH, BRC a sous-traité avec une entreprise libanaise et a acquis une marge bénéficiaire de l’ordre de 62%. La réalisation du club pétrolier de Zéralda a coûté 124 millions de dinars. Or, BRC a sous-traité pour une valeur de 644 millions de dinars, soit un écart de 62%. Pour les besoins de la décoration d’une salle de conférences au niveau des deux tours, BRC a exigé 2.461.442,20 euros.
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