Algérie - Arts et Cultures Divers

Algérie - MERIEM MERDACI, DIRECTRICE DES ÉDITIONS DU CHAMP LIBRE, À LIBERTÉ “Penser à une vraie politique du livre pour rehausser le niveau de la lecture”


Algérie - MERIEM MERDACI, DIRECTRICE DES ÉDITIONS DU CHAMP LIBRE, À LIBERTÉ “Penser à une vraie politique du livre pour rehausser le niveau de la lecture”


Rencontrée à l’occasion du dernier Sila (Salon international du livre d’Alger, 26 octobre-5 novembre), Meriem Merdaci, directrice des éditions du Champ libre (maison d’édition basée à Constantine), et élément très actif dans le domaine culturel et livresque dans cette ville de l’Est, revient dans cet entretien sur l’ouverture en partenariat avec l'association culturelle Numidi-Arts, d’espaces de rencontres au profit des lecteurs et l’organisation de conférences-débats et ventes-dédicaces pour le grand bonheur des auteurs.

- Liberté : Constantine, comme toutes les autres villes du pays, connaît un essoufflement quant au livre et à la lecture, mais vous tentez d’y remédier. Pouvez-vous nous parler de votre initiative de redynamisation du secteur?

Meriem Merdaci : Il s’agit de “Houna Qassantina”. C’est le générique de trois espaces et trois modalités de rencontres et d'échanges. L'idée directrice était de parier sur la possibilité de remettre en éveil, en mouvement, le champ culturel constantinois et de permettre à Constantine de reprendre place dans l'espace culturel national. “Houna Qassantina” se décline en trois séquences : “Les Zinzins du Café Riche” – du nom de l'espace qui nous accueille – qui traite à chaque fois un thème différent en rapport, le plus souvent, avec Constantine ; le “Forum Constantinois”, plus ouvert aux échanges académiques, et “Les Rencontres de Constantine” ambitionnant de croiser un itinéraire culturel, artistique avec le public.

- Comment est venue cette idée?

“Houna Qassantina” est né du partenariat entre notre maison d'édition et l'association culturelle Numidi-Arts qui a commencé ses activités au mois de Ramadhan dernier, et qui a repris à la rentrée pour continuer, nous l’espérons, le plus longtemps possible. Cette initiative bénéficie d'un soutien formidable du public constantinois et même d’ailleurs, des médias nationaux et commence à prendre place dans l’espace public et culturel de la ville. Ce qui est à souligner, c’est que cette manifestation s’autofinance et bénéficie de dons de mécènes et de quelques partenaires sur le plan local; nous espérons pouvoir engendrer plus de sponsoring. Notre souhait aussi, c’est de faire effet boule de neige un peu partout en Algérie pour que les citoyens et les entrepreneurs privés puissent investir dans la culture, à condition d’avoir des facilités, notamment administratives et fiscales.

- Les éditions du Champ libre célébreront en 2018 leur dixième anniversaire…

Les éditions du Champ libre marqueront en mars 2018 leurs dix années d'existence; une décennie riche en rencontres, en challenges, dont le plus visible était de faire vivre et reconnaître une maison d'édition hors des chasses gardées algéroises.

Notre domiciliation à Constantine ne tient pas uniquement du fait de mes attaches familiales, mais surtout de la volonté d'ancrer le fait littéraire dans la ville et d'offrir la possibilité à des jeunes Algériens d'être édités. Notre catalogue en atteste, puisqu’il exprime le choix éditorial de promouvoir une littérature algérienne enracinée dans notre société et réfléchissant ses mobilités et ses souffrances ainsi que ses richesses.

- Quel est votre bilan après votre participation au Sila 2017?

Je dirais que notre bilan est plutôt positif si l'on se réfère aux opportunités de contacts, mais sans doute plus réservé quant à son organisation et son incapacité à rénover, à susciter la passion de lire ou à rassembler un public autour du livre. Chaque année nous, les éditeurs, nous soulevons les mêmes problèmes qui ne sont, jusqu’à ce jour, pas du tout résolus.

Des problèmes comme le choix prédéfini de l’emplacement de chaque exposant, la durée trop longue du salon, en notant qu’à partir de cette année, on nous a rajouté deux journées, au lieu de se référer aux normes comme pour d’autres salons où la durée est de 3 jours à une semaine maximum, sans parler des autres problèmes d’ordre logistique. Concernant aussi les thèmes des conférences ainsi que des participants, c’est toujours la même chose. Il faudrait revoir tout cela. Une des propositions que je pourrais donner serait d’intégrer parmi les exposants tous les professionnels du livre, à savoir les imprimeurs, les importateurs de papier, les infographes, les distributeurs et les libraires pour avoir toute la chaîne du livre.

Il faudrait penser à instaurer une vraie politique du livre pour pouvoir rehausser le niveau du livre et de la lecture en Algérie.



Photo: L’éditrice Meriem Merdaci ©D. R.

Entretien réalisé par : Samira Bendris-Oulebsir


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