Sous les voûtes solennelles de l’Assemblée populaire nationale (APN), la séance plénière de ce jeudi a pris des accents de mise en ordre urbaine.
Le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, Abdelkader Djellaoui, y a dressé un chantier de réhabilitation qui dépasse les simples lignes budgétaires pour toucher au vécu quotidien des automobilistes. Devant les députés, M. Djellaoui a assuré que son département «œuvre désormais, de concert avec le ministère de l’Intérieur, les Collectivités locales, les Transports et l’ensemble des walis, à remettre de l’ordre dans ce véritable problème». Une instruction conjointe a d’ores et déjà été envoyée aux exécutifs locaux, leur enjoignant de «réhabiliter les ralentisseurs non conformes selon les standards techniques en vigueur et de retirer purement et simplement ceux installés de façon anarchique».
En effet, derrière les chiffres, les tronçons, les études et les appels d’offres, une réalité s’impose depuis des années. Elle a trait aux ralentisseurs posés sans discernement, surgissant comme des obstacles intempestifs sur les routes nationales et les artères urbaines.
Pour les automobilistes, ces bosses improvisées ont été synonymes de désagréments répétés, de suspensions martyrisées, de trajets hachés et parfois même d’accidents évitables. Une souffrance silencieuse, longtemps reléguée aux marges des politiques publiques, faute de normes appliquées et de contrôle rigoureux. C’est précisément ce que l’Etat entend corriger.
Au cours de la séance, il a également fait le point sur plusieurs grands projets structurants.
Concernant le tunnel d’Oued El Oukrif à Saïda, il a rappelé que le chantier avait connu des blocages persistants en raison de «l’immaturité des études techniques initiales depuis son lancement en 2014». Pour relancer l’opération, un nouveau cahier des charges a été élaboré, découpé en «quatre quotas» afin de faciliter son exécution progressive.
Sur la RN 17, reliant Mostaganem aux limites de Mascara, les études ont été menées pour anticiper «la densité du trafic», notamment autour des zones industrielles et agglomérations majeures, telles que Mazagran, Hassi Mameche et Aïn Nouissy. Il sera proposé que la réalisation se fasse «par tronçons», au rythme des prochaines lois de finances et en fonction des moyens mobilisables.
- DE NOUVEAUX PONTS ET ROUTES ANNONCéS
La loi de finances 2026 a, par ailleurs, intégré les deux ponts longuement attendus à Boumerdès. Il s’agit de celui entre Sidi Daoud et Ben Choud, ainsi qu’un autre reliant Legata aux Issers.
Dans la région de Djelfa, deux opérations ont été inscrites pour concrétiser le pont de l’Oued Djedi, destiné à améliorer les connexions entre Amoura et Ras El Miaad, et plus largement entre Djelfa et Ouled Djellal.
Quant au vaste chantier de dédoublement des routes autour de Mila, le ministre a détaillé l’état d’avancement: «L’étude du tronçon de 31,7 km reliant les limites de Constantine à celles de Jijel a été finalisée, tandis qu’un premier segment de 8,3 km a été inscrit dans la loi de finances 2026. Là encore, la prise en charge se fera par tronçons en fonction des priorités établies pour chaque wilaya.
Ainsi, derrière l’apparente technicité des dossiers, une ligne directrice se dessine, prévoyant de structurer, sécuriser et d’assainir le réseau routier national.»
Et si la normalisation des ralentisseurs peut sembler un geste modeste au regard des tunnels, ponts et rocades annoncés, c’est sans doute l’une des mesures les plus immédiatement perceptibles pour les citoyens.
Après des années où les ralentisseurs anarchiques ont incarné une forme de négligence urbaine, l’intervention annoncée par le ministre Djellaoui apparaît comme une action ciblée, opportune et symbolique. Une manière d’éliminer l’un des méfaits quotidiens de nos routes, tout en redonnant au service public routier une cohérence attendue depuis longtemps.
- CE QUE DIT LA RÉGLEMENTATION
La réalisation des ralentisseurs en Algérie est strictement encadrée par la loi, même si cette réglementation est souvent ignorée sur le terrain. Le décret exécutif n° 05499 du 29 décembre 2005 définit les conditions générales de mise en place et d’implantation des ralentisseurs. Il est complété par l’arrêté du 9 avril 2006, qui fixe les prescriptions techniques, notamment la forme, les dimensions, les matériaux et la signalisation obligatoire.
Un arrêté interministériel de 2007 précise que «tout ralentisseur doit être autorisé par le wali territorialement compétent et intégré dans un schéma d’aménagement global, en dernier recours pour garantir la sécurité routière». Les dispositifs doivent être réalisés en béton bitumineux ou hydraulique, accompagnés d’une signalisation claire (panneaux avertisseurs et marquage au sol).
Ces normes existent pour protéger les usagers et leurs véhicules, mais leur non-respect reste fréquent. En effet, des ralentisseurs installés sans autorisation ou hors normes causent souvent des dégâts et des désagréments, illustrent l’écart entre la réglementation et la réalité du terrain.
La récente opération de mise en conformité annoncée par le ministre Djellaoui vise précisément à corriger ces dérives, assurant sécurité et fluidité sur les routes nationales et urbaines.
Photo d'illustration. El Watan
M. F. Gaïdi
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Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : M. F. Gaïdi
Source : elwatan.dz du samedi 6 Décembre 2025