Algérie

Aïn Témouchent : Saïd Benmohamed, l'altruiste hors norme Actu Ouest : les autres articles



Bien qu'il endure le dénuement, et que cela devrait le faire replier sur lui-même, il trouve le moyen de donner aux autres.
On l'appelle Saïd «Ejardinier». Mais cet homme de 42 ans est plus qu'un prénom accolé à une qualification. Timide jusqu'à la gaucherie, il est un personnage hors norme. D'abord, il n'est pas vraiment jardinier. Il l'est depuis 2008 exactement où il a commencé à émarger au filet social. Il avait dû faire la preuve devant une commission de la maison de l'artisanat qu'il pouvait occuper un tel emploi. Celle-ci lui a ainsi délivré une attestation pour justifier son recrutement. De la sorte, il a été mis à la disposition successivement de plusieurs administrations. Son dernier point de chute est la nouvelle maison de la culture où nous l'avons trouvé à faire du désherbage.
Mais auparavant, c'est tout autre chose que Saïd Benohammed taillait, car il est coiffeur de métier. Il l'a été depuis le jour où son défunt vieux père l'avait placé chez un coiffeur comme apprenti. Il avait 17/18 ans et c'était en 1987. Pourquoi alors a-t-il quitté un emploi stable et un métier qu'il maîtrise pour un emploi aussi précaire ' C'est qu'il était dans davantage de précarité. Maintenant, il gagne tout autant qu'auparavant, soit un maigre salaire mensuel de 5 500 DA, mais avec l'appréciable avantage de bénéficier enfin d'une couverture sociale. Les frais médicaux pour son épouse, sa vieille maman et ses deux enfants sont maintenant pris en charge par la CNAS.
Donner aux autres
Mais faut-il alors ranger Saïd au rang de ces milliers de jeunes qui émargent au titre du DAIP, eux à raison de 12 000 DA par mois ' Ce serait une injustice car il est l'antithèse de l'écrasante majorité d'entre eux qui refusent d'accomplir en contrepartie une quelconque tâche au profit de la collectivité. Eux considèrent que c'est leur part de la rente pétrolière ou encore le cadeau du Président de la république. Saïd Ben Mohamed, lui, accomplit 8 h de travail par jour. Cependant, ce n'est pas cette méchante comparaison avec les jeunes du DAIP qui caractérise Saïd. Car bien qu'il endure le dénuement, et que cela devrait le faire replier sur lui-même, il trouve le moyen de donner aux autres. Ainsi, à ses moments perdus, il vient en aide à ceux qui sont dans la détresse morale et psychologique.
Son matériel de coiffure en main, il se rend régulièrement dans les deux hôpitaux de la ville pour coiffer gratuitement les malades. Parfois, on vient le chercher chez lui. Cela n'a l'air de rien, mais cela requinque au plus haut point un malade que de se refaire la tignasse et reprendre figure des bons jours. Cela aide à les rétablir. Dans ses tournées, Saïd n'oublie surtout pas de rendre visite aux personnes âgées de l'hospice ainsi qu'aux grabataires rivés aux quatre murs de leurs maisons, les coiffer et leur faire, à eux aussi, la conversation. Mais personne ne pense à Saïd et à sa misère. Lui, il va son bonhomme de chemin sans rien quémander, se contentant de petits boulots par-ci, par-là pour tenir le mois.
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