Algérie

Aïn témouchent, N’salou wala ma n’salouch, une grinçante histoire d’un étalon or




Comment réussir un spectacle qui réponde aux normes de l’insignifiance et de l’abêtissement qui sévissent majoritairement sur nos scènes et en même temps garder sauve l’éthique du 4e art ?

Comment pousser l’outrecuidance, voire l’outrage à la « bienséance », et réussir à retenir en salle un public chatouilleux sur ce plan-là, des spectateurs qu’on sait épouvantablement sous influence d’une bigoterie et d’un conservatisme devenus dominants ? Nsalou wala ma n’salouch de Mourad Senouci, un texte retravaillé et mis en scène par Fouzia Aït El Hadj, en a fait la démonstration à Témouchent. Dans cette nouvelle production de Masrah El Kaoun, l’intrigue rapporte les mésaventures de Larbi Abdelmalek, un marin pêcheur dont l’épouse, au lieu de lui donner des enfants, accouche… de cassettes d’or. Poussés par la cupidité, le prince d’un « il était une fois » et trois des dignitaires de son diwan, mettent la main sur Larbi Abdelmalek. Ils l’obligent à exercer ses talents de reproducteur aurifère, à être en somme un étalon or, sur leurs épouses. Et alors que l’on croit que le spectacle a atteint le summum dans la caricature de l’émiettement des valeurs, il s’en va à chaque fois pousser l’intrigue au paroxysme de l’outrance. Pour faire passer cette parodie « millenuiesque », Fouzia Aït El Hadj s’en sort en distrayant à forte dose tout acte de réflexion chez le spectateur. Elle lui impose de multiples et osés rebondissements sur un rythme qui ne souffre d’aucun temps mort. Ses comédiens ont su, dans l’ensemble, respecter ses consignes de jeu, les uns avec plus de bonheur que d’autres. Ce qu’on peut leur reprocher, c’est d’avoir quelque peu perdu de vue d’allier à un jeu nécessairement extérieur, un registre plus nuancé et une certaine subtilité consubstantielle à la parodie. Mohamed Charchal, que nous connaissons plutôt comme auteur et metteur en scène, a su être un prince que le déshonneur ne tue pas. Brahim Chergui, en marin pêcheur, est demeuré fidèle à son style à la Buster Keyton. Lazhar Belbaz, en argentier du royaume, Charef Abdelaziz, en conseiller royal, et Hafid Aït El Hadj, en chef de la garde prétorienne, se sont honorablement dépensés dans une frénésie ludique que le public leur a rendu par une longue ovation.


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