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Aïn Témouchent
L'affluence vers les plages est telle que les gendarmes ont dû user de leur autorité pour ne laisser passer que les familles.C'est du jamais vu à Aïn Témouchent ! L'affluence sur les plages est telle, cette année, que des estivants se rendant à la station balnéaire de Sassel ont été refoulés. La gendarmerie a dû user de son autorité, ne laissant passer que les familles parce que les parkings sont saturés, avec pour résultat un bouchon sur plusieurs kilomètres. Dimanche dernier à Beni Saf, «les gendarmes ne sont venus à bout de la circulation dans les rues parallèles à la plage du Puits qu'à 3h !», s'exclame le directeur de wilaya du tourisme pour donner un aperçu de la situation.Direction Beni Saf et ses cinq plages sur les 18 que la wilaya a ouvertes à la baignade. La plus grande de la wilaya est Rachgoun, à l'est. A 14h, de l'imprenable vue qu'offre le complexe touristique Syphax, chaque centimètre carré de ses 2 km de rivage est occupé alors que ses flots fourmillent de baigneurs. La frénésie de la mer chez les estivants est effectivement à son comble, au point que la clientèle du Syphax a préféré se rafraîchir dans la piscine d'eau de mer du complexe.Du haut du promontoire, le soleil se réflète sur les vitres des nombreux véhicules alignés dans les parkings de la plage. Les immatriculations sont de toutes les régions du pays et particulièrement du Centre et du Sud. «Effectivement, je constate qu'il y a énormément d'estivants venus de l'Algérois et du Sahara», remarque un Cherchellois, qui vient à Rachgoun depuis la fin des années 1990 parce que la situation sécuritaire est bien meilleure à l'Ouest qu'ailleurs : «Je viens donc par habitude, mais aussi parce que les gens de l'Ouest sont plus conviviaux que ceux d'ailleurs.»Ainsi, l'afflux a fait que toutes les chambres d'hôtel sont louées et même les garages sont proposés par des particuliers. Les prix de location ont du coup grimpé en flèche : «Vous me demandez pourquoi le coût d'une villégiature revient moins cher à Benidorm (Espagne) qu'ici, pourquoi les Algériens ne profitent-ils pas pour y aller en masse ' C'est parce que l'estivant algérien a été gagné par une forme de pudibonderie primaire qui l'empêche d'y aller en famille, en particulier avec ses filles ; les voir allongées sur la plage relève pour lui de l'indécence.»Notre interlocuteur, un voyagiste, note que, parallèlement à l'engouement croissant des nationaux pour les plaisirs de la mer, il y a une frappante diminution du nombre d'émigrés : «Ce n'est pas seulement la cherté ou la crise en Europe qui font qu'ils ne viennent plus en masse en été, c'est également en raison de l'intolérance et des remarques désobligeantes dont ils sont victimes à propos de l'exhibition des corps. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est illusoire de penser que les touristes occidentaux viendraient pour notre littoral. Chez nous, quand ils se pointent, c'est pour l'immensité du Sahara.En mer, nous sommes infréquentables d'autant que les services sont lamentable !» D'ailleurs, à Beni Saf, il n'y a aucune commodité. «Où sont passées les deux cabines mobiles offertes à la commune de Beni Saf par les services de l'environnement lors de la saison estivale écoulée ' Elles permettaient aux gens de se soulager plutôt que d'aller le faire en mer !», remarque un autre estivant. Pis, ajoute-t-il, «le complexe Syphax a équipé de cabines de toilettes et WC un bout de plage qui lui est attenant. Il les a fermées parce que, populisme régnant, les autorités ont concédé cet espace à des non-professionnels ! »Cependant, si l'on évacue la question des commodités, certaines plages sont relativement propres cette année, ce qui n'empêche pas qu'en d'autres endroits, l'infection est garantie. Ainsi, dès l'approche de la plage de Sidi Boucif, la deuxième à Beni Saf, insérée dans son tissu urbain, une odeur d'égout agresse le visiteur. C'est qu'elle est polluée et interdite à la baignade ! Horreur : parmi la multitude des sacs en plastique surnageant et les détritus divers, femmes, enfants et hommes se baignent !L'Etat se révèle incapable d'exercer son autorité alors qu'il est aisé de bloquer les accès de la plage plutôt que d'installer un écriteau qui, à chaque fois qu'il est replanté, est arraché parce que les interdits de l'Etat, le «citoyen» ne veut pas en entendre parler, l'autorité ayant perdu toute crédibilité. Comment peut-il se faire respecter alors qu'il ne respecte pas ses engagements ' L'Etat a en effet détourné depuis presque une décennie une partie des eaux usées qui se déversent dans le bassin du port de pêche voisin vers Sidi Boucif pour, en théorie, les évacuer par pompage vers une station d'épuration projetée sur un plateau par delà les falaises qui enserrent le site.Depuis, c'est l'attente. L'attente également pour ces zones d'expansion touristique, vierges de tout bâti, dont les études d'aménagement demeurent à l'état de projet. L'une d'elles, d'ailleurs, celle de la paradisiaque Madagh, est en cours de travaux pour devenir, à coup de milliards de dinars, un abri de pêche dont l'opportunité sociale et économique n'a jamais été prouvée. Par contre, son impact nuisible sur l'environnement a été plus que largement démontré. Le tourisme à Témouchent ' Madagh (avec Sidi Boucif) est la seconde plage perdue par les 80 km de littoral témouchentois. Le projet de valorisation de ses formidables potentialités touristiques ne finit pas de raconter ses chimères à chaque visite de ministre en charge du secteur.




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