Ain Sefra en mal de tracé de chemin de fer

Ain Sefra en mal de tracé de chemin de fer Cette lettre vous interpelle sur le tracé projeté de la ligne de chemin de fer Mécheria-Béchar, plus précisément sur le tronçon projeté à l’intérieur du périmètre urbain de l’agglomération d’Ain Sefra. La lecture de ce tracé montre en quoi il consiste:  1. Un nouveau tracé est projeté à l’endroit même de la route nationale no 6 qui sera amputée d’une de ses deux chaussées ; 2. En voulant éviter le cul de sac de l’ancienne gare ainsi que le passage en plein tissu urbain de l’ancienne voie de chemin de fer, le nouveau tracé passe un peu plus haut mais en plein tissu urbain. Il passe exactement entre la chaussée restante de la route nationale et à un mètre des bâtiments collectifs avec une vitesse prévue de 80 km/h ;3. Pour éviter tout conflit perturbant le trafic dans le périmètre, le nouveau tracé est traité par d’importants ouvrages à savoir deux ponts et une trémie profonde et des clôtures ; 4. Enfin, une nouvelle gare est projetée dans un endroit excentré tandis que la zone d’extension est prévue à l’endroit opposé. Les impacts Les impacts négatifs prévisibles qui relèvent de cette lecture sont évidents. - Le droit des riverains: le projet reste préjudiciable dans la mesure où le cadre de vie existant (investi ou offert) sera perturbé (risques de fissures des constructions attenantes -en particulier les bâtiments collectifs répartis le long de cet axe majeur de la ville-, bruits, risques de chute des enfants en particulier dans la trémie, nouveau paysage de clôtures prévues sur plus de la moitié du tronçon pour protéger la ligne, obligation de grands détours et ruptures de fonctionnement des tissus attenants); - La disparition d’une chaussée de la route nationale et l’incompatibilité avec la circulation mécanique et piétonne; - La disparition d’une partie de l’espace boisé; - Enfin, une gare mal localisée et de part sa situation, contraignante. Telle est la consistance de ce projet dont l’étude est bouclée et qui va démarrer en réalisation bientôt, en janvier prochain, nous annonce t-on. Telles sont les incohérences produites que l’Etat cherche par ailleurs à solutionner à travers la révision des plans d’urbanisme ou à travers des instruments nouveaux tels les schémas de cohérence. Sur quoi repose ce projet? Y a-t-il d’autres alternatives? Ce projet ne repose pas sur le droit, c’est là une évidence. En particulier le droit de l’urbanisme. Le maître de l’ouvrage a eu un avis favorable de la part de la précédente APC sur uniquement un projet de tracé. Cet avis datant de 2002 n’avait aucune valeur réglementaire car non opposable. Il est à considérer comme éphémère. D’ailleurs, lors de l’enquête commodo incommodo, beaucoup de réserves avaient été émises et les résultats ont conclu au rejet de ce tracé. A noter aussi la forte réaction des associations rejetant ce projet. L’actuelle APC a, quant à elle, émis un avis défavorable sur le permis de construire soumis, et cela, suite aux réunions de concertation avec les services techniques et les associations. Le plan d’urbanisme révisé à cause notamment du nouveau tracé et de la future désaffectation des anciennes emprises n’a fait qu’avaliser les propositions du maître de l’ouvrage en maintenant le tracé actuel et l’emplacement de la gare prévue. Alors que c’était là l’occasion de repenser la ville. On se trouve par conséquent devant un plan d’urbanisme non approuvé encore et contesté. Et c’est là un paradoxe qui reste une énigme. Une autre incohérence. Et il y a lieu de savoir, faut-il le rappeler, que la population à travers les mécanismes de concertation officiels n’a pas cautionné aussi bien le tracé que le plan d’urbanisme. Ainsi donc, on n’a pas tenu compte de l’avis de la population et des associations qui se sont exprimées contre. Cet état de fait est déconcertant: quelle que soit la situation, vous voilà donc aujourd’hui avec un permis de construire non accordé! Et nous voilà aussi avec un plan d’urbanisme non approuvé et contesté! Les alternatives Qu’on n’aille pas vous dire qu’il n’y a pas d’autres alternatives! Et quoi qu’on vous dise, ce ne sera que de la parlotte, de la fuite en avant, de la médiocrité tant qu’une étude d’impact avec des variantes incluant la faisabilité et le coût de chacune ainsi que la consultation n’ont pas conclu à cela. Boutkhil Baghdadi