Algérie

Affaire de la pomme de terre «à cochons»: Le Liban sur le point d'extrader un Canadien vers l'Algérie


Le fermier canadien Henk Tepper va finir par être extradé vers l'Algérie. Telle est en tout cas l'intention de la justice libanaise. Selon des sources judiciaires citées par le journal libanais Ennahar, le détenu canadien va être prochainement transféré vers l'Algérie.
Les mêmes sources indiquent que les avocats de Henk Tepper ont demandé au juge de reporter la décision d'extrader Henk Tepper en attendant une demande de révision déposée devant la justice française à Lyon, en liaison avec son arrestation au Liban. « Cette demande a été faite depuis un certain temps et nous n'avons reçu aucune réponse », a indiqué la source en précisant que le juge Saïd Mirza allait le transférer prochainement.
L'agriculteur canadien est demandé depuis 2007 par la justice algérienne. Il était poursuivi sous le chef d'inculpation d'avoir falsifié des documents pour faire entrer en Algérie de la pomme de terre avariée, affectée par la « pourriture bactérienne circulaire ». Henk Tepper était le fournisseur d'un importateur algérien qui ne connaissait pas grand-chose aux tubercules mais qui a saisi une opportunité d'affaires dans la décision du gouvernement algérien d'exonérer de taxes et de TVA les importations de pomme de terre durant la période allant du 1er juillet au 30 octobre 2007.
Le gouvernement tentait à cette époque, par ces mesures incitatives, de faire face à la pénurie.
Henk Tepper et l'importateur étaient poursuivis par le ministère de l'Agriculture pour présentation de certificats phytosanitaires falsifiés. L'importateur algérien a été jugé et condamné. Au cours de son procès qui s'est tenu en octobre, on a appris que ce sont 300 tonnes de pomme de terre sur une cargaison de 3.800 tonnes qui étaient affectées.
Elles auraient pu, si elles n'avaient pas été bloquées à temps, causer des dégâts importants à l'agriculture algérienne. L'importateur qui avait plaidé la bonne foi a déclaré qu'il n'était pas « responsable de la fraude commise par le fournisseur canadien ». Le juge lui a fait remarquer qu'il est « responsable » de l'approvisionnement des Algériens et qu'en contrepartie des exonérations de taxes décidées par l'Etat. La justice a rejeté cet argument d'ignorance et l'a tenu pour responsable. Quant à Henk Tepper, il semblait intouchable au Canada. Mais pris à nouveau d'envie de voyager, il débarque en mars dernier au Liban sans savoir qu'il faisait l'objet d'un mandat international émis par l'Algérie via Interpol. Il se fait arrêter par les services douaniers libanais le 23 mars dernier et présenté à la justice pour décider éventuellement de son extradition vers l'Algérie.
« MONTEE DES FRUSTRATIONS»
Le cas Tepper a mobilisé les journaux et des politiciens de sa région au Canada, le Nouveau Brunswick. Un député conservateur de la région, Mike Allen, a promis de « tout faire » pour éviter l'extradition vers l'Algérie de Henk Tepper. Les défenseurs de Henk Tepper soulignent que l'Etat canadien est responsable car il s'est rendu au Liban dans le cadre d'une mission commerciale financée par le gouvernement. Le 18 octobre dernier le journal Toronto Sun faisait état d'une « montée des frustrations » au sujet du cas de Tepper. Son avocat, James Mockler, y déclarait qu'il n'y avait rien de nouveau. « Il y a rien à signaler. Je regrette de ne pouvoir en dire davantage mais il n'y a rien. Nous espérions un développement récemment mais nous n'avons reçu aucune notification de cela. Je n'ai pas reçu d'avis en addition à cela. C'est ce qui est frustrant ». Le journal souligne que les problèmes de Tepper se sont aggravés et que sa ferme a été placée sous protection judicaire pour éviter sa mise en faillite. Ses dettes se seraient entre-temps accumulées pour atteindre la somme de 11 millions de dollars canadiens. L'avocat de Tepper a déclaré que les problèmes de son client étaient dus au manque d'action des affaires étrangères du Canada et aussi au système judiciaire libanais. Manifestement, le système judiciaire libanais estime qu'il a suffisamment attendu et a décidé d'appliquer la procédure normale.


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