Algérie

Affaire BCIA



L’audition des prévenus est terminée, place aux témoins ! Des traites signées à blanc aux chèques certifiés, plusieurs commerçants ont été pris dans ce miroir aux alouettes dont l’ex-président de l’ASMO qui s’est retrouvé avec deux traites de 6 milliards 600 millions de centimes. Le début de la troisième se-maine de l’affaire BCIA a vu clore l’audition des prévenus et s’ouvrir celle des témoins. Les neuf derniers mis en cause ont ainsi été auditionnés hier. Outre des commerçants, on notera également l’audition du chef de service ‘devises’ de l’agence BEA 74 et de Bengaraa Belabbès, ex-président de l’ASMO. Djouabi Mohamed, âgé de 32 ans et originaire de la wilaya de Médéa, sera entendu en premier. « J’ai débuté dans le commerce au début de l’année 2000, dira-t-il. Avant d’ouvrir un compte au niveau de la BCIA en 2002, j’étais en possession d’autres comptes. Après l’ouverture du compte à la BCIA, j’ai signé une procuration à Haddad Yacine que je connaissais et qui m’a proposé de m’associer avec lui. J’étais chargé de la distribution de la marchandise qu’il devait me remettre «. Concernant les chèques certifiés par la BEA de Sig, d’une valeur globale de 4 milliards de centimes et qu’il aurait signés au dénommé Guetti Saad, Djouabi Mohamed affirmera ne rien savoir à leur sujet, précisant n’avoir aucune relation avec le dénommé Guetti. Le mis en cause réaffirmera au représentant du ministère public qu’il n’a signé aucun chèque. Viendra le tour de Boukhatem Saïd Karim, chef de service ‘devises’ de l’agence BEA 74, qui, d’emblée, niera les griefs retenus contre lui. Selon les investigations, celui-ci aurait escompté deux traites au nom de Ouala Abderrezak, l’une d’une valeur de 103 millions de dinars et l’autre de 105 millions de dinars. A ce sujet, l’inculpé signalera que la provision du compte de Ouala était insuffisante pour couvrir ce retrait. «Me trouvant face à cette situation, j’en ai référé au directeur de l’agence, Adda Larbi, qui devait prendre une décision. Après cela, je n’ai été au courant de rien». Toutefois, expliquera-t-il, «ces deux traites ont été acceptées par Ouala pour le compte de la société SCTO, qui dispose d’un compte au niveau la banque ABC à Oran». Boukhatem rappellera à ce moment-là que cette société est gérée par Ouala et que les deux traites relèvent de la décision du directeur auquel, précisera-t-il à nouveau, il en a fait part. «Mais celui-ci, affirmera-t-il encore, ne me demandera pas de comptabiliser ces deux opérations qui étaient inscrites et qui attendaient la décision de la direction». Le troisième prévenu est un commerçant originaire de Relizane, Lakhdar Fouatih Tahar. Il expliquera à l’audience que, depuis 1992, il a géré un petit commerce de quincaillerie à Relizane. « En 2000, Ahmed Fouatih, Nebia Saïd et Nebia Mohamed me proposent de m’associer avec eux et de m’aider en m’approvisionnant en marchandises. La société sera cependant dissoute le 31 juillet 2003. Suite à quoi, l’affaire de la BCIA a éclaté «. il devait répondre de deux traites de 7,6 milliards et 7,4 milliards de centimes, de même que des bons de caisse estimés à 240 millions de centimes. Il jurera qu’il n’a jamais signé de document de ce genre. Concernant le compte qu’il a ouvert au niveau de la BCIA, il déclarera l’avoir fait à la suite de la demande de ses associés qui, précisera-t-il, avaient 95% des parts de la société commune, alors que lui n’en avait que 5%. « Mais, lui dira le juge, qui a signé donc ces documents ? « « Je ne sais pas, répondra le prévenu, je n’ai jamais utilisé le compte que j’avais ouvert à la BCIA «. A ce moment, Ahmed Fouatih Belkacem intervient pour dire que, concernant les bons de caisse, c’est lui-même qui les a signés, déchargeant ainsi son parent. Sahl Mohamed, commerçant lui aussi, originaire de l’Algérois, déclarera à la barre que c’est le directeur général d’Union Bank, Bayaï Ali, qui lui a proposé la vente de ses produits alimentaires à une personne originaire d’Oran, lui montrant des chèques au nom de Selmane Abderrahmane, d’une valeur de 14 milliards de centimes et approuvés par l’agence BEA de Sig. Le mis en cause expliquera qu’il ne peut travailler avec une personne que si elle dispose d’un registre de commerce et de tous les documents nécessaires pour des opérations commerciales. Le prévenu déclarera aussi que le directeur d’Union Bank a viré sur son compte le montant de 19 milliards de centimes, qu’il a le jour même retiré pour le virer au niveau d’un autre compte dont il ignore, dira-t-il, le propriétaire. Concernant le dénommé Selmane, Sahl déclarera ne pas le connaître. Pour ce qui est des sept traites d’une valeur globale de 500 millions de centimes et avalisées par Union Bank, l’accusé expliquera à l’audience qu’il ne les a pas émises, de même que les quatre chèques de 39 millions de DA. Lors de l’audition de l’accusé Bouzina Moulay, une confrontation entre plusieurs accusés a eu lieu. Ces derniers ont déclaré unanimement que le prévenu est celui qui se faisait appeler Djaoued, à la seule différence qu’à l’époque où ils l’avaient connu, il portait une barbe. Une déclaration que Bouzina rejettera, expliquant qu’il est dans le commerce depuis 1992. « En 2000, j’ai ouvert un compte à la BCIA. En 2001, j’ai signé d’autres documents, dont certains à blanc. On m’avait dit que c’était des garanties». Mais, lui dira le juge, « les trois traites d’une valeur de 79.700.000 DA, 82.170.000 DA et 78.920.000 DA chacune, comportent le cachet de votre premier commerce ?» «Je ne saurai dire où ce cachet se trouve». «Donc vous niez avoir signé ces documents ?» «Oui, M. le juge !», répondra le prévenu avant d’ajouter : «Lorsque je me suis retrouvé avec ces problèmes, j’ai déposé de mon plein gré une plainte contre la BCIA, contre X et contre la SNC Fouatih et Nebia». Viendra par la suite le tour de l’ex-président de l’ASMO. Né en 1954, ce dernier se lancera dans l’aviculture en 1979. En 1982, il disposera des premiers abattoirs et en 1988 il lance la société Algérie Aluminium. Il met sur pied également, en 1992, la société Salama, spécialisée dans le gardiennage et le transfert de fonds. Viendra par la suite la société Catering. «Au début de l’année 2001, déclarera le prévenu, j’ai été contacté par Tayebi Mahi, ancien directeur à la BNA et, par la suite, à la BCIA. Il me présenta le directeur de la BCIA, Kharoubi Med Ali, auquel j’ai demandé une ligne de crédit de 5 milliards de centimes pour couvrir un marché avec le consulat d’Espagne, qui réside dans la mise en place de vitres pare-balles et de portes blindées ainsi que d’un système de sécurité sophistiqué. C’est la société Salama qui devait prendre en charge l’importation de ce matériel, alors que la société Algérie Aluminium devait se charger de la mise en place des portes et fenêtres. En demandant un crédit à la BCIA pour le lancement de ce projet, cette dernière me demandera des garanties. Je propose alors un local à Delmonte estimé à 3.200.000.000 de centimes. Pour couvrir la différence, j’ai signé deux chèques censés couvrir la somme manquante «. Il recevra le prêt, précisera-t-il, sous forme de traites (1.800.000.000 de centimes pour l’achat des vitres pare-balles et 2.500.000.000 de centimes pour la mise en place des portes blindées). Un premier remboursement a eu lieu, dira-t-il, deux jours avant l’échéance de la première traite. Entre-temps, il est rappelé par la BEA pour payer la seconde. Il se fera accompagner par son avocat. Après l’éclatement de l’affaire BCIA, il se trouvait face à deux traites, l’une de 4.300.000.000 de centimes, l’autre de 2.300.000.000 de centimes. Pendant l’instruction, on lui a montré, dira-t-il, deux photocopies de ces deux traites qui comportent, toujours selon ses déclarations, une signature qui n’était pas la sienne. Il demandera les originaux pour confirmation, mais se heurtera, signalera-t-il, à un refus, ce qui le poussera à déposer plainte. Entre-temps, les chèques déposés en garantie ont été présentés à la BEA par la BCIA. Ces chèques étant sans provisions, il sera également poursuivi pour ce délit. L’audition continuera avec les prévenus restants et s’achèvera vers 18 heures. Aujourd’hui, c’est au tour des témoins à livrer leurs témoignages. Peut-être arriveront-ils à soulever quelques zones d’ombre de cette affaire ? Hasna Yellès
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