Algérie

Accessoires-Préparation du trousseau de la mariée, Tradition onéreuse mais contournable



Dur dur de faire son trousseau de mariée, face aux gardiens des traditions qui jettent un œil sévère sur celles qui refusent de se plier à leurs exigences. Pourtant, on réussit toujours à contourner l’insurmontable. Et c’est ainsi qu’on modifie les vieilles coutumes contraignantes, tout en douceur...

Au fil des ans, les traditions se modifient. Si hier, le drap brodé était une condition sine qua non dans le trousseau de la mariée, de nos jours, les jeunes femmes préfèrent acheter des parures de drap toutes prêtes, de couleurs unies ou imprimées. Mais le temps ne change pas tout : la nouvelle mariée doit débarquer chez elle (ou chez ses beaux-parents) avec plusieurs valises chargées !

La quantité plus que la qualité !

Du coup, pour beaucoup, la quantité importera plus que la qualité. C’est que de nos jours, le marché regorge d’articles pour toutes les bourses. Plus obligée d’acheter dans les boutiques spécialisées. A la rue de La Lyre (place des Martyrs), les commerçants se pourlèchent les babines, c’est qu’il y a matière pour se faire une fortune en cette saison particulièrement propice aux mariages. Linge de maison, tenues traditionnelles toutes prêtes, soieries et brocards en tous genres, tailleurs et costumes, sous-vêtements, tapis, descentes de lit, couettes… tout est disponible et à des prix défiants toute concurrence. Et dans cette course contre la montre, la jeune femme devra tendre l’oreille pour capter les meilleurs prix scandés par les commerçants, ouvrir grand l’œil pour dénicher les articles les plus rares et avoir une longue liste écrite pour ne pas oublier la moitié de ce dont elle a besoin dans sa future demeure. Ce n’est pas une mince affaire, mais rares sont celles qui refusent de suivre l’itinéraire de la parfaite jeune femme préparant son trousseau et rentrer dans le moule implacable des us. Pour Radia, c’est au-delà de la question d’argent : « Je n’achète que ce dont j’aurais besoin. Les boutiques ne risquent pas de fermer du jour au lendemain, s’il me manque des bricoles, je les achèterai au fur et à mesure. Rien ne presse, en se mariant, on ne débarque pas sur une île déserte ! » Cependant, cette jeune femme est de loin une exception. Pour les autres, il est nécessaire de remplir un maximum de valises pour faire bonne figure. « Sur l’insistance de ma famille, j’ai dû acheter une garde-robe quasi complète », nous confie Nadia. Pour beaucoup, la nouvelle mariée doit totalement changer de style après ses noces, mais Nadia n’est pas tout à fait d’accord avec cette idée : « Les ensembles et tailleurs que j’ai achetés me serviront pour les sorties un peu spéciales, mais je compte bien emporter mes jeans et mes baskets avec moi !. »

Concessions « traditionnelles »

C’est ainsi que la plupart des femmes accepteront de faire des concessions « traditionnelles », sans pour autant se trahir entièrement. « De toutes les façons, de nos jours, on peut se faire un trousseau ‘’parfait’’ sans trop se ruiner, et peu importe si les articles achetés ne sont pas de la meilleure qualité qui soit, puisque l’important est dans le paraître. Pourvu que la belle-famille soit impressionnée », nous dit Salima. « Ce sont les traditions, une belle-fille doit rentrer chez elle ou chez sa belle-mère chargée de valises. Sinon qu’est-ce qu’on va penser d’elle ? », nous rétorque la maman de Salima. Le paraître prendrait-il le dessus sur le bonheur ? « Bien sûr, je veux que ma fille soit heureuse, mais je ne veux pas qu’on dise que ses parents l’ont mariée sans la doter d’un bon trousseau ! », ajoute-t-elle. Du coup, on va se jeter sur les articles les moins chers. S’il faut une dizaine de serviettes, autant acheter celles qui coûtent dans les 150 DA à la Place des Martyrs ou au marché de Belcourt, plutôt que celles à 400 DA dans les boutiques de linge de maison. Cependant, si les jeunes femmes sont prêtes à suivre à la lettre des traditions imposées plus que souhaitées, elles ne le font que dans les grandes lignes. « En gros, j’ai accepté de me constituer un bon trousseau de mariée. Après tout, ce sont des choses qui vont me servir. Mais il n’était pas question que je cède sur certaines choses. J’ai refusé les draps brodés, les bordures d’étagères au crochet, les napperons, le peignoir et le couvre-lit saumon, les tailleurs pastels… Il ne faut pas exagérer, la ringardise ce n’est pas pour moi ! », nous raconte Amel, qui a dû batailler avec sa mère. « Je ne sais qui, un jour, a eu la mauvaise idée de décréter que le rose, dans toutes ses déclinaisons, devait être la couleur phare de la mariée. C’est tout simplement ridicule, on a le droit de ne pas aimer certaines couleurs ! », continue Amel. Un commerçant spécialisé dans la vente des articles de maison, situé sur l’avenue principale d’El Biar, et dont la clientèle est principalement composée de jeunes femmes préparant leur trousseau de mariée, nous affirme que les acheteuses n’ont plus les mêmes goûts qu’avant. « Le rose n’est plus l’apanage des mariées, elles préfèrent de plus en plus les couleurs vives, joyeuses, plutôt que les tons de rose qu’elles trouvent souvent ringards et trop caractéristiques des mariées. » Le poids des traditions est souvent insurmontable mais le tout est de savoir les contourner sans trop froisser ceux qui y sont attachés. Suivre les recommandations dans les grandes lignes et non à la lettre. C’est que pour beaucoup de jeunes femmes, le plus important est de réussir son couple et non d’avoir le plus beau et le plus chargé des trousseaux !

 





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