Algérie

Abdelmadjid Attar pointe des déperditions en termes d'expertise


L'Algérie célèbre aujourd'hui le 48e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures dans un contexte plein d'incertitudes sur l'avenir du secteur. Si l'objectif de la récupération de la souveraineté nationale sur les richesses du pays a été atteint, il reste que des défis majeurs doivent être surmontés pour que le secteur continue à assurer la prospérité du pays et préserve assez de ressources en gaz et pétrole pour les générations futures. Contacté par Liberté à l'occasion de la célébration de cet évènement, Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach et spécialiste pétrolier, observe que l'un des défis majeurs que doit relever aujourd'hui Sonatrach est celui des ressources humaines. "Le défi humain est l'un des plus importants. D'après les informations de cadres à Sonatrach, il n'y a pas eu de relève à Sonatrach. Selon eux, il y a eu beaucoup de déperditions en termes d'expertise, de savoir-faire du fait de départ de milliers de cadres et de responsables expérimentés, compétents à la retraite ou pour des compagnies étrangères et qui n'ont pas été remplacés par un personnel de même niveau ou avec la même expérience. Résultat, les ressources humaines, c'est aujourd'hui le talon d'Achille de Sonatrach. C'est une catastrophe. On a beaucoup recruté ces trois dernières années. Mais ces jeunes ingénieurs et ces jeunes cadres manquent d'expérience. On a également beaucoup recruté dans le personnel de soutien et beaucoup moins pour les structures opérationnelles au c?ur du métier de Sonatrach : exploration, forage ingénierie du réservoir". Le deuxième défi, aussi majeur que le premier, s'avère être le renouvellement des réserves d'hydrocarbures, relève le spécialiste. "Cela peut s'effectuer à travers l'amélioration d'un taux de récupération des gisements anciens, les découvertes ainsi que l'exploration et l'exploitation des ressources non conventionnelles, soutient Abdelmadjid Attar. Il s'agit de travailler sur ces anciens gisements, d'améliorer le taux de récupération de Hassi Messaoud et Hassi R'Mel qui sont au c?ur de la production actuelle de l'Algérie en pétrole et en gaz. S'ils vieillissent aujourd'hui, cela ne veut pas dire qu'on ne peut en tirer d'importantes quantités de pétrole et de gaz. Si on améliore le taux de récupération de Hassi Messaoud de 1% par exemple, c'est comme si on avait découvert un gisement géant, soit 500 millions de barils de pétrole", a-t-il ajouté. Cet expert considère que les découvertes de Sonatrach sont de plus en plus petites et plus complexes à développer. Quant aux ressources non conventionnelles, elles sont là, elles existent. Mais, malheureusement, avec les prix actuels du baril, en raison également des moyens financiers, techniques, logistiques qu'exige le développement de ces ressources, ce n'est pas facile de les exploiter. L'expert laisse entendre qu'à court terme, leur exploitation n'est pas opportune. Mais qu'à moyen terme, l'Algérie ne pourra à la fois satisfaire ses besoins domestiques en pétrole et en gaz et exporter suffisamment d'hydrocarbures sans l'exploitation de ces ressources non conventionnelles. Par ailleurs, la célébration de la nationalisation des hydrocarbures intervient également dans un contexte où l'Algérie s'apprête à promulguer une nouvelle loi sur les hydrocarbures pour mieux encadrer le secteur des hydrocarbures. "Je pense que le 51/49 sera maintenu dans la nouvelle loi (une décision majeure prise le 24 févier 1971 et non remise en cause jusqu'ici). La propriété du sous-sol continuera à relever de l'Etat, de la collectivité nationale. La relance de l'investissement dans le secteur dépend des modifications qui seront introduites. L'effort important exigé pour renouveler les réserves nécessite des investissements dans les nouvelles technologies (de récupération des hydrocarbures, de forage, de sismique). En un mot, les modifications de la loi doivent répondre à ces nouveaux défis : accroitre ces investissements dans les nouvelles technologies pour renouveler les réserves", commente-t-il. Quant à la réduction significative de la consommation domestique d'énergie pour préserver les ressources hydrocarbures, Abdelmadjid Attar estime que "cet objectif ne peut être atteint à court terme mais dans trois ans -cinq ans, voire dix ans".K. Remouche
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