Algérie

404 logements de Aïn El-Beïda Un no man's land appelé «Terminus»




Sans eau depuis près de deux mois et ne pouvant nullement se déplacer qu'en se rabattant sur les clandestins, ce sont là les deux problèmes principaux, parmi d'autres communs à tous les lotissements, auxquels sont confrontés les habitants de la cité des 404 logements, appelée communément «Terminus», de Aïn El-Beïda, une localité relevant de la commune d'Es-Sénia. Sur place, tous les riverains approchés s'accordent à dire que leur cité est complètement oubliée. Voies d'accès difficilement praticables, absence d'éclairage public, absence de moyens de transport, inexistence de réseaux d'assainissement, conduisant à des débordements d'eaux usées dégageant des odeurs nauséabondes et qui peuvent constituer un risque réel durant la saison estivale pour la prolifération de maladies à transmission hydrique, tel est le décor quotidien dans cette cité englobant plusieurs lotissements réalisés dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP) et occupée depuis 2004. Pourtant, cette cité a été la première extension de la localité de Aïn El-Beïda, ce bourg qui, autrefois, n'était connu qu'en référence au cimetière portant le même nom, constitue de nos jours l'une des agglomérations les plus importantes de la wilaya d'Oran sur le plan de la densité de la population, mais qui n'est autre qu'une cité-dortoir au même titre que toutes celles qui entourent le chef-lieu de wilaya et à qui on a donné le nom significatif de ceinture de la misère. Coincée entre les deux chemins en partance d'Oran et Es-Sénia vers Misserghine, la cité se caractérise par des constructions similaires s'étendant jusqu'au oued sec et dont les abords du côté est ont été transformés en un gigantesque bidonville constitué des Douars Maroc et El-Arab. Une véritable favela, cachée pour le simple passant mais qui nous renseigne une fois de plus que l'éradication des bidonvilles inscrite comme une des priorités des pouvoirs publics n'est pas une mince affaire. A ce propos, un habitant du lotissement 309 logements nous dira que plusieurs bénéficiaires ont revendu leurs logements et ont regagné des baraques de fortune dans l'espoir de postuler à une autre attribution. Sur les logements qu'ils occupent, ils diront qu'ils les ont réceptionnés sans boiserie, sans revêtement du sol et qu'ils ont dû dépenser d'importantes sommes d'argent pour les rendre habitables bien qu'ils aient versé 18 millions de centimes, alors qu'au départ il n'était question que de 5 millions de centimes du fait que c'est un projet financé par la Banque mondiale. 18 millions pour deux petites pièces construites sur 90 m², sans eau ni gaz de ville, est en soi une aberration. Il était question du temps de l'ancien wali d'octroyer une aide de 100.000 dinars pour chaque occupant pour réaliser une troisième chambre, mais cette option a été enterrée après le départ de M. Zoukh, qui a pris cette décision lors d'une visite au cours de l'année 2005. Concernant le manque d'eau potable, les riverains avancent que l'alimentation a été suspendue après des doutes formulés sur la qualité d'eau qui avait un goût étrange et avec comme hypothèse d'infiltrations d'eaux usées dans le réseau AEP. Ils déclarent également que les responsables de la commune sont au fait du problème, mais qu'aucune solution n'a été effective. Comme solution, le recours aux colporteurs d'eau de citerne devient incontournable avec tous les risques encourus. Quant au gaz, les travaux ont été achevés et il ne reste que les essais techniques. Au lotissement 60 logements, en plus du précieux liquide qui fait défaut, le réseau d'assainissement est défaillant, ce qui a contraint les occupants à s'équiper de fosses septiques. Terminus est le terme que l'on attribue au dernier arrêt d'une ligne de transport en commun. Mais, ce terme ne convient nullement à cette cité totalement boudée par les transporteurs de la ligne 28. Et toutes les doléances présentées aux responsables locaux sont restées vaines et l'option de la desservir à partir d'Es-Sénia est restée au stade de la simple intention. Seuls les clandestins assurent le transport des nombreux usagers, notamment les travailleurs se dirigeant vers Oran. 10 dinars pour deux kilomètres séparant la cité de la poste, 20 pour ceux se rendant à la Glacière et 30 DA sur Dar El-Hayat sont des prix non négociables. En cas de leur absence, les habitants doivent traverser l'oued pour rejoindre l'un des arrêts de la ligne 28 situé près du bureau de poste. «Si ce chemin difficile peut être emprunté par des personnes aptes physiquement, les personnes âgées ou les femmes rebroussent chemin chez eux», devait nous expliquer un habitant. Aussi, le marché le plus proche est celui situé également près de la poste et ce ne sont nullement les quelques petits marchands qui ont ouvert des magasins qui peuvent subvenir aux besoins de la population de la cité 404 logements estimée à quelque 20.000 personnes. Sur le plan de la santé, une urgence, ou même une simple consultation nécessite un déplacement soit vers Oran ou à la polyclinique d'Es-Sénia. Pour les riverains, la construction d'une structure sanitaire s'impose avec en plus un point de gardes médicales. En matière d'alimentation en électricité, il s'avère que le poste desservant la cité connaît une surcharge en raison surtout de branchements illicites de la part des occupants des bidonvilles voisins. En somme et de visu, la cité des 404 logements ressemble beaucoup plus à un no man's land et diffère grandement des maquettes présentées en grande pompe lors du lancement du programme RHP qui avait pour objectif essentiel d'offrir à ces populations des logements décents et un cadre de vie agréable avec toutes les commodités.


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