Algérie

27 mars 1957, Granine se souvient




Ferveur et recueillement, avant-hier à Granine, paisible localité située entre Béthioua et Sig, dont les habitants ont tenu à commémorer le souvenir du massacre de sept enfants du pays, abattus à bout portant par la soldatesque coloniale déchaînée qui tirait sur tout ce qui bougeait en cette funeste journée du 27 mars 1957. En présence des autorités locales et à leur tête le P/APC de Béthioua, de simples citoyens, notamment d'anciens moudjahidine, ont organisé une grande collation (waâda) à l'intérieur de la maison de jeunes où trônent encore de nos jours les portraits de certains martyrs de la localité, qui en compte en tout vingt-trois, dont deux femmes. Comme partout ailleurs, les habitants de Granine épousèrent la cause nationale dès le début de la Révolution, grâce au travail acharné de sensibilisation et d'organisation mené par plusieurs nationalistes dont Belatrous, Neggaz El-Houari, Mansouri et Si Djamel. L'endroit ainsi sécurisé, les moudjahidine, au nombre d'une trentaine, prirent, vers la fin de l'année 1956, comme lieu de refuge et de retrait la ferme de Khadra Brahma Abdelkader et des domiciles de Zerrouki Tahar et Zerrouki Miloud. De là, les correspondances et la quête d'argent et de logistique étaient acheminées vers le domicile de Bouras Mohamed, habitant à Araba, petit hameau situé non loin de Granine. Les moudjahidine quittèrent Granine le 23 mars 1957, et, quatre jours plus tard, soit Le 27 mars, les autorités coloniales déployèrent le plus gros des contingents venus d'Arzew et d'Oran pour assiéger et brûler en guise de représailles toutes les fermes des environs, une journée que les habitants de Granine n'ont jamais oubliée. Après avoir rassemblé toute la population, ils emmenèrent les dénommés Charef Zerrouki Abdelkader, Seddik Bouchouicha, Makhlouf Djelloul, Khadra Brahma Belkheir, Zerrouki Tahar, Ould Bouziane, Zerrouki Miloud et Neggaz El-Houari, moudjahid originaire de la ville d'Oran, capturé quelque temps auparavant les armes à la main. Ces derniers furent froidement assassinés sur les lieux même et à la mitrailleuse, rapportent les nombreux témoins de cette tuerie. Un seul rescapé, Zerrouki Miloud, gravement blessé, a survécu miraculeusement. Mais pas pour longtemps, puisque le surlendemain, c'est-à-dire le jour de l'inhumation des exécutés, il sera emmené par les gendarmes, au motif d'être soigné, pour disparaître à tout jamais. Les représailles continueront à s'abattre sur les habitants de la région, notamment en 1958 où plusieurs jeunes «moussebeline» furent condamnés à mort, sans pour autant que le verdict fût exécuté. La peine a été en effet commuée en prison à vie dans le centre de concentration de Sig. Auparavant, en 1956, les forces coloniales avaient déjà sévi dans la région de Granine. Entre février et mars de cette année, l'armée coloniale avait encerclé la localité. Environ 30 hélicoptères avaient été déployés, ainsi que deux bombardiers et quelque 1.000 soldats, ceci sans parler des avions de reconnaissance. Tous les habitants de la localité ainsi que leurs demeures ont été fouillés. Sans succès d'ailleurs. Les habitants de Granine racontent ces épisodes avec beaucoup d'émotion, non sans relater cette autre journée de l'année 2001 où sept autres habitants seront froidement assassinés lors d'un barrage.
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