Algérie - Revue de Presse

25e commémoration de la disparition de Baya Une expo-hommage chez Guessoum Antiquités



25e commémoration de la disparition de Baya Une expo-hommage chez Guessoum Antiquités
Publié le 20.11.2023 dans le Quotidien Le Soir d’Algérie

A l’occasion de la 25e commémoration de la disparition de l’artiste-peintre algérienne Baya Mahieddine, la galerie Guessoum Antiquités organise, jusqu’au 21 décembre, une exposition dédiée à ses œuvres.
Fondée par Djaâfer Guessoum, cette galerie fait aussi office de mini-musée et de boutique où les artistes contemporains algériens sont régulièrement invités à exposer leurs œuvres. Collectionneur passionné et se définissant lui-même comme un grand admirateur de l’artiste-plasticienne Baya Mahieddine, son espace propose, depuis le 9 novembre, un hommage à cette dernière à l’occasion des vingt-cinq ans de sa disparition à travers l’exposition de plusieurs de ses œuvres.
L’événement qui se poursuit jusqu’au 21 décembre attire un public nombreux au vu de l’importance capitale de cette plasticienne dans l’histoire de l’art algérien. Plusieurs toiles de cette artiste atypique donnent à voir la richesse de son œuvre et le renouveau qu’elle a apporté.
On y retrouve l’univers si particulier de Baya, avec ses thèmes floraux, ses personnages féminins oniriques et ses couleurs vives et joyeuses qui cohabitent néanmoins avec une certaine mélancolie. A mi-chemin entre le fantastique et le naturalisme, Baya se distingue par un style injustement casé dans «l’art naïf» alors qu’il renferme tout un monde où jubile une vie nouvelle ; un style avant-gardiste pour son époque qui distord la réalité tout en restant imbibé de terre, de lumière et de souffle de la nature.
Outre ses peintures, des artistes algériens contemporains participent à l’exposition avec des tableaux d’hommage, épousant son style et célébrant ses figures et ses abstractions devenues sa marque de fabrique.
Parallèlement à son œuvre, c’est sans doute la vie et le parcours de Baya qui fascinent également : née en 1931, orpheline de père et de mère, elle connaîtra les champs de Kabylie où les femmes paysannes l’inspireront pour toujours, avant d’être adoptée par une artiste-peintre française qui l’encourage à peindre. Un ami sculpteur de cette dernière repère les œuvres de Baya et les expose à Paris en 1947. Derrière le miroir connaît un succès retentissant et attire l’attention de plusieurs artistes et écrivains français qui célèbrent alors «un art primitif» et «sauvage», une appréciation purement coloniale et réductrice que Mohamed Khadda commentera plus tard ainsi : «On s’extasie sur la spontanéité primitive de cet art, on découvre avec un émerveillement non exempt de paternalisme l’expression naïve à l’état brut, vierge, sauvage…»
Pour sa part, Albert Camus écrira : «J’ai beaucoup admiré l’espèce de miracle dont témoigne chacune de ses œuvres. Dans ce Paris noir et apeuré, c’est une joie des yeux et du cœur. J’ai aussi admiré la dignité de son maintien au milieu de la foule des vernissages : c’est la princesse au milieu des barbares.»
Le succès parisien ne se démentira pas et les œuvres de Baya deviennent une espèce de surréalisme venu d’Algérie, qu’André Breton, chef de file de ce courant, s’empressera de célébrer : «Baya est la sœur de Schéhérazade. Schéhérazade, la tisserande des mots qui éloignent la mort. Schéhérazade, cette autre femme qui fabule pour compenser sa réclusion. Nous voici donc dans le conte, avec ses univers merveilleux (titre d’une œuvre de 1968). Baya abroge les formes, les classifications et les dimensions : l’oiseau s’étire et devient serpent, arbres et cahutes poussent de guingois, les vases se ramifient, deviennent arborescents comme des queues ou des huppes d’oiseaux. Dans cette sorte de village des origines où cases, arbres et oiseaux sont emmêlés, les paysages et objets baignent dans l’informulé et la liberté du monde placentaire. Aucun centre de gravité n’est admis. Tout l’effort de l’artiste est tendu vers la recherche d’une sorte d’harmonie prénatale que la découverte du monde normé, balisé, anguleux nous a fait perdre.»
Après une longue pause induite par son mariage, la maternité et la guerre d’Algérie, Baya reprend la peinture et la sculpture et expose à Alger, à Paris, en Europe et aux Etats-Unis.
Elle décède en 1998 à Blida mais ses œuvres continuent de vivre dans les collections publiques de plusieurs musées algériens et internationaux à l’instar du musée des Beaux-Arts d’Alger, le Mama, le musée Cantini de Marseille, le Centre national des arts plastiques de Paris, le Musée national du Mali, etc.
Sarah Haidar

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