Algérie - Revue de Presse

1er Novembre 1954 : les jeunes dans la lutte de libération (2e partie et Fin)



1er Novembre 1954 : les jeunes dans la lutte de libération  (2e partie et Fin)
Publié le 27.10.2022 dans le Quotidien Le Soir d’Algérie
Par Kamel Bouchama, auteur
20 août 1956, le premier congrès de l’Algérie combattante
Ainsi, dans la même année, en 1956, beaucoup d’événements ont fait bouger les responsables de la Révolution qui ont créé des situations auxquelles le colonialisme a répondu avec une extrême violence. Ceci mérite d’être su par nos jeunes.
À l’offre de paix du FLN, dans laquelle il était mentionné, sans ambiguïté, que «la seule solution valable ne peut être conçue que dans le cadre d’une reconnaissance solennelle du droit à l’indépendance de l’Algérie et à l’exercice de la souveraineté nationale», et aux résultats des victoires sur le terrain et sur le plan diplomatique, le colonialisme français a répondu avec une singulière violence, par les ratissages, les opérations de destruction et d’anéantissement de villages, les opérations combinées terre-mer-air, les arrivées en renforts des troupes coloniales, le pont aérien entre l’Algérie et le Sénégal, les lynchages des populations par les foules de pieds-noirs, les arrestations de nombreux dirigeants du syndicat, le quadrillage militaire, les grandes opérations dans La Casbah d’Alger et, enfin, la création des SAS(11). De plus, les colonialistes accentuaient leur propagande, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Algérie. Ils faisaient croire à tout le monde que la «pacification» allait bon train et qu’il ne restait que quelques foyers d’insécurité, au demeurant insignifiants, qui seront à leur tour vite maîtrisés. Les populations, quant à elles, rejetaient les mots d’ordre des «hors-la-loi» et se rangeaient du côté de la France, affirmaient-ils sans avoir peur d’être ridicules. Ainsi, la grève du 5 juillet 1956, opération très importante et très significative, répondait clairement à cette stupide propagande, car elle signifiait l’appui sans réserve du mouvement ouvrier et du peuple, c’est-à-dire des travailleurs, des artisans et de simples commerçants, au mouvement national dirigé par le FLN. Le peuple a bougé : c’est ainsi qu’il fallait traduire cette grève et c’est ainsi qu’il fallait comprendre son rejet du colonialisme, en ce jour anniversaire du débarquement des Français à Alger en 1830.
Avant cette date et depuis le 1er Novembre 1954, l’Algérien ne s’est jamais démobilisé. Il s’est forgé ses instruments de lutte et s’est mobilisé progressivement à travers tout le pays.
Les étapes principales de cette première phase étaient constituées par la recrudescence de l’action armée dans les maquis, le renforcement de l’ALN par des combattants valides et principalement jeunes, par le rassemblement des forces vives autour du FLN, et enfin par le soutien indéfectible de plusieurs pays, soutien qui a marqué notre entrée sur la scène des Nations unies, en octobre de la même année et la rencontre non-alignement, les Tito, Nasser et Nehru, à Brioni, du 18 au 20 juillet 1956. Ainsi, le problème algérien fut connu de l’opinion internationale.
Après avoir travaillé dur au cours de ces deux années, pour imposer la lutte armée et créer l’unanimité du peuple autour de cette action et éveiller les grandes sympathies à travers le monde, il fallait renforcer ces acquis et aller plus en avant par la prise de possession politique et administrative du pays. Alors, le Congrès de la Soummam venait juste à temps pour faire le bilan de cette période et prendre de grandes décisions pour revigorer les institutions déjà en place, clarifier le combat politique et tracer un programme d’action avec les structures redéfinies rationnellement pour soutenir et accroître la lutte jusqu’à la victoire finale.
En ce 20 août donc, de l’année 1956, date historique au cours de laquelle s’est tenu le premier Congrès qu’a connu l’Algérie combattante, l’organisation de l’ALN fut précisée et celle du FLN codifiée. Les assises ont dégagé, en plus des résolutions pour l’avenir de la lutte, deux importantes institutions représentées par le Comité de coordination et d’exécution (CCE), composé de 5 membres, et par le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), composé de 34 membres. Il est inutile de dire, également, comme pour toutes les instances de la Révolution, que ces deux organes ont été formés essentiellement de jeunes. Nous le confirmons par une déclaration de M’hamed Yazid, faite le 13 avril 1960, en s’adressant au Séminaire de la jeunesse africaine :
«Notre armée de Libération nationale est une armée composée, dans de très fortes proportions, de jeunes, 90% environ. Les cadres du FLN sont des jeunes, dans une proportion également très importante. Et l’on peut dire que de nombreuses unités de l’ALN, de même que la plus grande partie de l’organisation active du FLN, dans les villes et dans les campagnes, se compose aujourd’hui de jeunes qui, au moment où la révolution algérienne a éclaté, le 1er Novembre 1954, n’avaient que quinze ou seize ans…»(12)
C’est dire que si nous éprouvons aujourd’hui une certaine fierté en parlant de la jeunesse, de sa mobilisation, de sa participation effective et de ses exploits, ceci n’est que justice. Les victoires remportées sur le terrain, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, n’ont fait qu’aiguiser son ardeur car elle voyait pointer à l’horizon les lueurs d’une ère nouvelle, l’ère de la liberté et de la paix. Il est certain que dans le climat de répression féroce qu’opposait le colonialisme à notre peuple, la jeunesse répondait par un esprit de sacrifice total et par un espoir de plus en plus grand.
«Avoir pour soi la jeunesse», écrivait El Moudjahid n° 27du 22 juillet 1958, «c’est être en mesure de gagner la partie, surtout dans un pays où la jeunesse représente plus de la moitié de la population». En effet, parce que les pionniers de la révolution algérienne étaient de jeunes patriotes rompus depuis des années aux méthodes de la lutte clandestine, joignant à leur expérience politique la connaissance profonde de notre passé et des grandes révolutions dans le monde, dont les figures de proue leur étaient familières… Ils étaient donc bien armés pour guider les enseignements nouveaux d’une expérience incomparable.
De ce fait, l’année 1956 ne se termina pas sans montrer au monde entier la détermination de nos jeunes et vaillants combattants et, par ailleurs, les atrocités de l’armée dite de pacification qui, pour répondre aux offres de paix du FLN(13), opposait une singulière conception de reniement du problème algérien. Car, la position française n’avait pas changé d’un iota depuis la déclaration de François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur. N’était-ce pas lui qui disait péremptoirement devant les maires d’Oran : «De toute manière, je peux l’affirmer, la présence française sera maintenue dans ce pays !» ?
Aucune ouverture sur la paix. Bien au contraire, le mutisme le plus total était observé comme si la guerre d’Algérie n’était qu’un soulèvement d’une quelconque tribu, pour une simple délimitation de terrain. Pourtant, les gouvernants français de l’époque s’illustraient dans notre pays par tant d’exactions et ne pouvaient cacher leur crainte quant au développement dangereux de la crise puisqu’ils faisaient appel aux troupes, votaient des budgets de guerre et instauraient l’état d’urgence dans tout le pays.
Le «dernier quart d’heure» de Lacoste
Nous n’allons pas oublier de signaler deux événements qui méritent d’être cités. A travers le premier, il faut dire à nos jeunes comment une nation civilisée comme la France a pu laisser un gouvernement la discréditer au point d’être la première au monde qui a été à l’origine de la création de la piraterie aérienne. C’est en effet le 22 octobre de l’année 1956 qu’un avion qui transportait de hauts dirigeants du FLN pour rejoindre Tunis et assister à une importante conférence fut kidnappé par le gouvernement français de Guy Mollet. Robert Lacoste, alors ministre résident à Alger, s’est chargé de l’opération ou plutôt de cet acte de banditisme international. Pour ce qui est de cette opération de kidnapping, il faut se rappeler la toute première trahison française, celle du détournement du bateau à vapeur l’Asmodée, transportant l’Émir Abdelkader, à Alexandrie ou à Akka (Saint-Jean d’Acre), comme convenu avec le fils du roi Louis-Philippe, le Duc d’Aumale. Ce bateau a accosté à Toulon, le 29 décembre 1847, et l’Émir et sa suite ont été embastillés au fort Lamalgue, pour être affectés, en tant que prisonniers, dans les dépendances des châteaux de Pau et d’Amboise…
Le second événement qu’il faudrait leur raconter, c’est cette géniale idée ou cette magnifique trouvaille du même ministre résident qui, le 20 novembre de la même année, parlait du «dernier quart d’heure». Cela a été perçu comme une bouffonnerie, tant du côté des combattants algériens qui connaissaient la réalité sur le terrain, que du côté des colonialistes les plus obstinés qui commençaient à reconnaître que la solution militaire française avait fait définitivement faillite. À cette assurance de Robert Lacoste qui se disait «socialiste», un de nos jeunes combattants répondait dans l’éditorial d’El Moudjahid n°3, dont nous reproduisons un extrait : «Persistez dans vos erreurs et vous aurez à coup sûr votre Dien-Bien-Phu. Nous ne désespérons pas, à notre tour, de faire revenir la France à une conception plus saine, plus juste et plus conforme à la réalité. Cela exigera sans doute une lutte plus longue, plus difficile et plus meurtrière. De toute notre âme et de toutes nos forces, nous nous y préparons. Les jours qui viennent en convaincront peut-être Lacoste et consorts qui, pour la paix de leur mauvaise conscience, tournent délibérément le dos aux réalités.»
Ainsi, par le «dernier quart d’heure», les colonialistes voulaient mettre tout leur poids pour exterminer les nationalistes et, par voie de conséquence, signer l’arrêt de la Révolution. Ils ont utilisé des méthodes inhumaines qui, non seulement, ont soulevé la répugnance du peuple, tout en le mobilisant davantage, mais suscité de vives critiques dans les milieux progressistes français. Une autre idée géniale de Robert Lacoste était la nomination du général Massu, un sinistre sanguinaire, avec sa 10e division parachutiste de l'armée française pour surveiller, ou plutôt «casser» le FLN et tous ses partisans dans toute l’agglomération algéroise, dans une opération qu’ils ont convenu d’appeler la «Bataille d’Alger».
Les intellectuels progressistes ont dénoncé la torture
Le général Massu s’est fait aider par les non moins sinistres, le colonel Godard et le capitaine Léger. Par ailleurs, le général Bigeard et ses «paras» ont excellé dans la pratique de la torture, dans de véritables «usines» des détachements spécialisés. D’ailleurs, il ne fut pas le seul à utiliser ces méthodes car, avant lui, en 1945, l’armée coloniale dont il était le digne représentant a eu le privilège de nous faire connaître à quel point elle était sauvage. Bigeard et les autres n’ont pas cessé de démontrer au peuple algérien combien ils étaient spécialistes dans ces atrocités que ni la morale ni le respect de l’homme ne peuvent accepter.
Pour cela, nous n’étions pas les seuls à rejeter et à dénoncer la torture. Il y a eu des voix qui se sont élevées en France pour la condamner avec une extrême indignation. Des intellectuels et des politiques l’ont condamnée avec force et au nom de leur foi. C’étaient les Jean-Paul Sartre, André Malraux, Martin du Gard, François Mauriac, le général Paris de Bollardière. Ce dernier demandait à être relevé de son commandement et, dans une lettre au journal l’Express, dénonçait «l’effroyable danger qu’il y avait à perdre de vue, sous prétexte d’efficacité immédiate, les valeurs morales».(14)
L’historien Pierre Vidal-Naquet lui aussi dénonçait la torture et donnait même des précisions sur des faits concrets qui se sont déroulés. Henri Marrou, professeur à la Sorbonne, publiait dans le Monde du 5 avril 1956 un long article dans lequel il mettait en garde l’opinion publique française ainsi que le gouvernement contre les risques de la poursuite d’une guerre aussi affreuse que sale et contre les moyens employés en Algérie, à la faveur des pouvoirs spéciaux. Il écrivait en substance : «Passant à la torture, je ne puis éviter de parler de ‘’Gestapo’’.
Partout en Algérie, la chose n’est niée par personne. De véritables laboratoires de torture ont été installés, avec baignoire électrique et tout ce qu’il faut, et cela est une honte pour le pays de la Révolution française et de l’affaire Dreyfus. Je ne puis sans frémir penser au jour où je fus chargé de représenter le gouvernement de la République à une exposition organisée par l’Unesco, en l’honneur de la déclaration des droits de l’Homme ; il y avait là tout un panneau consacré à l’abolition, et non, ô hypocrisie, au renouveau de la torture judiciaire.» Jules Roy également s’insurgeait contre cette pratique et accusait le général Massu de grand tortionnaire.
Les jeunes dans la continuité du combat…
Alors, les jeunes intensifiaient leur combat, ce qui signifiait clairement la réponse au mépris du colonialisme qui redoublait de violence et qui ne voulait pas essayer de pénétrer les voies de la paix, malgré les promesses du gouvernement Guy Mollet. Oui, les jeunes combattaient sans relâche, avec la volonté et le courage qui étaient leurs maîtres-mots, malgré le durcissement des positions des colonialistes à l’égard des nationalistes et leurs conséquences par les dépassements commis tous les jours, comme les exécutions sommaires en des simulacres de disparitions ou de suicides. Pour cela, l’un des proches de Lacoste(15) disait bien plus tard : «Bien entendu, comme toujours, on ne choisit qu’entre des inconvénients. Il était à prévoir que des abus se commettraient, sans bien sûr pouvoir en évaluer l’importance...»
La persistance des jeunes au combat signifiait également le passage à un autre visage de l’Algérie en guerre, par une lutte implacable contre les velléités d’un gouvernement qui persistait, malgré plusieurs victoires diplomatiques, déjà enregistrées en ces temps, à contraindre à la reddition, ce qu’il appelait les rebelles, les hors-la-loi ou les fellaghas.
En réalité, cette Algérie combattante se voulait plus offensive, même dans les villes, afin de créer une véritable psychose au sein des Européens et élargir le champ d’action de la révolution pour contribuer à la perturbation au maximum de la situation en France sur les plans économique et social, dans le but de rendre impossible la continuation de la guerre. Pour ce faire, il fallait lui donner un cadre pour s’exprimer et ce cadre ne pouvait être, concernant la capitale, que la confirmation de l’autorité de la Zone autonome d’Alger qui fut confiée à l’un des grands, Larbi Ben M’hidi, assisté sur le plan militaire d’un jeune de l’époque, Yacef Saâdi.
La «Bataille d’Alger» a été un tournant décisif dans l’histoire de la Révolution et des jeunes, beaucoup de jeunes recrutés parmi les enfants du peuple furent les héros de cette épopée qui a fait «avancer le problème sur le triple plan, algérien, international et français»(16). Et malgré la liquidation de Larbi Ben M’hidi par le sinistre Bigeard et le réseau des «bleus de chauffe», des anti-FLN du capitaine Léger, malgré l’exécution des condamnés à mort, les assassinats de civils et les atrocités contre les populations de zones éparses, le «dernier quart d’heure» n’a pas eu lieu et, par un caprice de l’Histoire, s’est prolongé jusqu’à la date que l’on connaît.
Dans ce cadre, le FLN connaissait les thèses de la propagande française sur la Révolution de notre pays. Il savait que les colonialistes imaginaient notre lutte comme une révolte d’inspiration étrangère ou comme une révolte de la faim ou peut-être comme une révolte sans aucune essence politique. C’est là où ils se trompaient.
Le peuple, dans sa totalité, adhérait aux mots d’ordre du FLN et la jeunesse était aux premières lignes pour appliquer toutes ses décisions et démontrer qu’elle ne manquait ni d’expérience, ni de vigilance et qu’elle ne pouvait être aveugle pour nourrir quelque chimère, du côté de l’ennemi. Nous avons dit que le peuple se mobilisait dans sa totalité mais il est évident que nous n’avons jamais compté ces marginaux, parmi les harkis et autres, qui ont été pris en charge par l’armée coloniale et qui ont existé dans toutes les révolutions du monde. Et dans ce bouillonnement populaire, même les officiers algériens qui demeuraient encore sous l’étendard français ne voulaient accepter «l’extermination de tout ce qui était musulman». Ils écrivaient ainsi, dans une lettre au président de la République française et à d’autres hauts dignitaires du régime colonial et à Robert Lacoste, en ces termes : «à cela nous avons une réponse : la résistance farouche de tous, par l’union et le dévouement sans bornes à la cause sacrée qui reste l’indépendance. Notre bonheur c’est cela et il n’est écrit nulle part que ce sera la France qui nous le donnera, car nous savons que la France officielle ne lâche pas si facilement ses bonnes proies… Tant qu’il s’est agi de défendre la France contre un ennemi étranger, vous conviendrez que nous n’avons pas manqué de franchise et de courage. Mais maintenant ce courage n’osera jamais avoir pour but de tuer nos frères. Vous-mêmes, dans votre for intérieur, vous nous prendriez pour des traîtres. Chacun aujourd’hui doit prendre ses responsabilités morales.»
La Révolution se poursuivait sous l’impulsion d’une direction politique collégiale, le CNRA. Le peuple se mobilisait davantage tout en refusant l’horreur de la répression qui s’abattait sur lui. On comprend mieux, dans ce contexte, sa réplique consciente par son attachement aux orientations du FLN. La preuve fut donnée aux colonialistes pendant la grève des huit jours, du 28 janvier au 04 février 1957, où le peuple unanime démontrait la fragilité de «l’édifice mensonger de la propagande ennemie». Cette grève venait pour confirmer et conforter le nationalisme de toutes les couches sociales de notre pays, pour «plébisciter le FLN et clamer à la face du monde leur ferme décision de vivre libres ou mourir. Après trois années de lutte, de souffrance et de sacrifice, l’honneur et la dignité de la patrie furent sauvés, lavés dans le sang, la sueur et les larmes d’un peuple jeune, assoiffé de liberté». En effet, la plus haute institution du monde abordait la question algérienne en 1957.
Par deux fois, l’Assemblée générale des Nations unies(17), qui semblait être préoccupée par la continuation de la guerre dans notre pays, «exprimait l’espoir qu’une solution pacifique, démocratique et juste serait trouvée par des moyens appropriés, conformément aux principes de la Charte des Nations unies».
Ce n’est qu’une année plus tard, au cours de la 13e Assemblée générale, en décembre 1958, que l’ONU a reconnu le droit du peuple algérien à l’indépendance. Cela veut dire, tout simplement, qu’elle a dit oui à l’Algérie indépendante et non à la politique française. Ce vote, écrivait El Moudjahid le 24 décembre 1958, constitue un succès éclatant du peuple algérien sur le plan international. Il constitue aussi une cinglante condamnation de la diplomatie française, entièrement mobilisée pour obtenir des appuis à la politique algérienne de son gouvernement.
Le problème algérien étant posé devant le monde entier, nos jeunes redoublaient d’effort pour se libérer de cette emprise qui les souillait mais qui augmentait cependant, de jour en jour, leur attachement aux valeurs de Novembre. Malgré les représailles contre les civils, l’intensification de l’action militaire, la création de «zones interdites» et de «camps de regroupement», les massacres de populations(18), le vote de pouvoirs spéciaux pour les généraux en place, la mascarade du 13 mai, avec la «fraternisation» et la création de Comités de salut public, des jeunes sans complexe, animés d’une volonté de fer, poursuivaient le combat dans les maquis, dans les villes et ailleurs dans les couloirs de la diplomatie.
Le jeune Ben Saddok, par un acte de bravoure, a su montrer à Paris (Colombes), dans la capitale même du colonialisme, combien était juste notre cause et combien était courageuse notre entreprise. Il a exécuté la sentence du FLN sur le traître Ali Chekkal, au moment même où d’autres jeunes héros, le chef de la Wilaya VI, Ali Mellah, tombait au champ d’honneur, avant lui Ben M’hidi, assassiné par Bigeard, dans sa cellule, Hassiba Ben Bouali, Ali La Pointe, de son vrai nom Ali Ammar, Mahmoud Bouhamidi et Omar Yacef, dit Petit Omar, tombaient en héros, dans un des quartiers de la légendaire Casbah, pour avoir refusé de se rendre aux soldats français. Il y en a eu d’autres, des milliers évidemment, connus ou anonymes qui, arrêtés ou condamnés à mort, comme Ahmed Zabana ou Taleb Abderrahmane(19), ont écrit cette glorieuse Histoire de notre lutte de Libération nationale.
K. B. 

NOTES :
11) SAS (Section administrative spécialisée). Elles disposaient d’un détachement de protection autochtone que composaient les «Mokhazni» et les harkis.
12) M’hamed Yazid, ministre de l’Information du GPRA depuis le 19 septembre 1958
13) La 2e offre de paix et de solution pacifique du FLN … Journal le Monde du 16 septembre 1956
14) La guerre d’Algérie, par Patrick Eveno et Jean Planchais. Ed Laphonic, Alger
15) Pierre Maisonneuve, coordinateur des cabinets civil et militaire de février 56 à mai 58
16) Benyoucef Benkhedda, ancien Président du GPRA, dans une interview
17) ONU, l’Assemblée générale le 15 février 1957 et celle du 10 décembre 1957
18) Un exemple : 112 Algériens, femmes et enfants, ont été massacrés dans une grotte à la grenade les 4 et 5 mai à Kouif
19) Taleb Abderrahmane a été guillotiné le 24 avril 1958, cette date connue pour être «La journée internationale de la jeunesse contre l’impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme, le sionisme, le racisme et l’apartheid».


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