Algérie

18e report de l?élection présidentielle au Liban




Un blocage total La séance parlementaire d?élection du président libanais prévue pour aujourd?hui mardi a connu le même sort que les 17 séances précédentes : un report pur et simple. Le Liban est sans président depuis la fin du mandat de l?ex-chef de l?Etat, Emile Lahoud, le 24 novembre 2007, en raison des profonds désaccords sur les mécanismes de partage du pouvoir entre majorité et opposition. Un désaccord que ni le dialogue interne ni l?initiative de la Ligue arabe n?ont pu régler. En visite à Beyrouth, le secrétaire d?Etat adjoint américain chargé du Moyen-Orient et de l?Afrique du Nord, David Welch, a affirmé samedi que « les États-Unis ne sont pas favorables au statu quo actuel et qu?un chef de l?État doit être élu le 22 avril », tout en déplorant le fait que « certaines parties aient semé la discorde au sein de la communauté chrétienne ». Il cible à coup sûr le général Michel Aoun, chef du Courant patriotique libre, allié du Hezbollah et d?Amal dans le camp de l?opposition. « Certaines parties, qui ont été influencées par l?étranger, ont unilatéralement entrepris des démarches pour bloquer ce processus politique afin de faciliter (l?aboutissement) de leurs propres objectifs ainsi que ceux de leurs alliés », a poursuivi M. Welch. Réagissant à ces propos, celui qui croit en être la cible, c?est-à-dire Michel Aoun, souligne que « la visite de Welch, qui a désormais son parti au Liban, est un événement anormal. L?on n?a jamais vu d?ingérence aussi ostentatoire ». Ce leader, chrétien maronite, a considéré qu?il « est la cible des attaques du camp progouvernemental et des Etats-Unis », car il était le « seul à défendre la véritable souveraineté du Liban ». Pour Aoun, « les Américains cherchent à nous isoler et à séparer le CPL du Hezbollah pour empêcher l?entente interlibanaise. Ceux qui nous accusent d?être responsables du vide institutionnel doivent savoir qu?ils n?ont pas le droit de disposer du sort des chrétiens, car leur présence au pouvoir était synonyme de vide pour les chrétiens », a-t-il lancé. De son côté, l?ancien président, Amin Gemayel, de la majorité, chef suprême du Parti des phalangistes, s?est attaqué aux député du CPL de Aoun : « Quant aux députés chrétiens qui entravent la présidentielle, je ne sais pas s?ils agissent de leur propre gré ou sous la pression. Aucun responsable raisonnable prétendant s?opposer à la marginalisation des chrétiens ne peut empêcher l?élection d?un chef de l?Etat. Les initiatives qui se déroulent dans certaines régions sont louables et aideront les députés chrétiens à comprendre que leurs intérêts électoraux sont en jeu. » Le Hezbollah, pour sa part, a réagi à la visite de M. Welch aussi négativement que Michel Aoun. Un membre du conseil politique du Hezbollah s?est interrogé samedi sur le fait de savoir « quel est le secret de l?amour passionné qui lie l?administration américaine au (Premier ministre) Siniora et au gouvernement libanais ». « David Welch s?est effrontément immiscé dans les affaires libanaises », a-t-il ajouté, s?étonnant de « la frivolité politique dont font preuve certaines parties face aux émissaires étrangers ». Le désaccord entre majorité et opposition peut se résumer ainsi : la majorité gouvernementale veut faire élire, d?abord, le président de la République, le chef de l?armée Michel Sleiman, pour ensuite s?attaquer à la question de la formation équilibrée de l?Exécutif et à la loi électorale. L?opposition, de son coté, insiste sur une « corbeille » de solutions : l?élection du Président, la formation du gouvernement qu?il soit d?union ou de transition et la révision de la loi électorale en un seul mouvement. D?où le blocage depuis novembre dernier. Un blocage condamné à perdurer en multipliant les vacances de pouvoir.Car en août prochain, le chef de l?armée, le général Michel Sleiman, remettra sa démission, et sa succession posera problème car celui qui devait prendre sa place, le général François Hajj, a été assassiné en décembre 2007. En outre, les désaccords autour de la loi électorale font craindre un éventuel report des législatives de l?été 2009. « Cette loi est un enjeu majeur, car le fond de la crise est la volonté de redéfinir à qui appartient le pouvoir au Liban », expliquait, à l?AFP, Sami Salhab, professeur de droit public à l?Université libanaise. « Est-il possible que les différentes échéances, y compris les législatives, soient reportées tour à tour, et que le Liban n?ait à ce moment-là ni président, ni députés ? », demande le quotidien An Nahar, paru samedi dernier. Emile Khoury, éditorialiste libanais, a écrit dans L?Orient Le Jour que le président du parlement Nabih Berri, un des ténors de l?opposition, avait indiqué que dans quatre mois, « on ne pourra plus parler d?un cabinet d?union nationale, mais se mettre en quête d?un cabinet neutre devant superviser les prochaines législatives ». « Dans la foulée de ce constat, des professionnels estiment préférable d?explorer sans tarder cette piste, de commencer à discuter l?idée, à la négocier en coulisses, à en clarifier les mécanismes de réalisation, car ses embranchements possibles, ses perspectives sont multiples », estime l?éditorialiste. Nabih Berri, qui a entamé une tournée dans certaines capitales arabes, a déjà appelé à des rounds de dialogue entre les différentes parties, mais la majorité dénonce toujours les options de l?opposition. Mardi, la réunion des pays voisins de l?Irak, prévue au Koweït, devra englober un mini-sommet autour du Liban. Mais peu d?espoir est permis, vu les enjeux internes et régionaux.


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