La gravure Marché aux esclaves d'Alger de Jan Luyken, datée de 1684, illustre une scène de vente d'esclaves chrétiens sur une place publique à Alger. Jan Luyken, un artiste hollandais, a créé cette œuvre pour accompagner l’ouvrage Histoire de Barbarie et de ses corsaires de Pierre Dan, publié en 1684 à Amsterdam. La gravure, mesurant 1804 x 1052 pixels, montre des prisonniers européens, appelés « esclaves chrétiens », exposés et vendus dans un marché animé, une pratique courante dans la régence d’Alger sous domination ottomane à cette époque.
Contexte historique
Alger, au XVIIe siècle, était un centre majeur de la traite des esclaves de Barbarie, qui ciblait principalement des Européens capturés lors de raids côtiers ou d’attaques maritimes par les corsaires barbaresques. Ces captifs, originaires de nations comme l’Italie, l’Espagne, la France ou encore l’Irlande, étaient vendus sur des places comme celle du Batistan à Alger. Les hommes robustes étaient souvent destinés à devenir galériens, tandis que d’autres pouvaient être rachetés contre rançon ou, dans certains cas, se convertissaient à l’islam pour améliorer leur sort. On estime qu’entre 25 000 et 35 000 captifs étaient présents dans la région à l’époque de Khayr ad-Din Barberousse, au XVIe siècle, et cette pratique a perduré jusqu’au début du XIXe siècle.
Description de la gravure
La scène dépeint un marché animé où des captifs, hommes et femmes, sont présentés à des acheteurs. Les détails montrent l’humiliation des prisonniers, souvent dénudés ou en haillons, tandis que des marchands et des spectateurs, vêtus à la mode locale, évaluent les captifs. L’architecture et les costumes reflètent une tentative de réalisme, bien que Jan Luyken n’ait probablement jamais visité Alger lui-même, s’appuyant sur des récits et des descriptions de l’époque. La gravure est marquée en haut à droite avec l’inscription « fol: 384 », indiquant sa place dans l’ouvrage de Pierre Dan.
Signification culturelle
Cette œuvre témoigne de la fascination et de l’effroi des Européens face à la piraterie barbaresque, qui était une menace constante en Méditerranée. Les récits de captivité étaient populaires à l’époque, et des gravures comme celle-ci servaient à la fois à informer et à sensibiliser le public européen. Elle reflète également les tensions religieuses entre chrétiens et musulmans, les captifs chrétiens étant souvent perçus comme des victimes d’un système d’esclavage perçu comme particulièrement cruel.
Conservation
La gravure est conservée au Rijksmuseum d’Amsterdam, où elle est accessible sous la référence RM0001.COLLECT.143014. Elle reste un document historique important pour comprendre les dynamiques de la traite des esclaves en Méditerranée au XVIIe siècle.
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Posté par : patrimoinealgerie