Alger - 05- La période Ottomane

Ces juifs d’Algérie convertis à l’islam



Ces juifs d’Algérie convertis à l’islam
L’historiographie et les récits de voyageurs ou des frères rédempteurs ayant séjourné dans la régence d’Alger, ont rapporté les conditions et circonstances qui avaient conduit des prisonniers chrétiens à se convertir à l’islam, pour s’intégrer, soit à la milice ottomane (odjak), soit à la corporation des corsaires ou encore, mais dans une moindre mesure, à la population civile.

Ces apostats désignés « renégats » par les ecclésiastiques, étaient appelés par les ottomans EULDJ` (EUDJIA pour la femme*), un terme générique qui caractérisait aussi un esclave chrétien blanc.

Un autre groupe de prosélytes moins connu est celui des juifs qui ont adopté l’islam*. Ils étaient désignés par le terme ISLAMI (ISLAMYYA pour la femme)

La communauté juive en Algérie (la Régence d’Alger) était divisée essentiellement entre les indigènes, dont une partie s’était établie sur place depuis l’antiquité, et une autre partie comprenant des bannis d’Espagne, et des originaires de Livourne en Italie (Grâna, pluriel de Gûrnî, Livournais, appelés aussi « juifs Francs »), dont les tristement célèbres, Busnach et CohenBacri qui avaient berné le Dey Hussein, avec la transaction du blé algérien demeuré impayé.

Si les juifs livournais bénéficiaient d’un statut d’Européens, et étaient sous la protection du consulat de France, en revanche, les juifs autochtones avaient le statut habituel de non musulmans dans un pays musulman, c’est à dire celui de dhimmî (« protégés »).

La dhimma avec ses discriminations mais aussi sa tolérance de principe, ses garanties et une dose d’autonomie, est un statut qui place les Gens du Livre (ahl el kitab)** sous la responsabilité de l’État musulman, qui doit donc, garantir leur protection.

Il ne serait pas déraisonnable de supposer que certains facteurs favorables à la conversion à l’islam, s’inscrivaient par le désir d’échapper au paiement de la capitation (djizya) et à la situation de subalterne qui leur était réservée ad vitam aeternam***.

Outre l’imposition, de se différencier des musulmans par leur tenue vestimentaire, les dhimmî devaient également leur montrer du respect, ce qui passait par une pratique discrète de leur propre religion, par l’impossibilité de construire ou reconstruire des bâtiments religieux, par l’interdiction d’attaquer un musulman, d’acheter un de ses esclaves ou un de ses prisonniers et d’avoir des vues sur sa maison ou ses biens, par l’obligation de céder son siège à tout musulman qui voudrait s’asseoir, par celle d’héberger tout voyageur musulman qui le souhaiterait, et par l’interdiction formelle de garder secrètes des informations concernant des actes qui pourraient nuire aux musulmans.

Farid Ghili

*voir article n°8 de la série « restons gaa fe dar » : ALDJA l’odalisque

** Y compris à l’origine les chrétiens.

***Abdallāh ibn Salām serait le premier juif converti à l’islam à Médine, en 622, après sa rencontre avec le Prophète Mohamed.

Image à la Une : Synagogue Sanya à Alger- Musée d’art et d’histoire du judaïsme.
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