Jusqu'à le motivé, uni autour de l'assiette, les idées claires et la parole heureuse, le milieu des lobbyistes algériens d'Alger et de leurs réseaux ruraux, est victime d'un gros instant de flottement, à moitié idéologique, à moitié sécuritaire. Et pour cause: si pendant de longues années, il suffisait de soutenir Belkhadem pour se sentir sous l'ombrelle douce de la conformité, ou de «casser» du RND pour démontrer une efficacité et une alliance, ce n'est plus le cas aujourd'hui. «Il suffit d'une simple réponse à une invitation à dîner, d'une rencontre fortuite ou de quelques amitiés faites par téléphone, pour être rangé, étiqueté et classé dans un camp ou dans l'autre», expliquera au chroniqueur un brillant lobbyiste. La solution étant donc une sorte de position en retrait, souriante pour tout le monde, sans engagement et sans imprudence mondaine.
La même indécision sur les dés de l'avenir et les hommes qui vont sortir gagnants de ce flou national, traversent un peu les champs éditoriaux, les conseils d'administrations, les restaurants les plus connus à Alger, quelques régions de naissance pour quelques prénoms de la RADP, les amabilités des plus grands industriels du pays et même les invitations les plus banales entre notables du village X de la région Y pour la circoncision, la plus jet-set du moment.
Sans indicateurs de positions fiables, tout le monde a un peu peur et se méfie de ses propres enthousiasmes, passibles de BRQ clandestins irrattrapables.
Pour les passagers de cette zone de turbulence, il faut donc attendre quelques mois pour pouvoir comprendre et aller au-delà de ce que disent les journaux ou les téléphones et patienter jusqu'à la nouvelle distribution des points de force et des postes pour se refaire une santé. Pour le moment, coincé entre la barbe disgraciée et la moustache revenue à la vie par la grande porte, l'été est là pour faire oublier un peu les concubinages partisans. Le sport n'est pas propre à l'Algérie uniquement, ne signifie pas une malhonnêteté fondamentale mais seulement une sorte de vitalisme pour une élite dépourvue des moyens techniques de l'institution mais forte de son simple flair, né au maquis, il y si longtemps, affûté par les années Boumédiène et rendu nécessaire par l'économie de la distribution. Le flou national étant, lui aussi, exacerbé par ces pratiques de sphinx dont raffole apparemment la présidence de la RADP, augmentant la tension du film, les terreurs douces, les rumeurs de nouvelles listes et les paris hasardeux sur ce que peut faire vraiment le Grand lui, troisième personne du singulier, première personne de la collectivité qui dirige en se dirigeant vers on ne sait où.
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Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com