Cet article de Francisco Velasco Hernández, publié dans la Revista de Historia Moderna (2015), analyse l’activité corsaire d’Alí Bitchín, un renégat vénitien devenu chef influent de la taifa des arráeces à Alger, et ses campagnes de pillage sur les côtes d’Alicante et de Murcie dans les années 1630. Cette décennie, marquée par une intensification des raids berbères, voit les galères d’Alí Bitchín semer la terreur dans le sud-est espagnol, profitant de la prospérité commerciale des ports comme Alicante et Carthagène.
L’essor du corso berbère, amorcé dès 1610 avec l’introduction de navires à voiles par des pirates européens, est revitalisé sous Alí Bitchín, qui redonne un rôle clé aux galères à rames. Ces dernières, plus adaptées aux attaques côtières que les navires de haut bord, ciblent les petites localités et les tours de défense, capturant esclaves et marchandises. Les raids s’intensifient à partir de 1631, visant les tours d’Águilas, Torrevieja, Cabo Roig, et culminent en 1637 avec l’attaque dévastatrice de Calpe, où 302 habitants, principalement femmes et enfants, sont capturés.
Les autorités espagnoles, souvent débordées, peinent à organiser une défense efficace face à la mobilité des galères corsaires. La destruction des tours côtières, comme celles de Cabo de Palos en 1637, reflète une stratégie délibérée de désarmement des défenses locales. Cette vague de violence, exacerbée par des représailles mutuelles, atteint son apogée avant de décliner après la défaite d’Alí Bitchín à Valona (1638), où la flotte vénitienne détruit la majorité de ses galères. Dès 1639, une relative accalmie s’installe sur les côtes espagnoles, bien que des galères turques continuent d’opérer sporadiquement.
L’étude, appuyée par des sources d’archives (Simancas, Aragon, municipalités locales), souligne la vulnérabilité des côtes espagnoles et la puissance d’Alí Bitchín, dont la fortune repose sur le trafic d’esclaves. Elle met également en lumière les tensions entre Alger et l’Empire ottoman, culminant avec la mort mystérieuse de Bitchín en 1645, possiblement assassiné, marquant un tournant vers l’autonomie des régences berbères.
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Posté par : patrimoinealgerie