En 1637, la ville côtière de Calp, située sur la Costa Blanca dans la région de Valence, fut la cible d’un raid mené par le corsaire Ali Bitchin, une figure influente de la régence d’Alger. Ali Bitchin, de son vrai nom Ali Piccini, était un Italien converti à l’islam qui s’était hissé au rang de chef de la milice navale d’Alger. À la tête d’une flotte pouvant atteindre 60 navires, il était connu pour ses opérations de piraterie à grande échelle contre les côtes européennes, selon des récits historiques comme ceux rapportés dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II de Fernand Braudel (1949).
Au début de l’année 1637, une lettre en provenance d’Alger, rédigée par un captif originaire d’Alicante, parvint à la cour de Philippe IV. Elle signalait un projet d’attaque contre les côtes valenciennes, visant notamment Calp et San Juan, avec une flotte de neuf galères déjà en route. Les autorités espagnoles, alertées, firent circuler l’information, ce qui poussa Ali Bitchin à modifier ses plans. Il détourna temporairement son assaut vers Gênes, ville qui subit les conséquences de cette première expédition.
Fin juillet, la flotte d’Ali Bitchin fut repérée près de Formentera par des guetteurs d’Ibiza, selon des archives historiques locales. Sept galères, transportant environ 1 300 hommes, étaient prêtes à agir, avec 800 d’entre eux préparés pour un débarquement. Un déserteur d’Alicante, passé au service des corsaires, fournissait des informations précises sur les défenses de Calp, Benissa et Teulada Moraira. Les assaillants disposaient également d’échelles permettant de franchir les murailles des villes visées.
Le 2 août, une tentative d’avertir Dénia échoua, le navire messager n’atteignant jamais sa destination. Le lendemain, à l’aube du 3 août, les forces d’Ali Bitchin attaquèrent Calp. Grâce à leurs échelles, ils escaladèrent les murs et pénétrèrent dans la ville par plusieurs points d’entrée. La défense locale fut rapidement submergée : 16 habitants furent tués, et 302 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, furent capturées après s’être réfugiées dans une tour de la ville.
Les captifs furent emmenés à Alger, où ils furent vendus comme esclaves, une pratique courante documentée dans des ouvrages comme Christian Slaves, Muslim Masters de Robert C. Davis (2003). Les renforts des villes voisines, tels que Benissa et Teulada Moraira, arrivèrent après le départ des corsaires, ne trouvant qu’une ville vidée de ses habitants. Quelques rescapés, absents lors de l’attaque, échappèrent à la capture.
En 1642, après plusieurs années de captivité, des négociations permirent la libération d’une partie des prisonniers, contre un paiement en or et un échange de captifs barbaresques. Les derniers habitants de Calp retrouvèrent leur ville en 1646, après neuf ans d’absence, selon des registres historiques de la région.
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Posté par : patrimoinealgerie