Alger - Revue de Presse

Le marché du rond à béton dans tous ses états



Le marché des matériaux de construction connaît actuellement d'importantes perturbations. A l'origine, des augmentations de prix du rond à béton, un produit de grande utilisation dans le bâtiment et les travaux publics. Le rond à béton est cédé à près de 8.700 dinars le quintal au prix de gros. Au marché de détail et en l'espace d'une semaine, le prix du rond à béton avait grimpé jusqu'à 12.000 dinars le quintal pour le 8 mm. « Les augmentations de prix du rond à béton provoquent toujours la hausse de la demande sur ce produit. Les entreprises et les commerçants grossistes achètent des quantités énormes pour les stocker en prévision d'une nouvelle hausse des prix », explique un spécialiste du marché du rond à béton. L'envolée des prix fait craindre le pire aux entreprises et promoteurs immobiliers. Ces derniers redoutent les effets négatifs sur les prix des logements en cours de construction. La récente perturbation sur le marché du rond à béton s'explique en fait par deux facteurs. La hausse des prix sur le marché mondial et la spéculation sur le marché intérieur, complètement désorganisé. Pour l'Algérie, qui importe une partie de ses besoins en rond à béton (RAB), un autre facteur a davantage compliqué la situation. Il s'agit de la fermeture du marché ukrainien aux importateurs algériens, effective depuis le rachat il y a quelques années par Arcelor-Mittal de la principale usine sidérurgique ukrainienne. Ce rachat a définitivement mis fin au RAB bon marché des pays de l'Est européen. L'Ukraine constituait en fait le principal fournisseur de l'Algérie, avant l'arrivée d'Arcelor-Mittal. Le géant mondial de l'acier est présent dans notre pays via le complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Du coup, les importateurs sont obligés d'acheter en euros en Italie ou en Espagne, deux pays de l'Union européenne où l'acier est cher par rapport au RAB fabriqué en Ukraine. En même temps, la demande nationale a augmenté ces dernières années de façon spectaculaire, soutenue par le lancement d'importants projets d'infrastructures de base (construction de nouvelles lignes ferroviaires, autoroutes, barrages, des centaines de milliers de logements, entre autres). L'accroissement de la demande a provoqué des tensions récurrentes sur le RAB. La crise actuelle n'est pas la première. D'autant que le marché local n'obéit pas seulement aux fluctuations des prix de l'acier au niveau mondial, mais à des facteurs internes, notamment la demande et la spéculation. Le rond à béton est considéré par « les affairistes » comme une véritable machine à sous et un faiseur de milliardaires. Les quantités vendues et les gains réalisés sont souvent énormes. « La spéculation consiste d'abord à faire propager des informations auprès des détaillants et des grossistes sur la hausse prochaine des prix du RAB ou le contraire. Aussitôt, les importateurs se mettent à liquider leurs stocks par crainte de perdre de l'argent en cas de chute de la demande ou des prix. Mais au lieu de baisser avec l'augmentation de l'offre, les prix augmentent parce que les spéculateurs achètent au prix bas pour revendre au prix fort », ajoute le même spécialiste. Selon des importateurs, le marché du RAB est dominé par quatre grands intermédiaires répartis dans les principales régions du pays. « Ce sont des spéculateurs qui possèdent des moyens financiers énormes et des relations avec les détaillants. Ils font la pluie et le beau temps sur le marché du rond à béton. Leur métier consiste à acheter et vendre par téléphone, sans s'impliquer dans les détails du chargement et du déchargement. En fait, ils ne prennent aucun vrai risque financier, mais ils réalisent souvent des bénéfices énormes », explique un importateur. En fait, la force des spéculateurs réside dans leur bonne connaissance du marché local. « Les intermédiaires ne s'intéressent ni à la bourse ni au marché mondial. Ce sont des gens pragmatiques qui utilisent les données actuelles du marché local pour agir », explique l'importateur. En réalité, il est difficile de prévoir sérieusement la tendance du marché du RAB dans six mois ou huit mois. « On ne sait pas si ça va baisser ou non dans six mois. Ça dépend de beaucoup de facteurs comme la parité euro-dollar, la demande chinoise, etc. Pour la livraison en mai-juin, la tonne de RAB vaut actuellement entre 900 et 1.000 dollars tous frais compris », conclut l'importateur. L'absence de normes algériennes et la désorganisation du marché, dominé par les spéculateurs, compliquent davantage la situation et font alimenter rumeurs et tensions sur la disponibilité et le prix du produit. Pour les spécialistes du marché, la situation actuelle du marché du RAB ne peut pas durer longtemps. De grands investissements sont annoncés dans l'acier. L'égyptien El Ezz va investir plus de 750 millions de dollars dans une usine sidérurgique à Jijel. Le canadien Rio Tinto s'est allié avec un groupe algérien pour réaliser un nouveau complexe sidérurgique dans la région de Boumerdès. La venue de ces grands groupes devrait mettre de l'ordre sur le marché du RAB.
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