Belkacem Babaci : «Certains cercles en Algérie s'opposent au retour du Canon Baba Merzoug» Alger n'a toujours pas formulé de demande officielle pour sa restitution

La Fondation Casbah n'a toujours pas reçu de réponse de la part du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, trois mois après avoir été saisi, via une correspondance, au sujet de la restitution du mythique canon Baba Merzoug qu'abrite la région de Brest (France). C'est ce qu'a déclaré, hier, Belkacem Babaci, président de cette association activant pour la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel de la Casbah d'Alger, lors d'une conférence de presse. Ce qui confirme que les autorités algériennes n'ont toujours pas formulé de demande officielle à ce sujet auprès de leurs homologues françaises, contrairement à ce qu'avait prétendu, dans une déclaration précédente, une conseillère du ministre de la Défense français, M. Le Drian, cité par un quotidien régional français. Mardi, le directeur de la communication au ministère des Affaires étrangères, M. Belani, dont les propos ont été rapportés, hier, par la presse, a lui également nié la prétendue «demande officielle» algérienne. Auparavant, Ouest France, un quotidien basé à Brest, avait annoncé sur la base de dires d'une conseillère du ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drain, qu'une demande officielle avait été déposée par Alger, début juillet, au niveau du Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères, Ndlr) pour la restitution du célèbre canon rebaptisé par les Français La Consulaire. Une information vite démentie par le département de Laurent Fabius. Pourquoi une telle «polémique» ' Pour M. Babaci l'information publiée est l uvre d'«un journaliste attaché à sa région de Brest, dans une tentative de soulever une polémique et susciter le courroux des nostalgiques de l'Algérie française». Accompagné d'Abdelhamid Meziane, directeur de la communication à Algérie Télécom (AT), partenaire de la Fondation Casbah, M. Babaci a néanmoins soutenu déceler une «disponibilité» de part et d'autre, tant côté français qu'algérien, pour que le canon soit restitué à l'Algérie. Il croit dur comme fer que cette pièce d'artillerie sera bel et bien de retour à Alger après plus de 170 ans d' «exil». «On nous a promis de nous le restituer à l'occasion des festivités du cinquantenaire de l'Indépendance», souligne-t-il. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a salué l'initiative de la Fondation présidée par M. Babaci à laquelle il apporte son soutien. Si Belkacem Babaci ménage Ouyahia dont il a salué la disponibilité, il n'a pas par contre ménagé la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui avait déclaré que la demande de restitution ne lui incombait pas, arguant qu'elle est du ressort du ministère de la Défense nationale, l'artillerie étant protégée par le département de la Défense français, a rapporté l'orateur. Or, répond M. Babaci, cette pièce est bel et bien un patrimoine culturel. «Le canon n'appartient pas à la France, et ce n'est pas un trophée de guerre, le Canon était silencieux depuis 1816 bien avant que les Français ne s'en emparent en 1833.» Très remonté, Babaci a accusé «certaines parties» de s'opposer au retour du célèbre canon. Du côté français, M. Babaci affirme déceler une très bonne disponibilité, tant de la part des citoyens que des hauts cadres de l'Etat. Il dit attendre beaucoup des prochaines visites à la fois de Jean Pierre Chevènement, ancien chef de gouvernement, et Manuels Valls actuel ministre de l'intérieur du gouvernement de François Hollande. Les efforts de médiation entrepris par Yves Bonnet, ancien patron des services secrets français (DST), sont également salués par Babaci. Celui-ci s'est dit confiant quant au retour, «probablement à l'occasion des festivités du cinquantenaire de l'Indépendance», selon l'orateur reprenant les propos de M. Bonnet. Et puis, il y a des signes qui ne trompent pas, note-t-il. «Des travaux de restauration sont entrepris sur la statue sur décision du gouvernement français ». Baba Merzoug enfin à Alger ' Attendons pour voir'
Y. D.