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Bab El-Oued (Alger) - INONDATIONS MEURTRIÈRES EN 2001: Il y a vingt ans, l’apocalypse



Bab El-Oued (Alger) - INONDATIONS MEURTRIÈRES EN 2001: Il y a vingt ans, l’apocalypse


Samedi 10 novembre 2001. Ce jour-là, des pluies dévastatrices et des inondations, alimentées par un violent orage, ont dévalé les hauteurs du mythique quartier de Bab El-Oued, à Alger.

Les tunnels et les avaloirs bouchés, ajoutés au déboisement massif des hauteurs de Bouzaréah et de Frais-Vallon, ont “aidé” ces flots tumultueux, devenus de véritables torrents, à “tracer” une “trajectoire meurtrière” qui charriaient tout sur leur passage: corps humains, véhicules, boue, matériaux de construction... Les images étaient tellement apocalyptiques que le commun des mortels restait impuissant face à ce déluge qui venait de frapper violemment le vieux quartier de la capitale.

En ce “samedi noir”, les trombes des eaux boueuses avaient atteint, par endroits, des seuils inimaginables de cinq mètres de hauteur. Débordées, les autorités, qui ne s’attendaient certainement pas à ce cataclysme, ont mobilisé tous les moyens humains et matériels pour sauver les vies humaines prises dans le guet-apens de ces pluies diluviennes annoncées la veille par un bulletin météo spécial (BMS).

Services de sécurité, Protection civile et bénévoles sont intervenus en force pour assister les personnes en détresse. Mais les pluies torrentielles et les tonnes de boue qui s’abattaient sur la ville ont rendu l’accès à Bab El-Oued quasi impossible.

Ce n’est que vers 10h que les secours ont pu s’organiser pour évacuer les familles en péril, transporter les blessés vers les hôpitaux ou encore tenter d’extraire les cadavres de personnes ensevelis sous les tonnes de décombres.

Le bilan était tellement lourd que la solidarité nationale et internationale s’est vite organisée pour venir en aide aux habitants d’une cité meurtrie, l’espace de pluies torrentielles qui ont rasé des quartiers entiers. Il faudra plusieurs jours pour estomper un tant soit peu les effets de cette catastrophe, sachant que des dizaines de victimes ont été enterrées sous “X”.

Depuis cette catastrophe, faut-il le souligner, des avancées remarquables ont été enregistrées en termes d’aménagement d’une ville exposée à toutes sortes de bouleversements tragiques. Mais les leçons tirées de cette tragédie sont remises aux calendes grecques par les élus, qui ne se soucient guère de la sécurité publique et citoyenne.

Il faut le dire, Bab El-Oued n’est pas Alger, comme Alger n’est pas l’Algérie. Depuis 2001, des centaines de bidonvilles, de villas, d’habitations et de commerces sont érigées sur des lits d’oued dans la capitale, au vu et au su de toutes les autorités. Les complicités avérées des pseudo-élus n’ont jamais été relevées, alors que les séquelles des inondations de Bab El-Oued sont encore vives.

Ces stigmates ne suffisent apparemment pas à “sensibiliser” les autorités, tant à Alger que dans les autres contrées du pays, à réaliser que “la nature reprend toujours ses droits”. Les dernières inondations témoignent de l’ampleur des dégâts que pouvaient avoir des pluies diluviennes sur la ville.

Le cas de trois personnes, dont un avocat, toutes emportées par les crues au Pont-Américain (Saoula), ne semble pas interpeller la conscience nationale. Pourtant, Alger est aujourd’hui sujette à toutes sortes de catastrophes.

Des trémies inondées à la moindre averse, jusqu’aux habitations érigées dans des culs-de-sac, comme c’est le cas au quartier de l’Appreval (Kouba), en passant par les rocades inondées, jusqu’aux habitations illégales construites sur des lits d’oued, l’aménagement de la capitale mérite une véritable refondation urbanistique et un plan digne de ce nom pour anticiper d’éventuelles tragédies que celle vécue en 2001 à Bab El-Oued.

Aujourd’hui encore, la capitale est menacée par de fortes inondations à travers 28 points noirs, notamment au port d’Alger, de Tripoli, d’Oued-Kniss, des trémies, ainsi que des communes de Bordj El-Bahri, de Bordj El-Kiffan, de Bab Ezzouar, de Rouiba et de Bab El-Oued.

Si l’heure est à la prévention et à l’anticipation, il n’en demeure pas moins que la responsabilité citoyenne est pointée du doigt. Car on a l’impression que le citoyen affiche une attitude irresponsable face à ce qui se passe dans sa cité. En témoignent les jets de gravats sur la voie publique, de sacs et bouteilles en plastique depuis les balcons, ou encore les déchets ménagers devant les immeubles.



Photo: © D. R.

FARID BELGACEM


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