Mahmoud marche dans le désert comme d’autres traversent une rue familière. Les dunes ne sont pas pour lui un paysage, mais une mémoire. Il connaît leur souffle, leurs pièges, leurs ombres. Sa seule boussole reste le ciel, et sous les étoiles il avance avec une assurance qui force le respect. Son père lui a transmis cet art, et lui-même en porte l’héritage comme un devoir sacré.
À Ouled Aïssa, on raconte que les Boussaid guident les voyageurs depuis des siècles. Le vieux patriarche entretient encore les grandes kheïmas tissées de oubar, tandis que les deux enfants apprennent les gestes du désert : l’un sur les traces du père, observant avec sérieux ; l’autre collé à ses chameaux, veillant sur eux comme sur des frères.
La vie ici s’écoule au rythme lent du sable. Chaque campement se monte et se démonte au lever du jour ; les enfants plient la tente, chargent et déchargent sans se plaindre. La pause thé marque les seules minutes où tout s’arrête, un rituel partagé autant par les touristes que par les guides.
Un soir, alors que la lumière déclinait, un touriste s’est mis à lire une histoire. Mahmoud s’est figé à la porte de la khaïma, écoutant sans bouger. Les enfants, eux qui n’ont jamais connu l’école, regardaient avec des yeux émerveillés. Le désert semblait écouter lui aussi.
Dans ces instants suspendus, Mahmoud sentait la continuité fragile de sa lignée. Peut-être les derniers guides d’un monde ancien. Peut-être les derniers à lire le Sahara comme un livre dont les étoiles sont les marges.
Semjane, Gourara ...
Décembre 2007
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Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Hichem BEKHTI