Adrar - Route transsaharienne du Tanezrouft	(Communes de Reggane et Bordj Badji Mokhtar, Wilaya d'Adrar)

La Route Transsaharienne du Tanezrouft : Une Odyssée à Travers le Désert des Déserts


La Route Transsaharienne du Tanezrouft : Une Odyssée à Travers le Désert des Déserts

La route transsaharienne du Tanezrouft, reliant le nord de l'Afrique aux régions subsahariennes, traverse l'une des zones les plus arides et inhospitalières du Sahara. Ce parcours légendaire, reliant Reggane (Algérie) à Gao (Mali) sur environ 1 300 km, incarne un défi humain et logistique face à l'immensité du désert. Son histoire, marquée par des exploits, des tragédies et des innovations, reflète l'ambition de relier les continents à travers un environnement extrême.

Les Premiers Survols : Une Épopée Aérienne (1920)

En 1920, la première tentative de traversée aérienne du Sahara, reliant Alger à Dakar via Tamanrasset et Tombouctou, marque un jalon historique. Cette expédition audacieuse, menée par des pionniers de l'aviation, survole le redoutable Tanezrouft. Le commandant Joseph Vuillemin et le lieutenant observateur Chalus parviennent à atteindre leur destination, mais la mission est endeuillée par un drame. Le général François-Henry Laperrine, figure emblématique de la conquête coloniale française au Sahara, périt dans un accident d'avion au cœur du désert. Ses deux compagnons, l'adjudant Alexandre Bernard et le mécanicien Marcel Vaslin, sont miraculeusement secourus par une patrouille méhariste, après avoir survécu dans des conditions extrêmes. Cet épisode illustre les dangers de la navigation aérienne dans une région dépourvue de repères.

La Reconnaissance Terrestre : L'Expédition Estienne (1923)

En 1923, la Compagnie Générale Transsaharienne (CGT), nouvellement fondée, entreprend de cartographier un itinéraire terrestre viable à travers le Tanezrouft, dans le but de relier l'Algérie au Soudan français (actuel Mali). Menée par Georges et René Estienne, cette expédition vise à établir une route praticable pour les automobilistes et les aviateurs. L'itinéraire choisi s'étend de Reggane, dernière localité habitée au nord du Tanezrouft, jusqu'à Tessalit, au Mali. Pour guider les voyageurs, la CGT installe des balises tous les 100 kilomètres, numérotées de 1 à 16, marquant les étapes de ce parcours hostile.

Un point emblématique de cette route est le Bidon V, situé à 180 km de Reggane. Initialement un simple dépôt d'essence et d'eau, il devient une escale stratégique, équipée plus tard du phare Vuillemin, en hommage au pionnier de l'aviation. Entre Reggane et Bordj-Badji-Mokhtar, deux postes de contrôle militaires, PK 200 et PK 400, assurent la sécurité et offrent aujourd'hui des services modernes : stations-service, restaurants, magasins et une unité de protection civile.

Évolution de la Route : De Mer-Niger à la Modernité

Autrefois surnommée Mer-Niger, en référence à l'ambition de relier la Méditerranée aux fleuves subsahariens, la route du Tanezrouft a évolué avec le temps. Les bidons métalliques, qui servaient de repères, ont été remplacés par des poteaux espacés de 2 à 3 km, équipés de balises solaires pour faciliter la navigation nocturne. Malheureusement, ces balises modernes ont été victimes de pillages, laissant les poteaux comme seuls vestiges. Malgré ces défis, la route reste un axe vital pour les échanges transsahariens, bien que son isolement et son aridité continuent d'en faire une entreprise périlleuse.

Une Traversée à Pied : L'Exploit de Théodore Monod (1936)

En 1936, le naturaliste et explorateur français Théodore Monod accomplit un exploit extraordinaire en traversant le Tanezrouft à pied. Accompagné de guides touaregs, il brave les conditions extrêmes du désert pour étudier sa faune, sa flore et son histoire. Son périple, mêlant science et aventure, reste une référence dans l'histoire de l'exploration saharienne, soulignant la résilience humaine face à un environnement impitoyable.

Le Tanezrouft Aujourd'hui

Aujourd'hui, la route transsaharienne du Tanezrouft demeure un symbole de défi et d'endurance. Bien que modernisée avec des infrastructures de base, elle reste isolée, traversant une région où l'eau et la végétation sont rares. Les voyageurs, qu'ils soient routiers ou aventuriers, doivent se préparer à affronter des distances immenses, des températures extrêmes et une solitude oppressante. Pourtant, cette voie continue d'attirer ceux qui cherchent à explorer l'un des derniers grands déserts de la planète.


Sources d'inspiration :

  • Récits historiques des traversées aériennes et terrestres du Sahara.
  • Documentation sur les explorations de Théodore Monod.
  • Informations sur l'évolution des infrastructures transsahariennes.


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