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Cherfa annonce de nouvelles mesures pour dynamiser l’agriculture saharienne Un pas de plus vers la sécurité alimentaire



Publié le 05.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Le nouveau ministre de l'Agriculture a fait savoir que les cultures stratégiques sont en ligne de mire. Un couloir vert a été mis en place pour lever toutes les entraves aux investisseurs...
La sécurité alimentaire du pays s'est peut-être jouée, hier, à Adrar! Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural y a organisé un mégaséminaire sur l'agriculture saharienne, réunissant les acteurs clés du secteur. Plus de 200 participants venus des quatre coins du pays ont pris part à cette rencontre, rehaussée par la présence de quatre ministres, dont Youcef Cherfa de l'Agriculture. Les ministres de l'Énergie, Mohamed Arkab, de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, de l'Hydraulique, Taha Derbal, et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, ont également participé. Une dizaine de walis, des députés, des représentants de la société civile, les directeurs d'entreprises publiques, et divers offices de l'agriculture, notamment les acteurs clés des finances, étaient présents. Le Conseil du renouveau économique algérien (Crea) a envoyé ses membres les plus influents, dirigés par son président Kamel Moula, et divers investisseurs publics et privés étaient également présents. À noter la participation d'une vingtaine de représentants de banques publiques et privées, ainsi que du président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef).
Le financement agricole élargi
Une convention-cadre a été signée entre cette institution financière et le ministère de l'Agriculture, portant sur l'élargissement du financement agricole aux autres banques nationales.
Traditionnellement, cette activité était financée par la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr). Mais lors des assises de l'agriculture tenues en février dernier, le président Tebboune a élargi la chose vers les autres institutions financières du pays. Chose qui a donc été faite, hier, à Adrar. Cette convention illustre les grandes décisions prises lors de cette rencontre riche en enseignements. Contrairement aux séminaires habituels, celui-ci ne s'est pas limité à des heures de discours conclus par des recommandations oubliées. Des débats riches et intenses ont eu lieu, avec la participation active des ministres qui ont écouté attentivement les agriculteurs et les investisseurs.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a insisté sur l'importance d'écouter les professionnels pour comprendre les entraves à la bonne marche de la stratégie agricole nationale. Les ministres ont partagé des discours d'orientation succincts avant de laisser la parole aux participants.

4 ans de réalisations
Le secteur agricole en Algérie a réalisé des résultats positifs au cours des quatre dernières années, malgré les crises sanitaires, géostratégiques et climatiques mondiales. Youcef Cherfa, ministre de l'Agriculture, estime que le secteur a contribué à 14,7% du PIB de l'Algérie en 2022, avec une valeur de 4 550 milliards de dinars. Il souligne avec fierté que la production nationale agricole couvre désormais plus de 75% des besoins alimentaires des Algériens. Toutefois, il met en avant le fait que les surfaces agricoles dans le Sud ne représentent que 7% des surfaces agricoles utiles du pays. Néanmoins, malgré ce taux encore bas, elles contribuent de façon significative à l'approvisionnement du marché national en produits frais. «Je cite l'exemple du blé (11%), des légumes (26,4%), la pomme de terre (32%) ou encore les dattes avec 98,7%», a-t-il souligné pour mettre en avant les grandes capacités de l'agriculture saharienne dans la quête de l'Algérie pour assurer sa sécurité alimentaire. Cependant, comme le précise Youcef Cherfa, malgré ces grandes réalisations, on est encore loin des objectifs tracés par le président Tebboune. «Nous avons de grandes capacités, mais nous devons aller encore plus loin, surtout en ce qui concerne les cultures stratégiques», affirme le ministre. Celui qui bénéficie de la totale confiance du chef de l'État estime que des efforts supplémentaires sont nécessaires dans ce type d'agriculture pour réduire la facture des importations, tout en se débarrassant de la dépendance étrangère pour des produits cruciaux dans l'alimentation des Algériens, tels que le blé, le sucre, l'huile de table, les aliments pour le bétail, le coton et la poudre de lait. Selon lui, il est essentiel de se concentrer sur ces cultures qui sont cruciales pour la sécurité alimentaire du pays, l'objectif principal du président Tebboune.

Un «couloir vert» pour les investisseurs
C'est dans ce sens que de nouvelles mesures ont été décidées par le premier magistrat du pays afin de stimuler l'agriculture saharienne et lever toutes les entraves qui pourraient empêcher d'aller vers le Sud. Youcef Cherfa annonce la création d'un couloir vert au profit des investisseurs qui souhaitent se diriger vers ces cultures stratégiques, visant à bénéficier du foncier agricole et d'autres facilités, notamment les autorisations de forage et l'accès à l'énergie électrique. Il souligne que cela vise à contourner la bureaucratie. Le ministre informe que le gouvernement met en place le cadre juridique et organisationnel nécessaire pour encadrer cette opération, avec pour objectif premier la création de grands pôles intégrés pour le développement des cultures stratégiques. Ces pôles engloberont toutes les étapes de la production, de la production agricole à la transformation, au transport jusqu'aux produits finaux.
Concrètement, l'idée est d'impliquer les grands opérateurs pour offrir à chaque région du Sud une spécialité agricole en produits stratégiques, cultivés et transformés sur place jusqu'à l'obtention de produits finis.
Le président Tebboune souhaite ainsi faire de chaque coin du Sahara une «Californie» made in bladi. Cela doit créer de la richesse, de l'emploi dans ces immenses espaces désertiques. On pourrait voir alors une ruée des Algériens vers ces régions comme celle qu'à connue l'Amérique vers l'Ouest. Rendre vie à ce désert et en faire un grenier du continent. Certes, l'objectif premier étant d'assurer la sécurité alimentaire du pays, mais l'objectif final est d'aller vers l'exportation, notamment dans notre continent africain, dont l'Algérie est le point d'accès.

De grands pôles intégrés!
À titre d'exemple, la wilaya de Tindouf sera bientôt à quelques encablures de l'Afrique de l'Ouest, grâce à l'autoroute entre Tindouf et Zouerate en Mauritanie, ouvrant ainsi une voie exceptionnelle pour la conquête de toute cette région du continent. Ce séminaire national témoigne de la grande volonté du gouvernement d'atteindre rapidement ce grand objectif.
Dans cette perspective, les ministres présents ont pris le temps d'écouter les exploitants agricoles, certains réglant même sur place certains blocages. Tout le gouvernement est mobilisé pour atteindre l'objectif ambitieux d'un million d'hectares exploités dans le sud du pays. Les mesures annoncées et celles à venir vont accélérer ce processus. Les cultures stratégiques sont en ligne de mire. Le nouvel Eldorado agricole est en marche, et la verdure va jaillir du Sahara...

Walid AÏT SAÏD

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