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Village Ifri-Ouzellaguen



Village Ifri-Ouzellaguen
Une fierté qui contraste avec les conditions de vie des villageois d'Ifri, le village qui a accueilli en 1956 le Congrès de la Soummam. Telle est l'impression qui se dégage lors de notre rencontre avec les villageois d'Ifri et les citoyens d'Ouzellaguen. Mohand, un citoyen d'Ouzellaguen, promène sa petite fille de 5 ans dans le musée en prenant des photos pour le souvenir.«Oui, je suis fier d'appartenir à ce village qui a abrité le Congrès de la Soummam. Les orientations de ce Congrès ont contribué grandement à la libération de notre pays. Malheureusement, dans ce bastion de la Révolution, nous ne profitons pas des bienfaits de l'indépendance», dit-il. Comme Mohand, les habitants d'Ifri se sentent marginalisés et revendiquent leur part du développement.Un commerçant du même village s'interroge : «Parfois, on se demande qu'est-ce que nous avons fait pour mériter de vivre dans des conditions intenables avec le manque d'infrastructures de base, d'eau potable, la perturbation dans l'alimentation en énergie électrique,etc '» Pourtant, la population de cette région mérite une vie décente «à l'image de? Tlemcen», glisse-t-il.L'histoire est là pour le prouver ; sans la population d'Ouzellaguen qui s'est distinguée alors par son engagement, sa discipline militante et sa discrétion, le Congrès n'aurait jamais eu le succès qui lui revient, dit le responsable local de l'Organisation des fils de chouhada, Ahcen Sadki. Et d'ajouter : «Le colonisateur a puni nos parents pour avoir aidé à la réussite de ce Congrès, car quelques jours après le 20 août, l'aviation de l'armée coloniale s'est acharnée sur les villageois en détruisant la totalité des villages.Nous avons donné 1500 chouhada, plus de 750 veuves et des familles complètement déracinées qui vivent la misère.» Aujourd'hui, la population a le même sentiment. «Le développement, l'argent du pétrole sont partis ailleurs. Les gens au pouvoir, ceux qui étaient contre les résolutions du Congrès sont en train de nous mépriser. Ils ne se souviennent de nous qu'à l'approche du 20 août pour exceller dans le folklore», tonne un citoyen rencontré à Ighzer Amokrane.Au c?ur du village Ifri, un jeune attend, à l'ombre d'un frêne séculaire, le transport pour rejoindre le chef-lieu communal. «Ici, au village ou au chef-lieu, il n'y a rien qui puisse nous occuper. Notre maison de jeunes, c'est cette forêt que vous voyez là-haut ; on s'y rend régulièrement pour la chasse et la randonnée.» En cours de route, ce jeune étudiant que nous avons pris en stop estime qu'il y a une vraie volonté de la part du pouvoir pour occulter les faits d'armes du groupe qui a marqué l'histoire de cette région.«L'APC n'a pas les moyens pour sauvegarder le site, ni pour répondre aux préoccupations socioéconomiques de la population. Et ce, sans parler de l'incompétence de certains élus», dira-t-il. Quant à Mohand, résolu, il pense que «nous sommes habitués à vivre dans la misère, mais une chose est sûre : j'apprendrai à ma fille qui commence déjà à poser plein de questions la vraie histoire de ce lieu avant qu'on le fasse autrement à l'école.»





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