Algérie - A la une

Une ville, une histoire «Silima»



Une ville, une histoire
                                    «Silima»
Electricité - Dans un des hameaux perdus de la plaine du Sersou, au sud de Tiaret, un colon, touche à tout, a l'idée géniale d'installer un groupe.
Nous sommes en 1947 et l'Algérie coloniale n'était pas entièrement électrifiée.
L'EGA, l'entreprise chargée d'alimenter en courant les agglomérations du pays, avait reçu pour consigne de ne fournir de l'énergie qu'aux centres importants où vivaient les Européens.
Les villages de l'arrière pays étaient naturellement exclu, particulièrement ceux des Hauts-Plateaux du Sud qui devaient se débrouiller comme ils pouvaient.
C'est précisément dans un des hameaux perdus de la plaine du Sersou, au sud de Tiaret, qu'un colon touche à tout, a l'idée géniale d'installer un groupe.
L'opération pour M. Momeja, c'était son nom, était tout bénéfice.
Elle lui permettait d'illuminer la maison du maire et celles des notables, les 3 poteaux du centre, l'unique bar et bien sûr la petite salle de cinéma.
A la fin de chaque mois, les abonnés lui payaient un forfait conséquent supérieur à sa prestation.
En plus, il passait aux yeux de sa communauté comme un exemple de dévouement et de citoyenneté.
En attendant que les services techniques du gouvernement donnent à l'EGA le feu vert pour installer les compteurs partout sur le territoire et que l'électricité pénètre dans tous les foyers, le groupe de M. Momeja s'essouflait.
Dans ce hameau de 3 000 âmes, le courant n'était disponible, en été comme en hiver, qu'à partir de 19 heures.
Dès 22 heures, extinction des feux.
La nuit reprenait ses droits.
Et cela n'était pas sans quelques désagréments, en particulier pour les spectateurs du seul cinéma encore valide : «Le Nador».
Le rituel était toujours le même. Le documentaire commençait à 21h 15, il était suivi de dessins animés et enfin de quelques lancements du prochain long métrage.
Puis arrive l'entracte où l'on pouvait se dégourdir les jambes et manger quelques bonbons puis c'est le rappel des spectateurs pour la projection du film.
C'est à 22h précises, au beau milieu du spectacle, que tout s'éteint.
Habitués à ces coupures régulières, les spectateurs sortaient de la salle sans un mot non sans demander au projectionniste, au seuil de la porte, de leur raconter la fin de l'histoire.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)