Algérie - Revue de Presse


Cinquante ans après le déclenchement de l?insurrection du 1er Novembre 1954, il est des dénis qui ont encore la vie dure. Le plus manifeste est celui des actes de torture dont se rendit coupable la France coloniale en Algérie. Bien sûr, la torture est invoquée de vive voix maintenant par ceux qui en furent les auteurs sur le terrain des opérations. Ce sont tous ces éléments du corps expéditionnaire qui ont soumis des dizaines de milliers d?Algériens à la question. Au bout d?un tel voyage, il n?y avait que la mort qui grandit la victime et dégrade moralement le criminel. Les confessions des tortionnaires ne se suffisent pourtant pas à elles-mêmes, car elles ne peuvent pas se substituer à une reconnaissance officielle du phénomène. Il y a des repentances que la marche de l?Histoire rend inévitables, même si des logiques de raison d?Etat en diffèrent l?accomplissement. Il y a, tôt ou tard, un pardon à demander pour que les relations entre peuples et Etats soient inscrites dans une sérénité constructive. Le souvenir des exactions terribles endurées par les Algériens - en premier chef d?entre elles le fait colonial même - jette ainsi une ombre tenace sur le tableau d?ensemble de l?embellie algéro-française. Cela va beaucoup mieux entre deux pays que l?Histoire justement, mais aussi la géographie ont rendus proches. Il n?y a en fait que l?Allemagne qui peut disputer à l?Algérie la proximité avec la France. Dans ces relations tumultueuses, l?indépendance de l?Algérie a placé chaque pays face à ses responsabilités au regard du jugement de l?Histoire qu?il convient de se réapproprier pour qu?elle ne soit plus un éternel recommencement. Il n?est pas humiliant qu?un Etat demande pardon à un autre, et on en a vu la démonstration sous bien des latitudes. Bien au contraire, c?est un geste fondateur d?une reconstruction morale des pays qui ont imposé leur violence à d?autres qui étaient plus faibles qu?eux, militairement, mais n?en avaient pas moins le droit à la liberté et à la vie. L?Algérie, ni les Algériens n?ont jamais souhaité subir 132 ans d?un joug colonial qui a bouleversé leur destin. Le 1er Novembre, à cet égard, ne peut être compris que comme le seul recours qui restait pour infléchir le cours des évènements et situer chacun à sa place. En commémorant leur cinquantième anniversaire, les Algériens consacrent le triomphe de l?humanisme sur la barbarie - inqualifiable torture - qui, par un effet de justice de l?Histoire, n?est pas du côté auquel il est facile de penser.



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