Algérie - Actualité littéraire


Tlemcen : une mémoire poétique
Résumé : A travers un parcours nécessairement rapide de la poésie populaire tlemcénienne, il s’agira ici de découvrir certains aspects historiques et culturels de cette vieille métropole maghrébine. Des hauts-lieux religieux de la ville et de sa banlieue aux monuments emblématiques de la puissance politique et de la renommée intellectuelle du royaume ziyânide, en passant par les sites plus intimes et plus familiers que découvre le promeneur traversant les différents quartiers de Tlemcen, c’est toute une mémoire poétique qui surgit ainsi à l’écoute de quelques-uns des chefs-d’œuvres du hawzî et du hawfî. Avec le prestigieux patrimoine maghrébo-andalou encore très vivant chez les jeunes générations de musiciens et de mélomanes tlemcéniens, ces deux répertoires figurent certainement parmi les meilleurs témoins de la tradition culturelle de la « Perle du Maghreb ».
par Mourad Yelles, Maître de conférence à l’INALCO - Paris

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Dans l’incipit de son essai (largement autobiographique) intitulé Tlemcen ou les lieux de l’écriture, l’écrivain algérien Mohammed Dib tient à rappeler l’importance du pays natal pour l’homme en général et pour l’artiste en particulier : « Au commencement est le paysage, - s’entend comme cadre où l’être vient à la vie, puis à la conscience »1. A partir de cette proposition, et dans la même perspective philosophique, ne pourrait-on pas ajouter que, plus que la naissance, c’est bien la lente traversée, tout au long d’une vie, de ce « cadre » essentiel évoqué par le poète, la relecture mille fois recommencée, souvent laborieuse, parfois pénible, voire tragique, de ce « paysage » nécessairement sublimé dans lequel nous sommes venus au monde, qui finit par composer une sorte de décor intime où, tout en partageant l’imaginaire d’une communauté, nous avons pourtant le sentiment d’inscrire notre propre destinée ? D’une certaine manière, et par un paradoxe étonnant que connaissent les psychanalystes, c’est donc au prix d’un travail ininterrompu d’investissement symbolique, de transfert affectif, d’élaboration idéologique, que nous finissons par véritablement habiter le site de notre naissance …

Au bout du compte, chacun de nous se fait tout à la fois l’écrivain, le peintre et l’architecte de son « paysage intérieur », réalisant ainsi une œuvre personnelle où s’exprime pourtant ce qu’il faut bien appeler « le génie du lieu », c’est-à-dire, en définitive, quelque chose de difficilement cernable qui a trait à un certain type de rapport collectif à l’espace physique, au temps social, aux pratiques culturelles2. De ce point de vue, il faut bien considérer que le « paysage » dont nous parlons ici est autant le produit d’une biographie individuelle que de la re-présentation / projection codifiée d’une histoire collective. Dans ce grand récit fondateur qui délimite et reconfigure sans cesse les emblèmes et les frontières d’un imaginaire identitaire, les archétypes spatiaux dont nous héritons sont fixés et transmis de générations en générations par le biais d’un certain nombre d’icônes, de représentations mentales mais aussi de proverbes, contes, poèmes et autres chants associés de longue date à des lieux et des atmosphères eux-mêmes constitutifs de ce qu’il est convenu d’appeler « une mémoire communautaire ». On voit par là que le « génie du lieu » est ainsi indissociablement associé au « génie de la langue », et en particulier de la langue poétique.

C’'est pourquoi, pour ce qui me concerne, et plutôt que de vous infliger une fastidieuse leçon d’histoire et de géographie, j’ai pensé qu’il serait plus intéressant - et surtout plus plaisant - de vous proposer une initiation au paysage culturel de la vieille capitale des Ziyânides par le biais de l’approche conviviale d’une toute petite partie de sa mémoire poétique. En tout état de cause, c’est bien à un voyage virtuel auquel je vous convie à présent, - voyage où je prends d’autant plus de plaisir à m’embarquer avec vous qu’il me ramène, moi aussi, sur les lieux d’une certaine (et lointaine) enfance … Je vous invite donc à prendre la route du Sud, sur "les ailes bleues du ramier" - celui de la légende poétique maghrébine - ce fameux gûmrî, messager des poètes de l’amour et de la nostalgie, vers l’autre rive de la "Mer Blanche Médiane" (Bahr al-’abiôd al-mutawassît), à l’extrême ouest de l’Algérie, au pied du Djebel Sakhrateïn, à la découverte de l’une des plus anciennes et des plus attachantes cités du Maghreb.

Sur la première période de l’histoire de Tlemcen – avant même qu’elle ne porte d’ailleurs ce nom -, nous ne possédons que peu de témoignages : quelques vestiges archéologiques ou de rares traces épigraphiques. Une seule certitude : l’espace stratégique idéalement situé au flanc du plateau de Lalla Setti et dominant la plaine de Hennaya a très tôt favorisé l’implantation d’établissements humains. A l’époque préhistorique, des hommes vivaient déjà dans les grottes nombreuses qui parsèment les hauteurs de la ville et ses environs. Par la suite, ce site admirable a attiré de nombreux bâtisseurs de villes et a connu de nombreuses modifications et restructurations. D’Agadir la berbère et Pomaria la romaine (2ème siècle ap. J. C.) à Tlemcen l’abdelwâdide (13ème-15ème siècles) en passant par Tagrart l’almoravide (11ème-12ème siècles) ou Mansourah la mérinide (13ème-14ème siècles), les transformations urbanistiques dues à des facteurs politiques, économiques, démographiques ou militaires n’ont certes pas manquées. Si le paysage urbain ne cesse de se modifier à mesure que Tlemcen prend de plus en plus d’importance en tant que place forte, capital politique et métropole économique, nous avons tout lieu de penser que la production culturelle ne cesse, elle aussi, de se développer, en particulier durant la période médiévale.

Favorisée par l’existence d’un pouvoir politique fort et d’une cour importante au goût raffiné, largement influencée en outre par les courants d’échanges de toute nature entre Orient et Occident arabo-berbéro-andalou, la cité se transforme en un pôle culturel de tout premier ordre. Malgré la rareté ou l’insuffisance des sources historiques, la tradition nous a laissé une longue liste de figures intellectuelles ou mystiques d’exception.3 A titre d’exemples, nous citerons, pour le 12ème siècle, celle du grand savant et maître soufi d’origine sévillane, Sidi Bou Mediène (1126-1197) qui devint le saint-patron de Tlemcen, pour le 13ème siècle, celle du poète Ibn Khamis (1252-1308) qui mena une carrière de panégyriste officiel à la cour de Grenade où il fut assassiné, ou encore, pour le 14ème siècle, celle du" roi-poète" Abou Hammou Moussa II (1353-1389), l’un des grands souverains de la dynastie Ziyânide.

De fait, on peut observer que cette sorte de figure ternaire, du moins telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui sommairement incarnée par le biais des trois personnalités évoquées à l’instant – le politique, le mystique et le poétique -, se retrouve tout au long de l’histoire de Tlemcen. Par-delà sa dimension proprement socio-culturelle, ce phénomène correspond probablement à l’existence d’un type particulier de structuration de l’imaginaire intellectuel et artistique maghrébin. On la retrouve en tout cas thématisée dans nombre de recueils ou de textes poétiques dans lesquels l’auteur (homme ou femme) inscrit son chant ou son verbe dans une tradition qui allie, par exemple, la nostalgie de la patrie ou du terroir, l’éloge de la tribu, l’amour de l’être cher (y compris la description érotique de ses attributs) et l’invocation aux saints ou au Prophète et la repentance / retour à Dieu.

Nous retrouvons d’ailleurs cette triple détermination dans un dicton très répandu attribué à Sidi Ahmed Ben Youcef, le saint patron de Miliana4 et se rapportant à Tlemcen et ses habitants. Cette sentence célèbre à la fois les vertus chevaleresques, les harmonies naturelles et les beautés féminines de Tlemcen :

Tlemcen, parure des cavaliers : son eau, son air, et la façon dont ses femmes se voilent, il n’en est point de tels en aucun pays.

Pour la suite de notre propos, il est important de signaler que la tradition tlemcénienne connaît une autre version de ce dicton, version dans laquelle il est question non pas de talhîf (« la façon dont ses femmes se voilent ») mais de tahwîf (« la façon dont ses femmes chantent le hawfî »). Nous retrouvons alors la dimension proprement poétique que nous mentionnions plus haut et qui manquait dans la première version. De fait, le doublet qualifiant ainsi maintenu dans la mémoire populaire établit un lien considéré comme naturel et essentiel entre l’élégance des Tlemcéniennes et la qualité de leurs performances poétiques.

Puisque nous en sommes à évoquer le répertoire des "blasons" de Sidi Ahmed Ben Youcef, il convient d’en citer un autre, non moins connu, quoique nettement plus critique. Tout en reprenant la métaphore épique liée à la noblesse de rang, il met en exergue – "épingle" serait sans doute plus approprié ici ! - deux traits socio-culturels considérés comme typiques de la population tlemcénienne : l’outrance rhétorique et la faiblesse des pratiques pieuses. Voici l’adage en question :

Ceux au langage brodé, sanglés comme l’étalon et avares de bienfaits, dis : « Ce sont des gens de Tlemcen »5

Avec votre permission, nous mettrons l’allusion perfide à « l’avarice » supposée des tlemcéniens en matière d’œuvres pies (ihsân) au compte d’un mauvais souvenir lié à un épisode plutôt obscur de la vie du saint milianais. De fait, s’il s’agissait pour ce dernier de mettre en doute la qualité de la pratique religieuse et l’ardeur de la foi musulmane des Tlemcéniens, nous verrons que la seule évocation de l’histoire de ce véritable « jardin des saints et des savants »6 que fut Tlemcen durant des siècles, son importance en tant que capitale spirituelle et mystique suffisent amplement à faire tomber cette accusation.

De même, s’il s’agissait pour celui que Jacques Berque surnomme « le maître de l’heure renoncé »7 de critiquer un manque de générosité et d’hospitalité chez les habitants de la vieille capitale ziyânide, ce procès est d’autant plus injuste que l’une des caractéristiques de Tlemcen, située comme elle l’est au carrefour des grands échanges commerciaux et culturels entre Orient et Occident, Europe et Afrique, est précisément d’avoir toujours su ouvrir ses portes aux étrangers (sauf quand ils manifestaient des intentions hostiles …) et d’avoir également donné au Maghreb tout entier nombre de ses plus brillants esprits.

Enfin, s’il s’agissait pour Sidi Ahmed Ben Youcef de dénigrer l’amour des Tlemcéniens et des Tlemcéniennes pour le « langage brodé », nous pourrions aussi bien prendre ce trait pour un compliment ! En tout cas, il témoigne d’une réalité socio-culturelle pérenne et confirmée par la qualité et la variété des productions littéraires dans la vieille métropole ziyânide. Prenons l’exemple du hawfî dont il vient d’être question. De quoi parlons-nous et en quoi ce genre de « broderie » poétique est-il emblématique de la mémoire culturelle tlemcénienne ? Nous avons affaire ici à un répertoire ancien et très populaire, transmis de générations en générations sur le mode oral et qui s’inspire très largement (mais très librement) de l’art poétique maghrébo-andalou. Plus spécialement réservé aux femmes, il consiste en un court poème de quatre à cinq vers que l’on chante souvent au printemps dans un cadre champêtre et en accompagnement du jeu de l’escarpolette (jughlîla). A ce propos, le grand orientaliste et spécialiste de l’art maghrébin, Georges Marçais, nous propose une plongée fort pittoresque dans l’histoire séculaire des lieux et des paysages tlemcéniens, à travers cette banlieue du Hawz dans laquelle évoluaient encore dans les années 1950 les amateurs et amatrices de tahwîf :

Si les jeunes gens occupent de préférence leurs loisirs au football et au cinéma, les hommes d’âge mûr ont gardé le culte de leurs jardins, de ces jardins ombragés, copieusement irrigués, peuplés d’oiseaux et abondants en fruits, dont Pomaria tirait déjà sa subsistance et qui faisait la joie des citadins que Léon l’Africain a connus. Hors des portes de la ville, nous dit le vieux voyageur, « se voient de belles possessions et maisons, là où les citoyens ont accoutumé, en temps d’été, demeurer pour le bel ébat qu’on y trouve, parce qu’outre la plaisance et belle assiette du lieu, il y a des puits et des fontaines d’eau douce et fraîche, puis, au-dedans le pourpris de chaque possession sont des treilles de vignes, qui produisent les raisins de diverses couleurs et d’un goût fort délicat, avec des cerises de toutes sortes et en si grande quantité que je n’en vis jamais tant en lieu où je me suis trouvé. Outre ce, il y croit des figues douces, qui sont noires, grosses et fort longues, lesquelles on fait sécher pour les manger en hiver, avec pêches, noix, amandes, melons, citrouilles et autres espèces de fruits ». Si nous ajoutons à cette énumération savoureuse les oranges que le Maghreb semble avoir ignoré durant le moyen âge, nous aurons une idée encore valable de la générosité des jardins tlemcéniens ; jardins, non certes semblables aux nôtres : on n’y rencontre ni les espaliers, ni les carrés de légumes, ni les allées bordées de buis de nos courtils français, ni les corbeilles, ni les mosaïques florales des squares de nos villes ; ils n’ont pas non plus l’ordonnance architecturée, les miroirs d’eau et les vasques des riadhs marocains ; mais jardins campagnards, auxquels le nom de vergers conviendrait mieux, où voisinent, dans un désordre plein de bonhomie, les arbres à fruit mêlant leurs branches et que clôturent des haies enguirlandées de roses blanches et couronnées de sureaux.
En vous laissant guider par le sentier que suit un canal d’eau vive et qui passe au pied des murs d’Agadir, ou celui qui serpente à flanc de hauteur et mène à la cascade de Lourit, vous entendrez derrière ces haies les rires et les chants des jeunes filles. Quand est revenu « le temps des cerises », les jardins leur appartiennent. La balançoire est leur jeu préféré. Une corde attachée par ses deux bouts, pend à la branche solide d’un vieux figuier ; (95) on s’y assied à tour de rôle. Je ne sais quel rite magique perpétue ce naïf divertissement ; mais il est à coup sûr fort ancien. Des chants traditionnels d’un mouvement très lent accompagnent le va et vient de l’escarpolette. On les nomme haoufi. Le terme est déjà connu par Ibn Khaldoûn et désignait certains petits poèmes lyriques familiers au peuple de Bagdad. Le haoufi est devenu genre proprement tlemcénien.8

Avant de revenir sur la référence au « haoufi » des jeunes filles de Loûrît, comment ne pas évoquer ici un autre témoignage, non moins poétique, sur le caractère exceptionnel du panorama que pouvait offrir autrefois la campagne tlemcénienne à tous les amoureux de la nature, et plus particulièrement aux esthètes et autres artistes ? Ecoutons donc, à près huit siècles de distance, l’élégie d’un homme exilé loin des siens et qui se souvient avec émotion des beautés de sa ville natale :

Les nuages, ô Tlemcen, déversent sur toi d'abondantes ondées et tu es /caressé par les fécondantes effluves des Zéphyrs.
(...) J'ai tout oublié, mais je n'oublierai jamais el Oûrît, ni les haltes /pour y humer l'odeur de ses jardins, le parfum de ses fleurs.
Je m'arrêtais en haut de la cascade et à travers l'eau transparente, /j'apercevais les pierres qui en tapissaient le fond.
Etait-ce ton eau ou bien mes larmes qui traversait mon regard ce jour /là ? Le rocher élevé sur lequel j'étais assis peut seul dire la vérité, car /à nos côtés, il n'y avait pas de jaloux.
Ah ! Si seulement (rivière chérie) ton lit pouvait s'emplir de mes /larmes qui débordent ! Car mon coeur, pour toi, déborde d'amour !9

L’homme qui s’exprime ainsi avec autant de nostalgie se nomme Ibn Khamis. Comme nous l’indiquions plus haut, il s’agit d’un poète élégant et souvent difficile qui mourut en Andalousie au 13ème siècle. Curieusement, cette fin tragique n’est pas sans nous rappeler une autre tragédie légendaire qui eut pour cadre ce même gouffre de Loûrît. Nous voulons parler du mythe de Rûh el-Ghrîb.

De fait, la tradition poétique du hawfî nous a transmis deux textes très connus et qui nous renvoient tous deux à cet espace emblématique de Loûrît où semblent se nouer – sur le mode symbolique – quelques uns des éléments essentiels de la problématique cruciale allusivement évoquée par les deux dictons de Sidi Ahmed Ben Youcef à propos de Tlemcen : l’économique, le politique et le poétique. Commençons par le premier hawfî, celui que la tradition présente comme le texte liminaire, fondateur d’un nouveau genre dans l’histoire littéraire du Maghreb. Il passe pour avoir été composé par une figure mythique au sujet de laquelle nous ne possédons pour l'heure que très peu d’indications fiables. Surnommé Rûh el-Ghrîb10, ce personnage étrange errait sur les hauteurs qui dominent le ravin de Loûrît. Or, un jour, le sultan de Tlemcen fait proclamer à l'intention de tous ses sujets qu'il leur est formellement interdit, sous peine de mort, d'approcher du bassin naturel que forme en cet endroit la cascade du Mefrouch, car son harem s'y rend pour une baignade. Pour une raison inconnue, Rûh el-Ghrîb ne quitte pas son séjour habituel et transgresse ainsi l'édit royal. Sur l'ordre du sultan, il est alors appréhendé et condamné à avoir les tendons des jarrets tranchés. Pendant l'exécution de la sentence, il profère le chant originel11 :

Qu'a-t-il dit Rûh el-Ghrîb, éblouissant avec ses grelots ?
« Je résidais dans l’atmosphère céleste et je défiais le mouflon.
Et aujourd'hui, ô mon ami, les genoux me trahissent.
Quand je veux écraser le cloporte, sur le sol il me devance ».12
Comme on peut le constater, la métaphore est assez obscure et le propos demeure sibyllin. Quel est le véritable statut de son auteur ? Que signifient ces « grelots » dont il semble être paré ? Si l’on peut raisonnablement avancer que Rûh el-Ghrîb, ce personnage « étrange »/« étranger » (ghrîb), appartient bien à un ordre mystique comme il en a existé de nombreux à travers l’histoire du Maghreb, la question est de savoir lequel ? S’agissait-il d’un sûfî ayant choisi la voie des pratiques ascétiques et contemplatives, d’un mejdûb partisan de la voie extatique ou encore d’un malâmtî adepte de « la voie du blâme » ? En tout état de cause, on peut au moins voir dans l’aventure de Rûh el-Ghrîb une allusion à la vieille opposition entre islam orthodoxe (incarné par l’« intellectuel organique », le faqîh) et islam mystique (représenté par le « pauvre en Dieu », le faqîr). Quoi qu’il en soit, le fait est que la figure de ce poète-ermite inspiré et son sort tragique ont marqué les esprits au point d’en faire une sorte de mythe local définitivement associé au culte des beautés tlemcéniennes (sa nature, ses femmes, sa langue poétique).

Il est temps de mentionner à présent un second hawfî tout aussi illustre, et dont la thématique amoureuse peut sûrement faire écho aux circonstances dans lesquelles le malheureux Rûh el-Ghrîb fût appréhendé et torturé. Ce texte fameux est pareillement associé aux joies bucoliques de ces pique-niques saisonniers, de ces nzâhât ("divertissements") auxquelles prenaient part tous les membres des familles tlemcéniennes avec le retour de la belle saison :

Je suis allé(e) à Loûrît, à Loûrît ; je suis allé(e) y voir.
J’y ai trouvé des blocs de pierre et l’eau qui jasait.
J’y ai trouvé une bande de filles qui faisaient la lessive.
La première ô lune ! La seconde était telle un cristal.
La troisième, ô mon frère, a allumé le feu dans mon cœur.
La quatrième, ô mon frère, c’est la brûlure sans le cautère.13

On observera que les métaphores utilisées ici sont précisément celles que l’on retrouve en abondance dans la poésie maghrébo-andalouse et ses dérivées (tel le hawzî tlemcénien). La beauté féminine et ses effets s’y déclinent selon une gamme de figures qui ont ceci de commun qu’elles nous renvoient toutes au paradigme central de la lumière ou de la flamme. Ainsi, la passion fulgurante inspirée au narrateur – ou imaginée par la narratrice, suivant un effet de miroir assez courant dans ce type de répertoire – par le spectacle des belles tlemcéniennes occupées à la lessive nous est décrite comme une expérience cruelle et éblouissante à la fois. Elle est souvent associée à une forme de révélation ou d’illumination religieuse, comme tendrait à le prouver cet autre hawfî non moins célèbre :

Tlemcen, ô belle qui resplendit parmi les montagnes
On trouve chez toi Sidi Bou-Mediène, le savant de Séville
On trouve chez toi Sidi Abdelkader, ô imâm des saints
On trouve chez toi Lalla Setti, cette petite mystique
On trouve chez toi Sidi Bou-Djemâa, ô toi dont le cierge brûle.14

Cette fois, la métaphore poétique évoque la ville comme s’il s’agissait d’une jeune femme à la beauté resplendissante. Mais nous remarquerons, ici encore, le lien – déjà ancien dans la tradition poétique arabe – entre l’érotique (au sens large de ce qui a trait à Eros, dieu de l’amour) et le mystique. La litanie des saints est ici manifestement destinée à souligner la piété des Tlemcénien/nes. En l’occurrence, Lalla Setti est la sainte-patronne de Tlemcen. Suivant une tradition locale, elle est la fille du grand saint de Bagdad, Sidi Abdelkader el-Djilanî. Son tombeau est situé sur le plateau rocheux qui domine la ville. Quant à Sidi Bou Mediène, il est considéré comme le principal initiateur du soufisme en Occident musulman. Né à Séville vers 1226, c’est un savant, un poète et un saint. Après une vie passée dans l’étude et la quête mystique, il vient mourir à Tlemcen (1197-1198) qui en fait son saint-patron. Le mausolée de celui que l’on surnomme toujours El-Ghoût (« le Grand Secours ») se trouve dans le village d’El-Eubbad ("Les dévots"), sur les hauteurs de la ville. Il est l’auteur de poèmes raffinés, de facture maghrébo-andalouse, où resplendissent les métaphores de la tradition poétique d’inspiration mystique. Un exemple extrait de son Diwan :

O moi ! Qui est « moi » ? En vérité, je me suis perdu dans l’ivresse.
Faites-moi entendre la douceur des mélodies et peut-être qu’alors je « saurai ».
Pour que je sorte de mon ivresse, ô foqara, faites résonner les cordes du luth
Portez-moi, amoureux, absent, sur la treille de ma vigne.
Versez son jus sur la qibla, pressez la grappe.
Faites-moi de ses feuilles un linceul. Que son eau soit pour mes ablutions …
Au-dessus, au-dessous, ou à côté d’elle, creusez ma tombe.
J’ai vendu mon habit, mon bonnet et mon pagne et je suis resté nu.
Etourdi par le vin, j’ai marché entre les hautes maisons.
Les verres circulaient à la ronde entre les mains des amis, ensorcelant les âmes.
En vérité, je n’ai pas besoin de boire. C’est de l’amour que vient mon ivresse.15
On appréciera au passage l’audace des formules et le caractère hétérodoxe – mais en apparence seulement – de cette invitation aux plaisirs terrestres (y compris ceux interdits par la loi coranique) …

On retrouve cette même propension à décliner l’amour sur les deux modes du mysticisme et de l’hédonisme dans un hawfî qui met en scène – comme souvent dans ce type de poésie - un couple de jeunes gens en proie à la question cruciale de l’amour, et ce dans un contexte thématique pourtant saturé de références "canoniques" :

J’ai trouvé un beau jeune homme qui montait à El-Qalâa16
A la main, il tenait un châle de soie pour essuyer ses larmes
Je lui ai dit : « ô beau jeune homme, pourquoi ses larmes ? »
Il m’a dit : « ô maîtresse, quel vendredi j’ai passé !
Le samedi est aux Juifs et le dimanche aux Chrétiens
Et le vendredi est celui des jeunes filles et je n’ai vu venir personne.17

La thématique du pèlerinage aux saints comme prétexte au rendez-vous galant est solidement ancré dans la mémoire poétique tlemcénienne et de nombreux poètes de hawzî la reprendront régulièrement. Une légende veut d’ailleurs que le « beau jeune homme » dont il est question dans ce hawfî ne soit autre que Ibn M’Saïeb, l’un des plus grands poètes tlemcéniens de la période turque (18ème siècle), considéré comme un saint, et dont le tombeau est devenu, au fil du temps, un lieu de recueillement et de prières.

Mais laissons donc l’amant éploré à son triste sort et parcourons plutôt, au gré du poème et de ses subtils entrelacs, stations et autres dérives, l’espace emblématique du Tlemcen littéraire. Notre guide sera, pour la circonstance, Boumediène Ben Sahla18, un autre grand maître du hawzî, lui aussi exilé un temps loin de sa patrie. Ya daw ’yânî ("Ô lumière de mes yeux") est certainement l’une de ses compositions parmi les plus populaires :

Lumière de mes yeux,
Ô ramier aux ailes bleues !

Accorde-moi ta faveur et ton aide
Et porte mon salut aux nobles gens de Tlemcen.
Use d’habileté cependant,
Et que ne t’abuse point quelque aveugle confiance.

Rends-toi, ô beauté inégalée,
Auprès des filles de la splendide cité.

Que ton regard se réjouisse
A l’entrée de Derb al-Sajj’âne.

Charmé, prends garde
Au piège de la séduction.

De là, presse-toi,
Ramier au cœur meurtri,

Tu verras celle qui charme mon âme,
A la Swîqa contiguë au four banal.

Blessé profondément, suis-je par la passion
Qu’elle inspire à mon être peiné.

Sois ferme et dirige-toi
Vers Derb Massûfâ,

Ne néglige point
De te rendre à al-Qurrân :

De la splendeur idéale,
Demeure-t-il des signes d’antan ?

N’omets pas de t’enquérir
De Badra à la noire chevelure :

Front étincelant
D’une blancheur toute astrale

Grâce enchanteresse
En elle seule incarnée -.

Envole-toi, presse-toi donc
De gagner Derb Sidi Lahssan,

Franchis Bâb Zîr (la porte de Zir)
Qu’en est-il advenu des miens ?

Sans limite est ma douleur,
Tant l’exil me dévore.

Ô phénix de la gent ailée,
Pénètre dans Derb al-Sammâr,
Apporte m’en des nouvelles
Comme si, de mes yeux, tu percevais

L’éclair foudroyant
Qui rassemble soleil et lune au cœur de l’ondée.

De toute vénusté se nourrit ma séduction
- Sort confus à mon éternelle errance -,

Entre à Derb al-Miliânî
Près du sanctuaire de Sidi al-Wazzân.

Bensahla est mon nom,
Soutenu par l’espoir en une prochaine rédemption.19

Derb es-Sejjâne, Derb es-Semmar, Derb Messûfa, Derb Sidi-Lahcen, Derb el-Miliânî : autant de toponymes qui dessinent dans l’imaginaire du poète exilé – mais aussi dans la mémoire tlemcénienne – un réseau de références familières et précieuses. Familières parce que nous pénétrons grâce à elles, et à la suite de Ben Sahla, dans l’intimité d’une culture, au cœur de la vie quotidienne des habitants de ces ruelles typiques de la vieille cité ziyânide. Précieuses car ces repères urbains tels qu’ils sont verbalisé depuis des générations, sont également les marques ostensibles d’une certaines urbanité, longtemps considérée comme l’apanage de « ceux au langage brodé, sanglés comme l’étalon », pour reprendre la formule de Sidi Ahmed Ben Youcef cité précédemment. Et que dire alors de cette allusion touchante à « la Swîqa contiguë au four banal » qui réfère d’un même mouvement à une pratique ancestrale et aux limites du territoire de l’Amante20 …

Car dans la poésie tlemcénienne, toute traversée du paysage et simultanément traversée d’une passion et les fluctuations de l’âme aux prises avec son tourment accompagnent souvent les déambulations du corps entre les bornes de la Doxa aux frontières du licite et de l’illicite. Témoin ce hawfî :


Bâb el-Djiâd est mon quartier ; Aïn Rbat est ma limite
Les roses embaument le jardin et dans ma main le jasmin
Si j’aperçois un beau jeune homme, je marche à ma cadence
Si je vois un malveillant, j’incline ma joue (et baisse les yeux).21

Aïn Rbat est une fontaine située sur le chemin qui relie l’ancienne Agadir à Tlemcen. Quant à Bâb el-Djiâd (littéralement : "La porte des coursiers"), il s’agit d’une ancienne porte située au sud-est de la ville. A travers ces deux indications, et par-delà la célébration des vertus traditionnelles de modestie et de respect des normes morales propres à la société musulmane du Maghreb, on peut se rendre compte d’un autre phénomène qui a suscité de nombreuses études depuis une bonne vingtaine d’années. Nous voulons parler de l’imbrication étroite et ancienne de Tlemcen et de sa proche banlieue, et ce à tous les niveaux de l’activité sociale, économique et intellectuelle. De ce point de vue, le Hawz tlemcénien – tout comme le Fahç algérois – est un espace-échangeur où s’opèrent de nombreuses transactions et échanges entre ruraux et citadins, à commencer par les échanges poétiques. Faut-il rappeler que les musiciens et poètes tlemcéniens étaient nombreux à posséder un petit lopin de terre aux environs immédiats de la ville, terroir auquel était souvent associé l’origine familiale et que ces artistes mettaient un point d’honneur à cultiver, autant pour des raisons économiques que symboliques. Les jardins du Hawz sont d’ailleurs souvent évoqués dans leurs poèmes. Il en va de même pour les hawfî-s féminins, comme on peut le constater avec cet exemple :

J’étais à Riât el-Kebîr22 et j’y ai fait de nombreuses plantations
Des oiseaux sont passés devant moi et m’ont dit : « (Assurément), tu es /une étrangère ! »
Par Dieu, je ne suis pas une exilée ! Mon exil est un repos !
Ma tour est plus haute que la vôtre de cent pommes
Mes pommes sont douces et fines quand les vents les secouent
J’implore mon Maître Divin pour que (le pommier) soit fertile et ne /s’étiole pas.23

De fait, même dans une ville aussi naturellement "conservatrice" que Tlemcen, le rapport à l’Autre (et à son « étrangeté ») s’est sans doute très vite posé. Longtemps "tiraillée" idéologiquement entre Occident et Orient, lourdement marquée par son origine berbère mais aussi par la présence à ses portes de tribus arabes d’origine hilalienne souvent agressives, impliquée de manière durable dans un réseau de relations économiques importantes entre l’Afrique sub-saharienne et le Maghreb, et au-delà vers al-Andalûs et l’Europe, la ville conserve les traces de ces tropismes historiques et des différents épisodes de domination. A cet égard, on ne saurait oublier l’occupation turque de Tlemcen qui débute à partir du 16ème siècle et dont les implications socio-culturelles continuent encore parfois à se manifester de façon tout à fait inattendue. A titre d’illustration, on retrouve des échos évidents de la rivalité entre citadins autochtones d’origine arabo-berbère (Hadars) et descendants de métis arabo-berbéro-turcs (Kouloughlis) dans ce hawfî :

Tlemcen ô cité altière ! Que ton séjour est doux !
On y trouve les filles de Hadars et les filles de Kouloughlis
On y trouve de belles filles qui flamboient comme du cristal
Aux yeux noircis au khôl, aux cils accentués par le harqûs.24

Autre exemple significatif :

Hanîf, ô Hanîf, ô toi dont l’aspect m’est si cher !
Ta chambre (haute), ô Hanîf, est plus élevée que le Méchouar
Allongé, ta pose est celle d’un bey à la tête d’une armée
Vert, ton burnous, ô Hanîf, est comme la coiffe des nobles.25

On aura relevé au passage la référence au titre de bey, désignant, durant l’occupation turque, un haut dignitaire, sorte de "préfet de l'Empire" dans les provinces éloignées et vassal du Dey d’Alger - lui-même vassal du Sultan de Constantinople. Il est également question ici du Méchouar, un palais fortifié dont l’édification, dans la partie la plus ancienne de la ville haute, débuta en 1145 et se poursuivit au 13ème siècle sous le règne du souverain Yaghmoracen. Ce fut la résidence officielle des princes ziyânides. C'était là que les rois de Tlemcen tenaient conseil avec leurs ministres.26

C’est également après la prise, en 1837, de ce même Méchouar, défendu avec acharnement par la garnison kouloughli, que l’émir Abdelkader composa un poème en hommage à la capitale enfin libérée :

Tlemcen vous tend les bras pour donner un baiser, réponds à l’appel /de sa voix
Elle a pour toi soulevé son voile, entre, que sa fraîcheur soit à ton /cœur une douce rosée.
Vois ses joues, telles qu’un parterre aux fleurs épanouies et tu /l’aimeras entre toutes
Longtemps elle défendit les perfections de sa beauté contre les /audacieux, et c’est
Pourquoi, je le jure, ils devinrent ses ennemis.
Que de soupirants convoitèrent la beauté que tu contemples, et, furent /repoussés par le glaive et les flèches de son regard !
Ils aspiraient à baiser les grains de sa joue, mais elle s’éloigna et ses /tentes disparurent à l’horizon.
Que de prétendants, d’un rang trop inégal pour être agréés, n’ont /même pas vu le bord de son manteau !
Un autre cherchait à la tromper, à la séduire, mais elle se déroba et /rompit avec lui, fuyant ainsi la honte et le déshonneur !


Tlemcen, "ville d’art et d’histoire", selon la formule consacrée, ville-femme, ville-fleur, ville-mémoire d’une certaine Algérie dont on peut parfois regretter qu’elle se perde trop souvent de vue à travers tant de miroirs déformants …Après cette traversée – bien trop rapide et sommaire – d’une tradition culturelle multiséculaire, comment conclure ? Comment achever cette modeste incursion à travers un paysage poétique à la fois si ancien et si riche ? Peut-être tout simplement en partageant la perplexité souriante du grand poète tlemcénien Mohammed Dib alors qu’il achève son essai sur Tlemcen ou les lieux de l’écriture :

Ce par quoi j’aurais dû conclure – ou commencer ? – les espèces de visions, d’échos dont remue et résonne toute ma mémoire, c’eût été de dévoiler le visage de cette ville dont à chaque coin de phrase il est question ; c’eût été de faire apparaître, comparaître, lui, et ce qu’il y a derrière lui, un visage dans l’évidence de sa plénitude et, mieux encore, dans sa complexité sous-jacente. (…) Cette description restera toujours à faire.27


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1. Mohammed Dib, Tlemcen ou les lieux de l’écriture. Paris, éditions Revue Noire, 1994, p. 43.

2. Peut-être pourrait-on reprendre ici la définition proposée par le microbiologiste et écologiste américain René Dubos (1901-1980) dans une conférence à l’université de Californie, Berkeley le 26 février 1970 : « (…) le mot génie, dans notre contexte, n'implique nullement un jugement de valeur ou une quelconque notion de supériorité. Il se réfère simplement à l'ensemble des attributs qui donnent son caractère singulier à un lieu et lui permettent d'évoluer d'une façon telle que, tout en en se modifiant, il conserve son entière singularité. » ("Le Génie du Lieu", L’Encyclopédie de l’Agora, http://agora.qc.ca/encyclopedie.nfs)

3. Cf. par exemple le Bûstan fî dhîkr ’awliyâ’ wa l-’ulamâ’ bi tilimsân du savant Ibn Meriem (traduit par l’orientaliste Provenzali sous le titre Le Jardin des saints et savants de Tlemcen) rédigé au début du dix septième siècle.

4. Ayant vécu entre le 15ème et 16ème siècle, ses dits sentencieux sont passés à la postérité.

5. Cf. René Basset, "Les Dictons satiriques attribués à Sidi Ahmed Ben Yousof". Paris, Imprimerie Nationale, 1890.

6. Référence au titre du livre de Ibn Meriem cité plus haut.

7. Cf. Jacques Berque, L’Intérieur du Maghreb. XVe – XIXe siècle. Paris, Gallimard, 1978.

8. Georges Marçais, Tlemcen. Paris, éditions H. Laurens "Les villes d’art célèbres", 1950, pp. 94-95

9. Cité par Alfred Bel, Histoire des Beni 'Abd el-Wad : rois de Tlemcen jusqu'au règne d'Abou H'Ammou Mousa II, par Abou Zakarya Yah'ia Ibn Khaldoun. Alger, Imprimerie Orientale, Pierre Fontana, 1903-1911

10. Littéralement « l’esprit de l’étranger » mais aussi « l’esprit étrange » …

11. Cf. W. Marçais, Le Dialecte arabe parlé à Tlemcen. Paris, Leroux, 1902, p. 209

12. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb. Alger, OPU, 1990

13. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb, op. cit.

14. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb, op. cit.

15. Sidi Bou Mediène, Diwân. Damas, édition Chawâr, 1938, in Emile Dermenghem, Vie des
saints musulmans. Paris, Sindbad, 1981, pp. 258-259.

16. Etymologiquement, « le fort, la citadelle ». De nos jours, il s’agit d’un quartier sur les hauteurs de Tlemcen.

17. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb, op. cit.

18. Il vécut au 18ème siècle «entre la persécution inlassable du pouvoir turc et l’extase douloureuse d’une amante interdite à tout jamais» (Mohamed Souheil Dib, in Nadir Marouf et Mohamed Souheil Dib, Anthologie du chant hawzi et ’arûbi. Paris, éditions El-Ouns, 2003, p. 184)

19. Traduction Mohamed Souheil Dib, in Nadir Marouf et Mohamed Souheil Dib, Anthologie du chant hawzi et ’arûbi, op. cit., pp. 72-73.

20. Cf. le chapitre sur "Le Four banal" in Mohammed Dib, Tlemcen ou les lieux de l’écriture. Paris, éditions Revue Noire, 1994, pp. 77-78

21. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb, op. cit.

22. Littéralement "le grand jardin" : lieu-dit dans le Hawz tlemcénien.

23. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb, op. cit. Ce hawfî figure dans le roman de Mohammed Dib, L’Incendie (1954).

24. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb, op. cit.

25. Cf. M. Yelles-Chaouche, Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb, op. cit.

26. D'où l'appellation de Méchouar ("consultation", "conseil'").

27. Mohammed Dib, Tlemcen ou les lieux de l’écriture, op. cit., p. 125.

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MOURAD YELLES


Mourad Yelles est né à Sidi-Bel-Abbès (Algérie) le 1er janvier 1951. Après des études secondaires dans sa ville natale et des études de lettres à l'Université d’Alger, il se spécialise dans la recherche sur la tradition orale maghrébine et s’inscrit à l’Université Paris III où il soutient, en 1978, une thèse de 3ème cycle sur un genre poétique féminin traditionnel : le Hawfi tlemcénien.
De retour à Alger au début des années 1980, il rejoint le Département de français de l’Institut des Langues Etrangères de l’Université d'Alger où il enseigne jusqu’en 1994.
A partir de cette date, il quitte l’Algérie et occupe diverses fonctions pédagogiques et scientifiques au sein des universités Paris VIII et Paris III.
Il est actuellement Maître de conférences à l’INALCO.
Spécialiste des littératures maghrébines (en arabe maghrébin et d’expression française) mais également intéressés par les productions littéraires francophones d’Amérique (Antilles, Canada), il a publié plusieurs ouvrages et de nombreuses études en littérature comparée et en anthropologie culturelle :

- Le Hawfi. Poésie féminine et tradition orale au Maghreb (Alger, OPU, 1990)
- Les Miroirs de Janus. Littératures orales et écritures postcoloniales (Alger, OPU, 2002)
- (ss la dir.) Habib Tengour ou l’ancre et la vague. Traverses et détours du texte maghrébin (Paris, Karthala, 2003)



- Les Fantômes de l’identité. Histoire culturelle et mémoires algériennes (Alger, éditions ANEP, 2004)
- Cultures et métissages en Algérie. La racine et la trace (Paris, L’Harmattan, 2005).



Parallèlement à ses activités de recherche, il poursuit un projet d’écriture qui a déjà donné lieu à quelques publications dans des revues (Algérie Littérature/Actions, Phréatique, Le Jardin d’essai, Estuaires, Poésie) ou dans des recueils collectifs (Pour Nedjma, Femmes de Timimoun, La Cendre des mots, Nouvelles d’Algérie).
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Par Mourad Yelles, Maître de conférence à l’INALCO - Paris
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