Algérie - Arabo-musulmans

Tlemcen : la cité-patrimoine à sauvegarder, La Tachfinya à reconstruire impérativement



Partout, la ville est l’espace privilégié fixant et exprimant à merveille l’âme et la personnalité de ses bâtisseurs à travers aussi bien l’architecture que les valeurs et aspirations des citadins, soit par excellence le patrimoine matériel et immatériel, a fortiori quand il est question d’une ville bi-millénaire ayant résisté inlassablement et vaillamment à de multiples assauts, de surcroît d’une colonisation de peuplement dont la raison d’être a été la négation de l’autre, au demeurant en se soldant rapidement et dès l’investissement de la ville par les forces d’occupation par des destructions massives, de surcroît ayant ciblé la démolition de l’un de ses chefs-d’œuvre.
N’en a-t-il pas été ainsi de ce rarissime joyau d’art de l’Occident musulman: la mosquée-université de la Tachfinya, qui s’élevait majestueusement entre les trois célèbres monuments du centre urbain historique, la Grande Mosquée almoravide, l’Oratoire royal de Sidi Belhassène et le Méchouar, le centre gouvernemental des Zyanides par excellence ? Plus que partout ailleurs, la pérennité s’est exprimée, très tôt, par l’ancrage de solides traditions citadines à l’origine d’un riche patrimoine tant architectural qu’immatériel, de loin le plus représentatif de l’art arabo-musulman de l’Algérie médiévale, au surplus un patrimoine densément représenté par les monuments édifiés par les trois principales dynasties maghrébines, almoravide, almohade et mérinide, les trois dynasties ayant précédé la dynastie fondatrice du Maghreb central: les Ziyanides, les bâtisseurs de l’Algérie pré-moderne (ottomane).
Des monuments structurant à la fois le centre de la vielle ville (Agadir, Tagrart) mais polarisant aussi les deux banlieues proches d’El-Eubbad (Sidi Boumediène) et Sidi Halwoui, deux pôles spirituels rappelant à jamais le legs andalou en sanctifiant ainsi l’ensemble.
Comme partout ailleurs, dans les célèbres villes historiques et capitales permanentes, la centralité a été matérialisée par les monuments les plus prestigieux, dont le joyau de tout l’Occident musulman: la Tachfinya, le monument ciblé par le système colonial et qui a été totalement détruit en I873, sous le fallacieux prétexte d’aménagement d’une place publique, effaçant ainsi totalement de cet espace hautement symbolique la mémoire de tant de générations. D’autant qu’à l’heure actuelle, plus aucune trace ne le rappelle aux passants.
Incontestablement, un traumatisme ayant affecté durablement des générations entières, des générations amnésiques ne parvenant pas à se réconcilier avec leur ville historique, des citadins ne parvenant plus à réagir à temps aux atteintes et agressions perpétrées contre le legs des générations antérieures. En fait, de l’Algérie historique !
Assurément, à la veille du lancement imminent des travaux concernant la Grande Mosquée d’Alger, la Tachfinya émergera au coeur même du Méchouar la symbolique de la souveraineté de l’Algérie historique. De l’Algérie éternelle.
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