Algérie - Evènements de musique, concerts et spectacles

Tlemcen L'hommage de «Sadek El Bedjaoui» aux chouyoukhs




Malgré un petit brouillard d?été qui a refroidi le Grand Bassin, le Festival national du Hawzi continue à drainer les familles de Tlemcen et même de l?Oranie qui ont apprécié cette «bouffée d?oxygène» dans un cadre merveilleux et surtout une organisation impeccable où rien n?a été oublié : gratuité du spectacle, espace pour accueillir des milliers de mélomanes ravis d?avoir des soirées musicales en ce début d?été. La quatrième journée le menu était appréciable avec l?école Nedromie : Djamiat Assalam (à ne pas confondre avec El Mouwahidia, de Cheikh Ghaffour) qui a interprété quelques Khlassat tel que Fnit Wach Mayasabbarni (je meurs, qui peut me faire patienter...) et surtout la quassida célèbre Zine El Fassi qui nous permet de faire une promenade du côté de Djenane Sbil de Fez (Maroc). Nedromah a couvé des poètes de renoms tels que Kaddour Ben Achour, Mohamed Remaoun qui ont laissé des poésies superbes dont celle Yawalfi Meriem vient le tour de l?association de feu Sadek El Bedjaoui de Bougie qui a offert un cadeau poétique de feu Sadek Bedjaoui aux chouyoukhs de Tlemcen, en particulier à feu Cheikh Omar Bekhchi dont il reconnaît les mérites du Maître incontesté qui l?a formé comme il a couvé Cheikh Abdelkrim Dali. Par devoir de mémoire, je me rappelle de la prestation merveilleuse de feu Sadek El Bedjaoui dans ce même endroit qu?est le jardin public au-dessus du Grand Bassin, c?était en 1976, ce grand Cheikh m?avait confié qu?il ne peut pas oublier que refusant de faire son service militaire avec l?armée française lors de la première guerre mondiale (1914-1918) il fut adopté par Tlemcen où il a reçu tout le legs andalou et Sanaâ de Cheikh Larbi Bensari, Omar Bekhchi, Abdelkrim Dali. Dont acte ce fut émouvant d?entre sa formation transmettre cette poésie écrite par ce monument de la musique andalouse à qui de droit. Ahbab Sadek El Bedjaoui véritable conservatoire institué par le défunt Hadj Sadek en 1963 ont interprété magnifiquement 2 quassidas : Ya Mouslimin Kalbi Al Youm Zad Hbal du poète Bensahla (Oh musulmans mon coeur aujourd?hui est devenu fou) et Lach Ta?mal Al Hila de feu Sadek El Bedjaoui (ne fais pas le malin). Cette belle soirée de vendredi fut clôturée par l?ensemble Gharnata de Tlemcen fondé en avril 1964 par feu Mohamed Bouali, feu Khaïreddine Ben Aboura sous la bienveillance de deux grands pédagogues feu Djelloul Benkalfat (vice-président), feu Benosman Ahmed (vice-président), véritable école de musique intervenant sur trois paliers (élémentaire, moyen et supérieur), l?orchestre mené de main de maître par le Docteur Sekkal Abderrahim a charmé l?assistance avec une Touchia (prélude) Sika, un Istikhbar puis deux Hawzi du terroir Salouni Ya Ahl El Hawa et Nar Albin Gdat. Ces trois formations ont réchauffé l?atmosphère «glaciale» due à une brume légère qui s?abattait sur le Grand Bassin. La cinquième journée samedi 30 juin le professeur Abdeldjalil El-Imam a fait une conférence à la maison de la Culture Abdelkader Alloula où il offre une alternative maghrébine à la gestion politique des langues. Retrouvant la fameuse «diglossie arabe» l?auteur se risque à interroger les fondements anthropologiques et historiques des langues natives locales d?une part et la langue arabe (classique) d?autre part. Son livre le Maghribi Alias «Ed-daridja» est-il la langue consensuelle du maghreb ? Sujet bien choisi par les organisateurs car il correspond bien au duel entre la musique classique andalouse où les Mouwachahat sont en langue arabe littéraire et le Hawzi ou Aroubi qui utilise la langue arabe dialectale ou maternelle. Sujet d?actualité pour nos pédagogues qui font réciter des textes à leurs apprenants sans qu?ils comprennent leur sens et leurs pensées. Ne dit-on pas «Apprendre sans comprendre c?est chasser sans prendre!». Si les gens simples aiment le Hawzi, le Aroubi, le Gherbi c?est parce que tout d?abord ils comprennent les mots et leur sens profond voire leurs messages. En soirée, trois écoles ont meublé le programme : l?Algéroise, la Constantinoise et la Tlemcenienne, c?est le reflet identique des trois madaris andalouses. L?association Richa de Bouzareah (école d?Alger) a chanté deux Hawzi : Sabani Zorg El Djenhane (je me suis épris d?une «colombe» aux ailes bleues et Lariam (les gazelles), les Balabil (Rossignols) El Andalous de Cirta (école du Malouf) ont interprété dans leur style Rustique et Sobre où la flûte à défaut de ghaïta tient le rôle de modulateur deux Haouzi : Kalbi Bilhoub Sar Mefni (mon coeur meurt à cause de l?amour) et Aït Ma Demmam (je me fatigue à me pourfendre). Riad El Andalous mené par le magicien du violon Ahmed Malti clôtura cette soirée magnifique en exécutant un morceau de Aroubi très apprécié par les mélomanes Bkit Mahmoum (je suis resté triste et malheureux) Win Ana ? Win Hiya ? Win Rani ? Dawha Wa Rahou ! Où suis-je ? Où est-elle ? Que dois-je faire ? (ils l?ont prise la bien aimée) ils sont partis (très loin) ! Ainsi le Festival national du Hawzi tire à sa fin, la 6ème journée a eu lieu hier avec l?ensemble de Tizi-Ouzou, une première à Tlemcen, Arrachidia de Mascara une autre surprise agréable avec des voix d?or et El Kortobia du Cheikh Salah Boukli autre école de l?Ecole Cordouane. La dernière journée (7ème soirée) les mélomanes écouteront l?association Ziride de Miliana, El-Fen Wa Nachat (Mostaganem) où planera l?ombre du grand chanteur Mazouz Bouadjadj qui aurait dû être invité d?honneur à ce Festival... Et enfin, Laslam de Tlemcen au parcours sensationnel détentrice de la médaille d?or du 1er Festival national de musique andalouse (Alger 1967). Ce Festival national du Hawzi mérite d?être aidé, encouragé car il y va de notre mémoire ancestrale léguée par les poètes Mendassi (1583-1677), Ahmed Bentriqui (1650 - décédé 1750 environ), Ibn Msaïb (1770-1776 environ) Bensahla (18ème siècle) père et fils.
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