Algérie - 07- Occupation Française

Tlemcen, Hommage à Messali Hadj


Il est loin le temps où, pour commémorer la date de sa mort, le 3 juin 1975, Tlemcen était envahie par des hommes, grands et forts, à la djellaba et au burnous marrons surmontés d’un m’dal. Ils venaient de partout, des fins fonds de la région.

 Ce samedi, au cimetière Sidi Senouci, une poignée de militants du PPA sont venus rendre un hommage, peut-être le dernier, à celui qui fut incontestablement la figure de proue du nationalisme algérien.

 Mais ils étaient surtout venus pour reconstruire l’Histoire, par bribes, par des témoignages certainement poignants d’une période inconnue des jeunes générations montantes, contre l’oubli de pans entiers de l’histoire nationale.

 C’est M. Hamzaoui Mohamed, né le 15 mai 1924, qui parlera de ce «mai 1945», où 25 militants du PPA se feront arrêter par les forces coloniales et incarcérer à la prison d’Oran avec 9 autres de leurs compatriotes de Saïda, tous condamnés à mort, dont un jeune de 22 ans, quatre d’Oran et une trentaine de Mostaganem, après qu’ils eurent manifesté pour la libération de Messali Hadj, en exil à l’époque à Brazzaville, et du bureau politique exilé au sud du pays. «C’est la cellule de Saïda qui avait commencé ses opérations en incendiant la mairie et en sciant des poteaux électriques. D’où notre arrestation dans toute la région. En prison, nous avons refusé de servir sous les drapeaux français, c’est ce qui nous a valu un régime spécial dans le dénuement total. Notre personnalité était plus affermie autour des principes messalistes quand, lors de l’appel, nous entonnions l’hymne national».

 Il ne reste plus que 3 survivants, dira-t-il, de ces geôles de la torture, de la faim, de souffrances terribles: Mechri Bensalem, Benmansour Lakhdar et Tchouar Hassane. Tous les anciens détenus politiques, présents au cimetière, avaient encore en mémoire les kilomètres de mur portant les inscriptions «Libérez Messali. Pour une Algérie libre».

 Hamzaoui Mohamed, militant de la première heure au PPA, expliquera comment était organisée la cellule PPA de Tlemcen, avec les finances, les renseignements et la «main noire» pour préparer la Révolution, «mais une révolution spécifiquement algérienne, avec une mentalité d’Algérien», et surtout l’élimination directe des collaborateurs avec l’armée coloniale, dans les hautes sphères. Et tous, dans le recueillement, chacun y allant de sa petite histoire, de quelques recoupements qui, s’ils étaient recueillis, feraient l’Histoire, «la vraie», comme ils disent, au lieu de morceaux épars dans quelques livres scolaires.

 Mais ils étaient tous unanimes pour dire que l’élite algérienne, les intellectuels doivent réactiver le fond de notre mémoire, la mémoire des derniers militants du PPA. L’hommage au père du nationalisme se terminera dans quelques prières, au milieu d’une dizaine de personnes tout au plus.


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