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Tighilt, ou la géographie qui explique l'histoire




Comme son nom l'indique, Tighilt, qui veut dire en berbère «butte», est un village niché au fin fond du massif montagneux des Bibans, dans la commune de Theniet Ennasr, au nord de Bordj Bou Arréridj.Ce qui a fait de lui un fief pour les moudjahidine pendant la Guerre de Libération et un quartier général pour le commandement de la Wilaya III historique.
Le village a été rasé par les bombardements de l'aviation coloniale, les habitants volés, malmenés avant d'être déplacés, en signe de représailles pour leur soutien à la Révolution. Un village qui aurait pu être un musée à ciel ouvert.
Pourtant, il n'en est rien pour ce lieu de mémoire chargé d'histoire qui a payé un lourd tribut. Même pas une route correctement revêtue pour le relier au chef-lieu de commune, distante de 40 km, et désenclaver sa population, longuement marginalisée et privée de projets de développement.
La route menant à Tighilt et faisant jonction entre la RN106, reliant Bordj Bou Arréridj à Béjaïa, et la RN5, vers Alger, à hauteur de la station thermale des Bibans, sur 30 km, est dans un état de délabrement tel que les usagers l'ont abandonnée.
Au point où il est rare de croiser un ou deux véhicules sur cette distance, en dépit des paysages idylliques qui défilent et s'offrent au visiteur.
Heureusement, la Journée du chahid a été organisée officiellement à Tighilt. Peut-être une occasion pour les responsables de constater de visu l'état de dégradation de la seule voie de communication. Les veuves de chouhada et leurs enfants ont été, en effet, honorés par le nouveau wali.
Des habitations éparses de Tighilt ont, enfin, été reliées au réseau d'électricité et des travaux de raccordement du village limitrophe Ath Rached en gaz sont à pied d'?uvre. Pour cette journée, Moussa Goudia, fils de chahid, d'Ighzar Maâmmar, s'est livré à El Watan et a dévoilé tous ses souvenirs d'enfant.
«Je m'en rappelle comme si c'était hier. C'était le 9 mai 1956, lorsqu'un bataillon de l'armée coloniale a débarqué dans le village pour encercler notre maison, en apprenant que mon père, que Dieu ait son âme, était avec nous.
Je n'ai rien oublié de cette journée maudite où j'ai perdu mon père, ma mère enceinte, ma s?ur et mon frère, tous tués sous mes yeux.
De mémoire de gamin, je me souviens du blindé positionné face à notre porte et des escadrons d'avions jaunes qui survolaient la région, inaccessible, pour bombarder sans relâche les villages avoisinants.
Indélébiles ont été les images et les silhouettes des héros de la Wilaya III, tels que Amirouche, Bariki et particulièrement Abderrahmane Mira qui m'offrait des friandises à chaque visite qu'il effectuait chez nous. Aujourd'hui, 58 ans après l'indépendance, nous sommes, hélas, à l'état statique avec les promesses non tenues.
On espère que les nouveaux responsables prêteront plus d'attention aux générations futures», conclut-il avec amertume.
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